Le Président Macron ou la perte de la vertu politique 

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Réflexions philosophique sur notre actualité | journaldeleconomie.fr

Il y a, dans la politique française contemporaine, une lassitude morale. Non pas seulement celle du peuple, fatigué de promesses trahies, mais celle d’un pouvoir qui ne croit plus en rien, sinon à sa propre survie. Emmanuel Macron, qui se voulait l’homme de la verticalité, semble désormais prisonnier d’un jeu d’équilibres et de renoncements. Deux décisions récentes symbolisent cette dérive : le reniement de la réforme des retraites et la préparation de la “taxe Zucman”. L’une trahit le courage, l’autre trahit la raison ; toutes deux révèlent une même perte d’éthique. L’éthique, disait Aristote, c’est la recherche du juste milieu. Entre le cynisme et l’idéalisme, entre la lâcheté et la témérité, il existe une voie de la prudence et de la constance. C’est précisément cette voie que la politique française semble avoir désertée.

Le reniement de la réforme des retraites : l’oubli du devoir

La réforme des retraites n’était pas populaire, mais elle était nécessaire. Elle visait à maintenir un système menacé d’effondrement. Renoncer à l’appliquer pour ménager quelques soutiens parlementaires, c’est confondre la politique et le théâtre. Gouverner, disait De Gaulle, c’est choisir. Ce pouvoir, lui, s’est réfugié dans le refus de choisir, préférant la posture à la responsabilité. Ce pouvoir est prêt à se compromettre au-delà de ses propres convictions, de renier ses propres actions, de disqualifier ses alliés pour se maintenir au pouvoir.  Ce reniement n’est pas qu’une erreur économique ; c’est une faute morale. On ne peut prétendre servir le pays tout en cédant à la pression du moment. Montesquieu rappelait que « la vertu est le principe de la République ». Si la République renonce à la vertu, au sens de la fidélité à l’intérêt général, il ne reste plus qu’une mécanique d’ambitions personnelles et de calculs tactiques. 

La “taxe Zucman” : la déraison économique, l’injustice morale

La “taxe Zucman” revisitée par le gouvernement Lecornu, telle que révélée par Les Échos, vise à imposer à 2 % les actifs non professionnels détenus par les sociétés à l’impôt sur les sociétés : holdings familiales, foncières, structures d’investissement. On prétend lutter contre l’optimisation ; on s’apprête, en réalité, à punir l’investissement, à punir la réussite des entrepreneurs. Taxer le capital détenu, c’est méconnaître la nature même de la richesse. C’est confondre la rente et le risque, l’oisiveté et le travail. La plupart de ces patrimoines qui vont être taxé sont le résultat de prise de risque et d’un investissement personnel hors du commun. Les deux conjugués sont bénéfiques à la collectivité au travers de la création d evaleur, d’emplois, d’impôts payés, de sous-traitants, payés, etc. Tocqueville écrivait que la démocratie ne survit que si elle sait concilier l’égalité et la liberté ; nous voici dans un pays où l’on sacrifie la seconde au nom d’une caricature de la première.

De surcroit, cette taxe qui ne dit pas son nom veut taxer les participations inférieures à 5 %. On frappe de plein fouet ceux qui soutiennent les entreprises, ceux qui investissent dans l’économie réelle. C’est plutôt l’inverse qu’il faudrait faire en incitant à investir dans l’économie productive. Cette posture est une faute intellectuelle et morale. Car ce n’est pas l’argent dormant qu’on vise, mais celui qui agit, qui crée de la valeur, qui finance la recherche et l’emploi. Ce n’est pas la spéculation qu’on freine, mais l’investissement qu’on décourage avec les conséquences positives en termes d’emplois et de fiscalité. Le résultat est double : d’un côté, une économie découragée ; de l’autre, une morale publique discréditée. Quand l’État se fait prédateur plutôt que garant, il détruit la confiance qui le fonde.

La fin de la vertu politique

Nous assistons moins à une crise de gouvernance qu’à une crise de vertu. Non pas la vertu moralisatrice, mais celle qui relie l’action à la vérité. Machiavel, qu’on cite souvent à tort, ne glorifiait pas le cynisme ; il rappelait seulement que le prince devait être efficace. Or l’efficacité sans justice n’est qu’un pouvoir sans âme. Ce qui frappe aujourd’hui, c’est la disparition de la droiture dans la décision publique. Le pouvoir ne cherche plus ce qui est juste, mais ce qui est possible pour s’y maintenir ; il ne défend plus le long terme, mais le lendemain. Gouverner est devenu une manière d’éviter les élections plutôt que de préparer l’avenir. Ce renoncement n’est pas anodin : il mine la démocratie. Car quand la politique cesse d’être morale, elle cesse d’être crédible. Les citoyens le savent ; ils n’attendent pas des dirigeants qu’ils soient parfaits, mais qu’ils soient sincères, cohérents, constants. Il n’est pas besoin d’être saint pour être digne ; il suffit de ne pas mentir à ce qu’on prétend servir. 

La grandeur du pouvoir ne réside pas dans la conquête ou dans la ruse politicienne pour se maintenir, mais dans la fidélité au réel. En cédant à la tentation de l’amoralité, Emmanuel Macron n’a pas seulement fragilisé son image : il a affaibli la confiance dans l’État, la République et France. 

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