Une infrastructure inédite au service de la mobilité du futur
L’annonce du lancement de la première ligne de production de voitures volantes a été faite début novembre à Guangzhou, dans la province du Guangdong. Aridge, la filiale aérienne de XPENG Motors, y a mis en service une usine de 120 000 m² conçue pour allier technologies automobiles et procédés issus de l’aéronautique légère. Il s’agit de la première infrastructure industrielle au monde spécifiquement pensée pour assembler un véhicule hybride, capable aussi bien de rouler que de voler.
L’usine est dotée de plusieurs ateliers spécialisés : composites, moteurs électriques, assemblage, peinture et intégration finale. Cette organisation doit permettre à terme d’atteindre une capacité de production de dix mille unités par an, avec un rythme de sortie estimé à un véhicule toutes les trente minutes lorsque la cadence maximale sera atteinte. XPENG souligne que cette configuration n’est plus expérimentale : elle marque le passage à un modèle économique fondé sur la production de masse, condition indispensable pour rentabiliser un projet aussi ambitieux.
Le Land Aircraft Carrier : un véhicule modulaire unique au monde
Le modèle produit, baptisé Land Aircraft Carrier, repose sur un concept modulaire inédit. Il combine un véhicule terrestre électrique à six roues motrices et un module aérien détachable capable de décoller verticalement. Le premier élément des voitures volantes, qui sert de base roulante, fonctionne comme un SUV électrique à trois essieux, long de 5,5 mètres et large de 2 mètres. Le second, un aéronef de type eVTOL, intègre six rotors en fibre de carbone et une structure allégée permettant un vol court, principalement destiné à des déplacements urbains ou périurbains.
Le système a été pensé pour offrir une continuité d’usage : le conducteur peut circuler sur route, puis activer le module aérien pour s’élever dans les airs. Le pilotage des voitures volantes s’effectue par joystick, mais peut également être assisté par un logiciel de navigation automatique. XPENG met en avant la redondance des circuits de commande et la présence de dispositifs de sécurité doublés sur les éléments critiques. La société insiste aussi sur la simplicité du fonctionnement, conçue pour s’adapter à des conducteurs déjà familiers des véhicules électriques.
Capacité de production et calendrier de lancement
Selon XPENG, l’usine de Guangzhou a d’ores et déjà lancé la production d’une première série test de voitures volantes. Les volumes initiaux devraient atteindre cinq mille unités par an avant une montée progressive à dix mille véhicules. Le constructeur précise qu’il a enregistré près de cinq mille commandes à ce jour. Le prix annoncé tourne autour de deux millions de yuans, soit environ 280 000 dollars.
Les premières livraisons commerciales de voitures volantes sont prévues pour 2026, le temps d’obtenir les certifications aériennes et routières nécessaires. Cette double homologation représente un défi majeur, puisqu’elle impose à XPENG de respecter à la fois les normes automobiles et celles de l’aviation civile. Les essais en vol et les tests de fiabilité se poursuivent depuis plusieurs mois sur le site de Canton et dans les environs de Shenzhen.
Une avancée stratégique pour XPENG et pour l’économie industrielle chinoise
Pour XPENG Motors, cette entrée dans la production de voitures volantes constitue bien plus qu’une diversification. Elle symbolise la volonté du constructeur de s’imposer comme un acteur global de la mobilité intelligente, à la croisée de l’automobile, de l’aéronautique et des technologies électriques. La société, déjà reconnue pour ses innovations dans la conduite autonome et l’intégration logicielle de ses véhicules, franchit une étape décisive vers la mobilité dite « tridimensionnelle ».
Sur le plan économique, les voitures volantes s’inscrivent dans la stratégie industrielle de la Chine visant à renforcer ses positions dans les technologies de rupture. En inaugurant cette ligne de production, XPENG contribue à structurer une nouvelle filière — celle de la mobilité aérienne urbaine — où le pays entend jouer un rôle de premier plan. Si les défis restent nombreux, notamment en matière d’infrastructures de vol et de réglementation, la mise en série du Land Aircraft Carrier confirme qu’un constructeur automobile peut désormais produire à grande échelle un véhicule capable de quitter le sol.
