Suspension des droits de douane : une trêve précaire entre l’Europe et les USA

Cette suspension des droits de douane jusqu’au 9 juillet 2025 n’est toutefois en rien une solution pérenne. Elle ressemble davantage à un gel tactique.

Publié le
Lecture : 2 min
Donald Trump Reelection
Suspension des droits de douane : une trêve précaire entre l’Europe et les USA | journaldeleconomie.fr

Le 23 mai 2025, Donald Trump a surpris ses partenaires transatlantiques en annonçant, dans un style toujours frontal, une surtaxe douanière de 50 % sur toutes les importations en provenance de l’Union européenne, avec une entrée en vigueur dès le 1er juin. « Je ne cherche pas d’accord avec l’UE », a-t-il asséné à la presse depuis Bedminster, « mais je suis prêt à agir. Cinquante pour cent. C’est tout. »

Une réaction immédiate en Bourse : l’Europe s’inquiète

Le coup de semonce n’a pas tardé à ébranler les marchés. À la clôture du même jour, le CAC 40 perdait 2,7 %, Francfort chutait de 3,1 %, et Milan de 3,8 %. Les valeurs automobiles, industrielles et aéronautiques ont essuyé les plus lourdes pertes. De Renault à Airbus, les analystes anticipaient une hausse immédiate des coûts à l’importation et une pression à la baisse sur les marges.

Côté européen, les premières réactions furent glaciales. Maroš Šefčovič, commissaire au Commerce, a dénoncé « une menace injustifiée qui ne restera pas sans réponse ». Le lendemain, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a dénoncé une stratégie « qui met en péril des millions d’emplois » et a rappelé que les surtaxes sont « des taxes invisibles sur les consommateurs ».

Dès le 11 mars 2025, en réponse à des surtaxes ciblées sur l’acier (25 %), les automobiles (25 %) et divers produits industriels (20 %), l’Union européenne avait dévoilé un plan de contre-mesures calibré à hauteur de 26 milliards d’euros, soit l’équivalent exact des dommages commerciaux subis. Parallèlement, la menace européenne de saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) restait sur la table. Un projet de taxation de 95 milliards d’euros d’importations américaines avait été suspendu, mais conditionné à l’évolution des discussions.

L’appel décisif du 25 mai : un délai, pas un accord

Alors que l’implémentation des surtaxes semblait inéluctable, un simple échange téléphonique entre les deux dirigeants a suffi à suspendre l’application des nouvelles taxes. Ursula von der Leyen a proposé un délai au 9 juillet 2025 pour « laisser une chance à la négociation », selon ses propres mots. Donald Trump, contre toute attente, a accepté la demande : « Elle [von der Leyen] vient de m’appeler. J’ai accepté de déplacer la date du 1er juin au 9 juillet. Nous allons voir. » rapporte Le Monde.

La Commission s’est immédiatement félicitée d’un « bon appel », sans tomber dans l’euphorie. L’enjeu est majeur : dans un monde déjà fragilisé par les tensions logistiques, l’inflation persistante et la montée du protectionnisme, une guerre douanière ouverte entre les deux blocs les plus puissants du globe serait une erreur systémique.

Cette décision de surseoir aux mesures punitives jusqu’au 9 juillet évite une hausse généralisée des prix pour les consommateurs européens et américains, qui auraient été les premières victimes. L’électroménager, l’automobile, les biens technologiques, mais aussi certains produits agricoles et pharmaceutiques étaient directement concernés.

Cette suspension jusqu’au 9 juillet n’est toutefois en rien une solution pérenne. Elle ressemble davantage à un gel tactique, destiné à tester la capacité des deux parties à trouver un compromis. Le président Trump reste inflexible sur la balance commerciale américaine, qu’il évalue à 235 milliards de dollars de déficit avec l’UE sur les biens. Bruxelles rappelle quant à elle qu’une fois les services pris en compte, le déficit réel n’est que de 50 milliards d’euros.

Laisser un commentaire

Share to...