Alors que la Commission européenne propose des mesures renforcées contre le tabagisme passif, les 27 États membres affichent un soutien massif à l’idée, à l’exception notable de l’Allemagne et de la Grèce. Une opposition inattendue au Parlement européen fragilise toutefois cette ambition.
Consensus fragile entre les États membres
Les États membres de l’Union européenne ont exprimé leur volonté d’élargir les zones interdites au tabac, incluant désormais des espaces extérieurs comme les terrasses de cafés, les arrêts de bus et les abords des écoles. Cependant, cette proposition a été rejetée par le Parlement européen, révélant des divisions profondes sur la politique anti-tabac au sein de l’Union.
Mardi dernier, la Commission européenne a soumis une recommandation visant à étendre les zones sans tabac aux lieux extérieurs fréquentés par le public, comme les hôpitaux, les écoles, les arrêts de transports en commun et les terrasses de cafés. Cette initiative s’inscrit dans l’objectif de l’Union de réduire significativement le tabagisme, avec l’ambition d’une génération sans tabac d’ici 2040.
Si la proposition a été largement soutenue, deux pays se sont abstenus : l’Allemagne et la Grèce. Berlin a invoqué les compétences de ses régions (Länder), certaines s’opposant à des restrictions dans les espaces extérieurs, comme les terrasses. La Grèce, de son côté, a demandé des données scientifiques supplémentaires, notamment sur les effets des cigarettes électroniques, tout en mettant en garde contre des règles trop contraignantes.
La France, par la voix de la ministre Geneviève Darrieussecq, a fermement appuyé cette initiative, demandant une législation européenne plus large incluant les nouveaux produits comme le tabac chauffé et les cigarettes électroniques. Ces derniers, en plein essor parmi les jeunes, sont également dans le viseur de l’OMS, qui alerte sur leurs risques respiratoires et cardiovasculaires.
Le Parlement européen dit non à la résolution
Jeudi, un tournant inattendu s’est produit au Parlement européen : une résolution similaire a été rejetée par 378 voix contre 152. Une alliance improbable entre des élus souhaitant des règles encore plus strictes et d’autres opposés à toute interdiction a conduit à cet échec.
L’extrême droite a proposé des amendements différenciant les règles pour le tabac traditionnel et les cigarettes électroniques, une approche qui a suscité la colère des groupes de gauche. En signe de protestation, les sociaux-démocrates ont rejeté l’ensemble de la résolution.
L’eurodéputé français Laurent Castillo (PPE), également médecin, a défendu la nécessité de zones sans tabac pour protéger les populations vulnérables, tout en rappelant que les politiques anti-tabac restent une compétence nationale. Il a averti contre une perception d’ingérence européenne sur des pratiques locales, comme fumer sur les terrasses.
Malgré cet échec parlementaire, le soutien des États membres montre une avancée possible vers des politiques anti-tabac renforcées dans l’Union, laissant entrevoir un avenir où le tabac pourrait progressivement disparaître des espaces publics.