Rencontre avec Maxime Thoreau

L’œuvre de Maxime Thoreau se construit littéralement autour de l’objet industriel. Après une première phase de décontextualisation de l’outil ayant pour finalité de souligner son esthétique, il travaille aujourd’hui à le réinventer, le construire et lui donner une existence propre.

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Rencontre avec Maxime Thoreau
Rencontre avec Maxime Thoreau - © journaldeleconomie.fr

Ses œuvres associent des matériaux bruts comme le bois, le fer, le béton. Elles poétisent la construction industrielle.
Diplômé de l’École nationale supérieure d’art de Bourges en 2015, Maxime Thoreau vit et travaille à Meymac (Corrèze). Il a participé à plusieurs programmes de résidence en France et à l’étranger ainsi qu’à des projets collectifs et personnels dont les plus récents se sont déroulés à Rennes en janvier et juin 2020 en lien avec le Bon accueil et en juin 2019 pour l’inauguration du centre d’art Le Garage à Amboise. Lauréat de la Biennale de la jeune création 2014, Maxime Thoreau réalisa sa première exposition personnelle en 2015 à La Graineterie, centre d’art de la Ville de Houilles. Maxime Thoreau, vous exposez du 8 octobre 2022 au 3 janvier 2023 à la chapelle Saint-Libéral à Brive-La-Gaillarde. Quels sont vos racines, vos ancrages de vie ?
 
 Je suis originaire d’Orléans et je me suis formé à la classe préparatoire Marcel Duchamps à Châteauroux puis à l’ENSA Bourges ou j’ai étudié 5 années afin d’obtenir mon DNSEP (master) avec les félicitations du jury. Depuis 2016 je vis à Meymac en Corrèze où j’ai mon domicile et atelier.

Votre exposition à Brive-La-Gaillarde s’intitule Septem soit 7, le chiffre de la perfection, de l’accomplissement dans la théologie chrétienne. D’où vous vient cette fascination pour l’outil et la réalisation industrielle ?
 
 Ma fascination pour ces objets que je nomme « technique » du fait de leur non-design vient du fait même de leur classification en tant que telle. À aucun moment leur forme n’a été dictée par une recherche esthétique. Ils sont seulement fonctionnels, répondent à des contraintes de formes, de résistances mécaniques. Et pourtant comme l’a souligné Marcel Duchamp en 1912 lors de la visite du salon de la locomotion « c’est fini la peinture. Qui ferait mieux que cette hélice » ?

Je pense que du fait de la rigueur technique contrainte et inhérente à ces objets ils se dotent d’un potentiel sculptural. Leurs proportions sont bonnes, les formes se tiennent dans l’espace. Mon travail ne serait finalement qu’un rôle de chercheur puis de fabricateur afin de les rendre visibles dans le monde de l’art contemporain.
 
Pourriez-vous nous décrire l’évolution de votre travail ces dernières années ?
 
Mes recherches sur les objets techniques ont débuté pendant mes études aux Beaux-Arts de Bourges. Pendant plusieurs années j’ai ainsi endossé le double rôle évoqué ci-dessus de chercheur/fabricateur. Je dénichais des objets techniques, soit par une recherche de mots clés sur internet, ou dans d’anciennes revues techniques ou bien par le visionnage de banques de données vidéos regroupant de nombreux films documentaires/publicitaires vantant les mérites des industries d’après-guerre.
 
Seulement après quelque temps j’ai constaté que je prenais moins plaisir à seulement suivre un plan ou un dessin technique. C’est ainsi que je prends de plus en plus de liberté vis-à-vis des formes que je trouve. Je me permets d’en modifier les proportions, d’y glisser un détail issu de mon imagination voire même, pour la dernière génération de sculpture de créer une forme de toute pièce venant mimer un artefact industriel. Plus récemment mon goût pour la science-fiction se fait aussi ressentir dans les formes que je propose.

Comment vivez-vous la relation entre le péril climatique et plus globalement environnemental et l’accomplissement technique de l’humanité, est-ce un sujet de questionnement pour vous ?
 
L’industrie et les formes qu’elle produit sont la base de mon travail c’est évident. Cependant ce n’est qu’une appropriation formelle. Ma pratique sculpturale ne cherche ni à faire l’apologie de ce système ni à venir en peindre un portrait critique. Là n’est pas le propos. Celui-ci est un regard de sculpteur à propos de la sculpture. Quels que soient par ailleurs mes engagements écologistes appliqués à ma vie quotidienne.
 
Vous n’hésitez pas à donner de votre temps et à partager avec des collégiens lors de journées de travail. Cela correspond-il à votre vision du rôle de l’artiste dans notre société ?
 
Il est effectivement crucial de redonner à l’art et à la culture en général la place qu’elle mérite dans l’éducation. J’ai enseigné l’art plastique en collège pendant une année scolaire. Malheureusement le constat est que l’art plastique et la musique, qui d’ailleurs disparaissent dès la fin du collège, n’étant certainement pas essentiels, sont considérés par tous ou presque (direction, parents, élèves) comme une heure de récréation. C’est bien dommage et j’espère que des interventions d’artistes en milieu scolaire peuvent être des déclics, des moments privilégiés afin d’éveiller une curiosité chez les plus jeunes.

Exposition Maxime Thoreau
Septem
Jusqu’au 8 janvier 2023
Chapelle Saint-Libéral
Brive-La-Gaillarde

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