On peut même se demander si en voulant rompre à tout crin avec le monde d’avant le gouvernement ne finit pas de nous faire replonger dans le monde d’avant-hier sans le talent d’un Zweig cela va sans dire.
Après tout, confinement des malades et quarantaine des pestiférés se ressemblent ; le passe sanitaire fait passer le passeport intérieur du XIXe siècle pour un document léger qui régulait les déplacements et pas l’accès aux restaurants, trains et avions, cinémas et autres lieux publics ; les lépreux devaient se faire reconnaitre et agiter crécelles comme aujourd’hui nous devons présenter QR code et application ; ceux qui s’interrogent et contestent ces mesures et atteintes à leurs libertés individuelles sont vilipendés et rabroués comme autant de Cléante insensibles aux vérités (changeantes) des Purgon et Diafoirus des ministères et plateaux télé.
On peut être favorable à la vaccination, mais opposé à son caractère obligatoire surtout quand celle-ci n’est pas justifiée par des considérations médicales. On peut être opposé à un passe sanitaire, véritable passeport de vie sociale, sans pour autant être contre les vaccins. En somme il est possible d’être vigilant sur le respect de ses libertés publiques sans pour autant être irresponsable et se parer d’un gilet jaune, parfois la robe noire peut-être suffisante.
Mais toutes ces contingences doivent être balayées, car la contingence économique doit tout emporter sur son passage.
Allant chez le pharmacien pour discuter vaccin celui-ci m’explique que la plupart demandent deux doses et nécessitent quatre semaines pour être efficaces. Le vaccin Janssen lui ne nécessite qu’une dose et son effet se produit au bout de deux semaines. À la question « j’aurai donc mon passe au bout de 15 jours », la réponse a été « non, quatre semaines, car il ne fallait pas concurrencer les autres vaccins »…nnDiscutant lors d’un diner avec des médecins, vaccinés à contrecœur selon leurs dires, ils me précisent que tous ces vaccins sont encore en phase III, préalable leur mise sur le marché, étape qui ne devrait s’achever qu’en 2022/2023. En somme, avec l’engagement pris, par les États, d’être exonérés de toutes poursuites en responsabilité, les laboratoires ont accepté de distribuer par anticipation leurs vaccins. Un monde merveilleux où nous avons quelques milliers de vaccinés en phase de test et des millions de cobayes d’ores et déjà vaccinés. Advienne que pourra…nnLes mêmes médecins, plus blouses blanches que gilets jaunes, ne faisant pas mystère de leur refus de voir vacciner leurs enfants de plus ou moins de 12 ans, aucune raison médicale de le faire selon eux, et avouant leur préférence – si le choix leur avait été donné – pour le vaccin russe Sputnik V que pour ceux distribués, mais bon, il ne fallait pas désespérer les laboratoires américains et européens…nnComme pour le H1N1 (les vaccins commandés par R Bachelot et administrés à environ 6 millions de personnes) un fonds de garantie a été créé ou va l’être et saura indemniser, dans quelques années, les problèmes occasionnés. Les exemples ne manquent pourtant pas, Dépakine, Talidomide, Gardasil et autres, jetés aux oubliettes d’une urgence invoquée…nnPfizer et autres l’ont si bien compris qu’ils ont décidé d’augmenter les prix de leurs vaccins, pourquoi se gêner il est vrai. À la logique, qui voudrait que la quantité amène une baisse des prix, on oppose une logique économique étonnante qui fait que les prix suivent la demande alors même que l’offre est pléthorique, et nous allons payer… Quand je lis que Nicolas Beytout tweete toute sa réprobation pour les « assistés » qui ne veulent pas se faire vacciner, entravant ainsi la reprise d’une économie libérale, on a la forte envie de lui demander si ses convictions libérales l’ont amené à demander la fin des subventions et avantages fiscaux des journaux et journalistes qui font du secteur de la presse un assisté économique de longue date. Il est vrai que charité bien ordonnée commence par soi-même et que l’on peut être un disciple de Smith et tendre la main en bénissant Keynes… Si nous sommes dans cette situation c’est que depuis des années on rogne sur les budgets des hôpitaux, on supprime des lits, les déserts médicaux s’agrandissent, les spécialistes se font de plus en plus rares ou se concentrent dans quelques métropoles…conséquence prévisible, le jour où survient une pandémie on est désemparé.
