Les révélations troublantes de Nestlé
En 2021, Nestlé Waters a informé les autorités françaises avoir recouru à des traitements interdits (l’ultraviolet et les filtres au charbon actif) pour maintenir la « sécurité alimentaire » de certaines de ses eaux minérales. Ces méthodes, bien que visant à garantir la sécurité, ont fait dévier l’entreprise de la conformité réglementaire. La réglementation française interdit toute désinfection des eaux minérales, qui doivent être naturellement de haute qualité microbiologique, une norme que Nestlé a enfreint pendant des années.
Face à cette situation, l’entreprise a dû adapter ses méthodes pour se conformer aux normes. L’arrêt de ces traitements a conduit à la fermeture de certains puits, notamment dans les Vosges, affectant la production d’Hépar et de Contrex. Cette adaptation a été motivée par la nécessité de respecter une réglementation qui n’avait pas évolué depuis quinze ans et de répondre aux changements climatiques affectant la minéralité des eaux.
Pertes de part de marché
Sous la direction de Muriel Lienau, qui dirige Nestlé Waters Europe et l’ensemble des activités de Nestlé en France, l’entreprise a reconnu ses erreurs et a pris des mesures pour se conformer aux réglementations. Nestlé a investi cinquante millions d’euros et a réalisé dix-huit mois de travaux pour adapter ses sites. Ces efforts ont permis de convaincre les autorités françaises d’autoriser l’utilisation de nouvelles générations de micro-filtres.
Cependant, ces ajustements ont eu des conséquences financières et commerciales significatives. Nestlé a dû fermer deux puits dans les Vosges et lancer une nouvelle gamme d’eaux aromatisées « Maison Perrier » pour compenser la baisse de production. La production de Perrier a chuté de 1,7 milliard à 1,2 milliard de bouteilles par an. De plus, un plan social a été lancé sur le site des Vosges, affectant 171 salariés, soit 25 % de l’effectif.
L’affaire a eu un impact non négligeable sur la part de marché de Nestlé Waters en France, qui a reculé de 27 % à 23 %, et sur celle de Perrier, passant de 45 % à 40 %. Bien que l’entreprise ait réussi à préserver l’essentiel, l’aveu de cette erreur pourrait avoir des répercussions importantes sur son image.