Les relations commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis entrent dans une nouvelle phase de tensions. Donald Trump a annoncé depuis la Maison-Blanche son intention d’imposer une taxe de 25 % sur les exportations européennes vers l’Amérique. Une décision qui s’inscrit dans une politique protectionniste plus large et qui suscite déjà des réactions vives à Bruxelles.
Un nouvel épisode de tensions transatlantiques
Si la taxation n’est pour l’instant qu’une menace, elle marque un tournant dans la stratégie commerciale américaine. Alors que le candidat Trump avait initialement promis une hausse généralisée des droits de douane, notamment une augmentation de 60 % sur les importations chinoises et de 10 % sur les autres partenaires commerciaux, la réalité semble prendre une autre tournure. Pékin, souvent présenté comme l’adversaire économique de Washington, n’a finalement vu ses droits de douane augmenter que de 10 %, tandis que les alliés traditionnels des États-Unis, comme l’Union européenne, le Canada et le Mexique, sont les plus lourdement visés.
Cette annonce intervient dans un contexte déjà tendu, où l’administration Trump critique ouvertement l’excédent commercial européen vis-à-vis des États-Unis. Selon les chiffres officiels, celui-ci atteindrait 235 milliards de dollars en 2024, grâce notamment aux secteurs pharmaceutique, automobile et industriel. « L’Union européenne a été conçue pour emmerder les États-Unis », a déclaré Donald Trump, justifiant ainsi son offensive protectionniste. De son côté, la Commission européenne a rapidement réagi en assurant qu’elle répondrait « fermement et immédiatement » à toute nouvelle taxe douanière imposée par Washington.
Des négociations sous haute pression
L’entrée en vigueur de ces mesures reste incertaine, mais les Européens se préparent déjà à des négociations tendues. Maros Sefcovic, commissaire européen en charge des relations internationales, s’est rendu à Washington il y a quelques jours, tandis que le ministre français des Finances, Eric Lombard, a récemment rencontré son homologue américain Scott Bessent. Par ailleurs, Ursula von der Leyen et Christine Lagarde avaient déjà plaidé fin 2023 pour une intensification des achats européens de gaz naturel liquéfié et d’armements américains, dans l’espoir d’apaiser la pression exercée par Washington.
Toutefois, la stratégie européenne pourrait ne pas suffire à contenir les ambitions protectionnistes de Trump. Selon les économistes d’Oxford Economics, l’impact de ces nouvelles taxes serait particulièrement sévère pour le Danemark et l’Irlande, fortement exposés au secteur pharmaceutique, ainsi que pour l’Allemagne et la Slovaquie, dont l’industrie automobile dépend étroitement du marché américain. En parallèle, les États-Unis, qui exportent massivement des services numériques vers l’Europe, évitent soigneusement d’aborder ce volet des échanges.
Alors que le Canada et le Mexique ont récemment obtenu un report de l’application des nouvelles taxes au 2 avril, l’Union européenne devra mobiliser toute sa puissance diplomatique et économique pour éviter une escalade commerciale qui pourrait fragiliser ses industries clés. La bataille des droits de douane ne fait que commencer.