Que l’on ne vienne pas dire que cela était de la bonne gestion ces quelques centaines de millions économisés chaque année, ils se traduisent par des milliards de déficits et de subventions aujourd’hui. Car, rappelons-le, la Covid-19 pouvait être traitée de façon « classique », si on s’en était donné les moyens. En 1956 la grippe asiatique (H2N2) avait occasionné en France entre 15.000 et 100 000 morts (selon les méthodes de comptage et d’affectation des décès), puis en 1968 celle de Hong Kong (H3N2), 25 % de la population française contaminée et un surcroit de mortalité de 40 000 personnes au moins, là aussi selon les méthodes de comptage. Ces épisodes n’ont entrainé ni confinement ni autres mesures attentatoires aux libertés et libres arbitres de chacun, il est vrai qu’il n’y avait ni réseaux sociaux ni chaines de télés en continu pour informer, désinformer, conditionner et apeurer.
Dans la semaine du 15 août, quelques dizaines d’enfants atteints par la Covid en colonie de vacances – asymptomatiques pour la plupart et sans gravité – font la « une » de BFM avec une terminologie évoquant un « bilan » de dizaines d’enfants, les mêmes mots qui seraient utilisés pour évoquer les décès d’une catastrophe aérienne ou d’un tremblement de terre ! On oublie trop souvent le poids des mots et leurs conséquences. Quelle sera la prochaine étape un code barre ? Une puce sous la peau ?…O tempora, o mores.
Si des masques avaient été disponibles dès janvier 2020 nous ne serions pas aujourd’hui dans cette situation, mais il fallait faire des économies !nnLe pari politique est toujours le même, les problèmes arriveront dans quelques années (2 à 6 ans pour le vaccin H1N1 par exemple) et il faudra plusieurs années encore avant que des responsabilités soient établies, si elles peuvent l’être et si certains ne sont pas naturellement exonérés de celles-ci au titre de leurs fonctions.
Il ne s’agit pas d’être antivax et susciter le mépris ou la réprobation, mais juste de rappeler que certaines décisions politiques confondent vitesse et précipitation et que ceux qui en feront les frais ne seront pas toujours les mieux dotés pour se défendre. Le principe du « responsable, mais pas coupable » a visiblement de beaux jours devant lui dans l’esprit de nos politiques.
La contingence économique est importante c’est indéniable, mais la place qui lui est donnée compte aussi dans notre rapport aux libertés. La liberté totale n’est pas exempte de risques et un juste équilibre aurait dû être trouvé, sans avoir à rentrer dans une logique de vaccination indirectement obligatoire d’une grande hypocrisie maquillée d’une nécessité sanitaire qui n’en est pas une. Ce qui s’est fait aux États-Unis d’Amérique est de ce point de vue un bon exemple qui a permis, en quelques mois de relayer ce sujet en dernière page et de s’intéresser plus au gouverneur de New York, Cuomo, pour ses propos et gestes sexuels qui ont amené sa démission que pour sa gestion de la « Covid » qui était pourtant jugée exemplaire. Les 20 000 personnes contaminées quotidiennement en France ne sont pas des morts en sursis. Avant de penser à vacciner, pour le plus grand bonheur des laboratoires, les enfants de moins de 12 ans, les femmes enceintes et autres et d’ostraciser ceux qui ne partagent pas – à tort ou à raison – la pensée dominante du moment, il faudrait peut-être arrêter de faire de cette pandémie la rampe de lancement pour les présidentielles 2022 ce qui autorise tous excès.
Il semble donc pertinent, à ce jour, de créer une association qui aura pour objectif d’interpeller les politiques (gouvernements et parlementaires) qui font, aujourd’hui, des choix aux conséquences encore inconnues. On pourrait l’appeler Clovis en référence à ce roi qui avait de la mémoire !