Plan de réduction drastique des effectifs chez Boeing
Boeing a officiellement annoncé la suppression de 17.000 postes, représentant 10 % de ses effectifs mondiaux. Cette décision est en grande partie liée à la grève qui dure depuis un mois et mobilise plus de 30.000 employés sur ses sites de la côte ouest des États-Unis.
Ce mouvement social, déclenché en septembre pour des revendications salariales, a paralysé la production de plusieurs modèles d’avions clés du constructeur, dont le 737 MAX, le 767 et le 777. Dans un message adressé à l’ensemble des salariés, le directeur général de Boeing, Robert Kelly Ortberg, a justifié cette réduction d’effectifs par la nécessité « d’aligner le niveau de la main-d’œuvre aux réalités financières » du groupe.
Le dirigeant, en poste depuis août, a mis en avant que ces suppressions toucheront toutes les strates de l’entreprise, de l’encadrement aux employés de production. En parallèle, Boeing a également annoncé un report d’un an des premières livraisons de son modèle phare, le 777X, désormais prévues pour 2026. Ce retard s’explique par les perturbations causées par la grève ainsi que par des problèmes persistants de certification.
Cette annonce intervient alors que Boeing traverse une période particulièrement difficile sur le plan financier. Pour le troisième trimestre 2024, le constructeur aéronautique prévoit une perte nette de 5 milliards de dollars, en grande partie due à l’arrêt de la production et aux difficultés rencontrées par ses divisions commerciales et de défense. Les analystes anticipent un chiffre d’affaires de 17,8 milliards de dollars et une perte par action de 9,97 dollars.
Une crise de réputation qui perdure
Les grèves ont en outre des conséquences directes sur la trésorerie de Boeing, avec des flux de trésorerie négatifs estimés à 1,3 milliard de dollars. Une situation d’autant plus critique que la dette du groupe avoisine les 60 milliards de dollars. Pour stabiliser sa situation financière, Boeing envisage de lever jusqu’à 15 milliards de dollars via la vente d’actions ou d’obligations convertibles. Cette manœuvre viserait à protéger sa cote de crédit, qui reste menacée d’une dégradation.
Outre ces difficultés économiques, Boeing est également embourbé dans une crise de réputation qui ne cesse de s’aggraver. En janvier dernier, un incident impliquant la perte d’une porte sur un 737 MAX en plein vol a suscité de nouvelles inquiétudes quant aux protocoles de sécurité de l’avionneur. L’entreprise a depuis été placée sous surveillance judiciaire pour une durée de trois ans, après avoir accepté de payer une amende pouvant atteindre 487 millions de dollars.
Sur le plan social, les négociations avec le syndicat des machinistes (IAM) sont au point mort. Boeing a récemment déposé une plainte auprès du National Labor Relations Board, accusant le syndicat de ne pas négocier de bonne foi. La grève actuelle coûte à l’entreprise environ un milliard de dollars par mois, selon les estimations de l’agence de notation S&P, et pourrait avoir des répercussions encore plus graves si un accord n’est pas trouvé rapidement.