Dimanche 12 février dernier, l’agence SPA a indiqué que l’astronaute saoudienne Rayana Barnawi allait intégrer la Station spatiale internationale au cours du deuxième trimestre de cette année. C’est la première femme du pays à rejoindre l’espace. Elle décollera avec l’astronaute Ali Al-Qarni, dans le cadre de la mission Axiom Space – 2 (AX -2).
Pour rappel, l’Arabie saoudite avait déjà envoyé un astronaute dans l’espace en 1985 lors de la mission Discovery de la NASA. Il s’agissait du prince Sultan ben Salmane, deuxième fils du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud.
L’envoi de Rayana Barnawi et Ali Al-Qarni sera organisé depuis les États-Unis (centre spatial Kennedy, Floride), dans l’objectif notamment de « bénéficier des opportunités prometteuses offertes par le secteur spatial et ses industries à l’échelle mondiale », déclare SPA.
La participation de l’Arabie saoudite au projet s’inscrit dans le plan Vision 2030 du royaume, vaste programme porteur de réformes économiques et sociales, notamment concernant les droits des femmes à s’autonomiser en accédant à des postes dans les secteurs de la défense et de la sécurité.
Les Saoudiennes peuvent par exemple aujourd’hui rejoindre l’armée, la défense aérienne royale, la marine, les forces royales de missiles stratégiques ou les services médicaux des formes armées, avec des grades allant du soldat au sergent. Depuis 2019, les femmes peuvent aussi faire partie de la sécurité publique du royaume, au sein de la Direction générale des prisons, de la preuve criminelle et des douanes ou encore de la Direction générale des stupéfiants.
Si elle va aider l’Arabie saoudite à renforcer ses capacités dans les vols spatiaux habités, la mission AX-2 vise également à « contribuer à la recherche scientifique qui sert les intérêts des humains dans des domaines essentiels tels que la santé, la durabilité et la technologie spatiale », selon SPA.
Le royaume n’a pas sélectionné Rayana Barnawi et Ali Al-Qarni par hasard. Diplômée en sciences biomédicales, l’astronaute saoudienne a plus de 9 ans d’expérience dans la recherche sur les cellules souches cancéreuses. Un bagage qui lui permettra de mener diverses expérimentations pendant sa mission à bord de l’ISS.
Titulaire d’un baccalauréat en sciences aéronautiques, Ali Al-Qarni est quant à lui capitaine dans l’armée de l’aire saoudienne et cumule 2 783 heures de vol, principalement aux commandes du chasseur F-15SA. Ces 12 ans d’expérience sur les avions de combat et sa capacité à assumer ses responsabilités ont convaincu les autorités de le choisir.
En plus de Rayana Barnawi et Ali Al-Qarni, les astronautes Ali Al-Gamdi et Mariam Fardous seront aussi formés à cette mission, dont la participation du royaume s’inscrit dans le programme des vols spatiaux de la Commission spatiale saoudienne.
Ce programme est cogéré par le ministère de la Défense, le ministère des Sports, l’Autorité générale de l’aviation civile et le King Faisal Specialist Hospital and Research Center. À ces acteurs s’ajoutent des partenaires internationaux comme Axiom Space, le poids lourd américain de l’astronautique et du vol spatial, dont la mission spatiale porte le nom.
Le président de la commission spatiale et ministre saoudien de la Communication et des Technologies de l’information Abdullah Al-Swaha a tenu à préciser, comme le rapporte le média Alarabiya news, que les dirigeants du royaume soutiennent activement ce programme.
Le ministre ajoute que l’Arabie saoudite souhaite rehausser ses capacités à mener de façon indépendante ses propres recherches et à « accroître l’intérêt des diplômés pour les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, et à développer le capital humain en attirant des talents et les compétences nécessaires ».
Selon le PDG de la Commission spatiale saoudienne Mohammed ben Saoud Al-Tamimi, se lancer dans les vols spatiaux habités illustre la « supériorité et la compétitivité mondiale des pays dans de nombreux domaines tels que la technologie, l’ingénierie, la recherche et l’innovation ».
En renforçant constamment ses capacités dans le spatial, l’Arabie saoudite souhaite rapidement devenir assez crédible pour nouer des partenariats avec des entreprises phares du secteur, comme les groupes français Dassault, Thales Alenia Space (TAS), Airbus Space Systems et Safran, mais également avec l’Agence spatiale européenne. Alors que l’Arabie saoudite a déjà engagé plusieurs partenariats avec la Chine dans le domaine spatial, les acteurs français et européens devraient également saisir les nouvelles opportunités industrielles et commerciales ouvertes par les projets saoudiens.
Et Mohammed ben Saoud Al-Tamimi de conclure en expliquant que cette mission spatiale est également historique dans la mesure où elle fera du royaume « l’un des rares pays au monde à amener simultanément deux astronautes de même nationalité à bord de la Station spatiale internationale ».