L’Ontario ouvre un nouveau front dans la guerre commerciale avec les États-Unis : l’énergie

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Droits de douane : Donald Trump accorde un sursis au Mexique et au Canada | journaldeleconomie.fr

Depuis le 10 mars 2025, une surtaxe de 25 % s’applique à l’électricité exportée par l’Ontario vers les États-Unis. Cette décision, prise par le gouvernement de Doug Ford, s’inscrit dans une escalade des tensions commerciales entre le Canada et son voisin américain. En réponse aux nouvelles barrières tarifaires imposées par Washington, la province canadienne choisit de frapper au cœur de la dépendance énergétique de plusieurs États américains.

Les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis s’enveniment

Les tensions commerciales entre les États-Unis et le Canada ne sont pas nouvelles, mais elles ont pris une tournure plus agressive depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le président américain a relancé sa politique protectionniste en instaurant des droits de douane sur divers produits canadiens, incluant certains secteurs stratégiques comme l’énergie. Face à cette pression, l’Ontario a opté pour une mesure de rétorsion immédiate, ciblant un secteur vital pour plusieurs régions américaines. La surtaxe imposée par la province s’applique directement aux exportations d’électricité vers le Michigan, le Minnesota et l’État de New York, des zones fortement dépendantes des importations d’énergie en provenance du Canada.

La mise en place de cette surtaxe s’est accompagnée d’un discours musclé de la part du gouvernement ontarien. L’objectif affiché est double : protester contre la politique commerciale américaine et générer des revenus supplémentaires pour la province. L’électricité exportée vers les États-Unis, désormais plus coûteuse, pourrait rapporter plusieurs centaines de milliers de dollars par jour aux finances ontariennes. Mais cette décision a aussi pour effet de rendre plus cher le coût de l’énergie pour les consommateurs américains, notamment les ménages et les industries qui dépendent de l’électricité importée.

L’impact de cette nouvelle taxe ne se limite pas aux trois États directement concernés. L’interconnexion des réseaux électriques nord-américains implique que toute augmentation de prix appliquée à un fournisseur a des répercussions sur l’ensemble du marché. L’électricité achetée par le Michigan, par exemple, peut être redistribuée à d’autres États, rendant cette surtaxe plus visible à l’échelle fédérale américaine.

Vers une escalade des représailles de part et d’autre de la frontière ?

Ce nouvel épisode de la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis met en lumière la fragilité des relations économiques entre les deux pays. Le commerce bilatéral repose sur des décennies d’interdépendance, et l’énergie en est un pilier essentiel. Le Canada est l’un des principaux fournisseurs d’électricité aux États-Unis, avec des contrats d’exportation de longue date. L’Ontario, en particulier, joue un rôle clé grâce à son réseau de production et de transmission bien intégré au marché américain. En perturbant cet équilibre, la province envoie un signal clair : elle ne restera pas passive face aux décisions protectionnistes de Washington.

Cette stratégie de confrontation adoptée par l’Ontario rappelle d’autres mesures similaires. En plus de la surtaxe sur l’électricité, le gouvernement de Doug Ford a multiplié les annonces hostiles aux intérêts économiques américains, allant jusqu’à restreindre l’accès des entreprises américaines aux marchés publics de la province. La Régie des alcools de l’Ontario a également cessé de commercialiser des produits en provenance des États-Unis, un choix qui pourrait coûter des millions de dollars aux producteurs américains.

D’autres provinces canadiennes suivent de près l’évolution du conflit et pourraient être tentées d’adopter des mesures similaires. Le Québec, par exemple, est également un exportateur majeur d’électricité vers les États-Unis, mais le gouvernement de François Legault a pour l’instant préféré temporiser. L’Alberta, de son côté, détient un levier économique puissant avec son pétrole, une ressource essentielle pour le marché américain. Si la province décidait d’imposer à son tour une taxe sur ses exportations d’énergie, les conséquences seraient bien plus lourdes pour les États-Unis.

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