Le rapport inquiétant sur l’équilibre des retraites
Le rapport annuel du COR présentera des prévisions légèrement dégradées en raison de la baisse des prévisions économiques du gouvernement. Cette révision est due à l’abaissement des prévisions macro-économiques et à une revalorisation des retraites complémentaires Agirc-Arrco plus importante que prévu en novembre 2023. Les dépenses de retraites devraient atteindre 13,7 % du PIB en 2030, contre 13,5 % dans le rapport de l’an dernier, et 13,2 % du PIB en 2070, contre 13 % précédemment. Le déficit de 2024 est estimé à -0,2 % du PIB, après un excédent de +0,1 % en 2023.
L’édition 2024 du rapport est la première dirigée par Gilbert Cette, qui a succédé à Pierre-Louis Bras. Sous sa direction, le rapport utilise désormais des hypothèses de croissance de la productivité du travail moins optimistes qu’auparavant. Les nouvelles hypothèses varient entre +0,4 % et +1,3 %, contre +0,7 % à +1,6 % auparavant. Le COR choisit également un scénario de référence à +1 % pour ses projections, reléguant les autres hypothèses à des études de sensibilité moins détaillées.
Une situation durablement dégradée
Ce changement a suscité des critiques de la part de plusieurs syndicats, qui voient dans ce nouvel angle d’approche une préparation des esprits à de futurs efforts supplémentaires après la réforme de 2023. Cette réforme avait déjà repoussé l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Le rapport prévoit que, à partir de 2024 et pour les quarante-cinq années suivantes, aucun retour à l’équilibre ne se profile à l’horizon.
Le rapport du COR indique que les besoins de financement en 2030 sont plus importants que prévu en raison d’une augmentation des dépenses non anticipée dans le rapport précédent. Par exemple, les pensions du régime complémentaire Agirc-Arrco ont été revalorisées de 4,9 % au 1er novembre 2023, contre une prévision de 3,8 %. Les retraites de base ont également bénéficié d’un coup de pouce plus important que prévu (+5,3 % au 1er janvier 2024). En conséquence, le gouvernement risque de ne pas atteindre son objectif de ramener le système de retraite à l’équilibre d’ici 2030.
À moyen terme, le déficit du système de retraite devrait persister, avec un déficit prévu de 0,8 % du PIB en 2070. Le COR, composé de 41 membres représentant des parlementaires, des syndicats, le patronat et des experts, met en avant cette projection selon un « scénario de référence » de croissance de la productivité du travail, sous l’impulsion de Gilbert Cette.