Carnet de Savanes, chapitre 2 – le processus électoral

En 2024 on peut décider de suivre la campagne américaine, sans être le seul à le faire, ou, option numéro 2, suivre la campagne présidentielle d’un pays, africain, le Ghana. Un président se retire, un vice-président se verrait bien être à sa place et un candidat dit de l’opposition croit en ses chances. Nous allons les suivre. Le Ghana c’est l’Afrique anglophone et du Commonwealth, une terra incognita pour nous alors même que stabilité politique, développement économique, richesses naturelles et minières, proximité de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Nigéria ou du Burkina Faso font de cette Afrique de l’Ouest une région pleine de potentiels pour nos entreprises.

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Carnet de Savanes, chapitre 2 – le processus électoral
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On a souvent tendance à voir l’Afrique comme un continent où les processus électoraux sont au choix truqués ou ignorés quand les électeurs manifesteraient le désir d’élire le « mauvais » candidat. Avec, pour conséquence, des débordements pouvant amener à des violences et évolutions totalitaires des régimes non issus de ces processus électoraux dévoyés. Le Mali, le Niger, le Congo, le Togo…les exemples abondent en Afrique francophone.

L’Afrique anglophone n’est pas exempte de dérives – le Zimbabwe par exemple – mais force est de constater qu’elle présente des régimes plus stables et pérennes et dans lesquelles les élections ont vraiment un sens respectueux de la volonté citoyenne. Le Ghana est un excellent exemple de cette stabilité politique qui a su être instaurée, après quelques années de troubles, suite à l’indépendance. La Constitution de 1992 est de ce point de vue un socle solide sur lequel s’appuie la démocratie ghanéenne.
Les élections sont organisées et supervisées par la Commission Électorale du Ghana (Electoral Commission of Ghana). Cette commission indépendante s’assure que les élections sont libres, justes et transparentes. Elle gère les listes électorales, les lieux de vote, et supervise le déroulement du scrutin. Elle est également chargée de l’éducation civique et de la sensibilisation des électeurs. Les élections présidentielles au Ghana se déroulent selon un système de vote majoritaire à deux tours. Un candidat doit obtenir plus de 50% des voix pour être élu dès le premier tour. Si aucun candidat n’atteint ce seuil, un second tour est organisé entre les deux candidats ayant reçu le plus de votes.

La volonté d’avoir un scrutin conforme à des standards démocratiques qui nous sont familiers fait que la Commission Electorale s’assure que des bureaux de vote en nombre suffisant sont disséminés sur l’ensemble du territoire et que les élections se tiennent bien aux dates prévues, gage de la confiance des citoyens dans le régime. Les pouvoirs importants du Président justifient cette organisation scrupuleuse et la Commission électorale veille en permanence à prévenir les éventuels dévoiements de ce processus. Et là évidemment il faut résister à la tentation du préjugé qui ferait dire « évidemment » les événements du 6 janvier 2021 au Capitole viennent nous rappeler qu’une grande démocratie n’est pas à l’abri de tels dévoiements !nnCes rappels sont importants et participent à l’attractivité du Ghana. Aujourd’hui deux/trois candidats se sont manifestés, un quatrième devrait certainement se déclarer avant la clôture des listes de candidature. Tous confirment leur souhait de respecter un processus contrôlé et, bien entendu, de respecter l’issue du scrutin.

Une lecture de la presse française des dernières semaines témoigne d’une hausse des articles concernant le Ghana. Ce n’est pas très étonnant, ce pays faisant beaucoup d’efforts pour développer son potentiel touristique et se présenter comme une destination d’implantation « cool » pour des travailleurs nomades férus de soleil, de surf, de tranquillité et de connections internet de bonne qualité.

Nous nous appliquerons certainement à suivre plus particulièrement un candidat une fois que tous les prétendants se seront déclarés. Le tropisme de notre sélection sera assurément la volonté exprimée d’un des candidats d’accueillir des investisseurs étrangers, Français de préférence, autant que d’apporter des solutions aux problèmes nationaux qui ne manqueront pas d’animer la campagne.

Là où l’Afrique centrale est marquée par le retrait militaire et politique de la France, là où l’Afrique du Nord cultive une relation « je t’aime moi non plus » avec l’ancienne puissance coloniale, l’Afrique de l’Ouest offre une image différente et plus apaisée. La Côte d’Ivoire bien entendu, mais aussi son voisin immédiat le Ghana semblent moins contaminés par les troubles sociaux, politiques et militaires qui, hélas, concernent beaucoup d’autres pays de ce continent.

Encore une fois, à l’heure où la Chine diminue ses investissements africains où la Russie mis à part l’envoi d’armes et de mercenaires se concentre surtout sur l’Ukraine et où les Etats-Unis occupent le terrain tout en ayant des contraintes budgétaires fortes et des incertitudes quant à l’élection présidentielle de la fin de l’année, la France a assurément une carte à jouer, encore faut-il qu’elle le fasse intelligemment. L’intelligence sera certainement d’être attentive aux messages qui ne manqueront pas de lui être adressés par les candidats d’un pays anglophone du Commonwealth qui a fait de la francophonie un élément fort de son identité politique.
A suivre…
 

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