Après une année marquée par des tensions sociales modérées, les entreprises françaises envisagent 2025 avec prudence sur le plan salarial. Une enquête réalisée par le cabinet Alixio dévoile des perspectives de hausses limitées et des ajustements budgétaires importants.
Des hausses salariales en net ralentissement
Selon l’enquête menée par Alixio auprès de 120 directeurs des ressources humaines et responsables de rémunération, les budgets d’augmentations salariales pour 2025 devraient subir une nette réduction, révèlent Les Échos. Alors que la hausse moyenne atteignait 4,9 % en 2023 et 3,5 % en 2024, elle est estimée à seulement 2,47 % pour l’année prochaine. Tous les secteurs d’activité sont concernés, à l’exception notable de la pharmacie, qui prévoit une augmentation de 3,2 %, en tête du classement. À l’opposé, le commerce affiche les prévisions les plus basses, avec seulement 2,1 %.
Cette prudence s’explique par un contexte économique jugé incertain par 8 entreprises sur 10. « Les employeurs sont réalistes face aux contraintes actuelles, mais ils ne sombrent pas dans le catastrophisme », précise Rodolphe Delacroix, directeur associé chez Alixio. Parmi les principaux facteurs influençant ces décisions figurent la fin de la spirale inflationniste amorcée en septembre, l’incertitude politique après l’échec du vote sur le budget de la Sécurité sociale, et une conjoncture marquée par des difficultés de recrutement moins prononcées.
Un risque de tensions sociales accru
La modération des augmentations concerne particulièrement les cadres, pour lesquels les augmentations générales prévues chutent de 1,6 % à 0,2 %. Les non-cadres subissent également des ajustements, avec des hausses limitées à 1 %. Les augmentations individuelles suivent la même tendance, et les budgets de promotion diminuent drastiquement, reculant de 57 % pour les cadres et de 67 % pour les non-cadres.
Malgré cette situation, les attentes des salariés restent élevées, avec une perception persistante d’une inflation importante, en décalage avec la réalité économique. Cette divergence inquiète les employeurs : près de la moitié anticipent une dégradation du climat social en 2025. En 2024, seuls 15 % des employeurs avaient fait face à des mouvements sociaux liés aux salaires, mais les tensions pourraient s’intensifier à mesure que les salariés prennent conscience de ces ajustements.
Si le terme « austérité » est évité par les experts, un retour à des politiques salariales pré-inflation se profile. Ce recentrage, jugé nécessaire par les entreprises, pourrait néanmoins accentuer les fractures sociales, au risque d’alimenter des revendications plus fortes dans les mois à venir.