Dimitri Casali : « Ces statues que l’on abat ! »

Historien, spécialiste de Napoléon, Dimitri Casali est l’auteur de 40 ouvrages, dont les succès de librairie L’Altermanuel d’histoire de France, l’Histoire de France vue par les peintres, ou le Larousse de Napoléon. Il a publié aux éditions Plon Les 100 dates de l’histoire de France qui ont fait le monde.

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Dimitri Casali : « Ces statues que l’on abat ! »
Dimitri Casali : « Ces statues que l’on abat ! » - © journaldeleconomie.fr

Dimitri Casali, vous publiez aux éditions Plon : « Ces statues que l’on abat ». Vous présentez votre livre comme un appel à la rigueur historique, au civisme et au débat. En quoi est-ce important aujourd’hui ?  

 

On ne réécrit pas l’Histoire, déboulonner les statues de nos grands personnages et débaptiser nos rues ou nos écoles sous le prétexte qu’elles portent le nom de personnalités qui auraient encouragé la pratique de l’esclavage, c’est ouvrir la boîte de Pandore du révisionnisme historique. L’Histoire, une fois écrite, ne s’efface pas. L’Histoire, c’est l’Histoire !  On doit l’assumer.

C’est autant glorieux que honteux et tragique. Effacer ce passé comme l’exigent les nouveaux épurateurs de l’Histoire, ce sera quelque part nous renier dans ce qui fait l’essence même de l’âme française : une République mettant en avant l’égalité, l’universalité et la laïcité, sans distinction de race ou de religion.
 

Autrement dit, tout est fait, progressivement, pour présenter l’Histoire de France comme oppressive.

 

Quel enseignement peut-on tirer de ces faits et quelles sont les motivations des auteurs de ce mouvement ?

 

Actuellement le mouvement woke et la cancel culture cherchent à déboulonner les statues de nos héros nationaux au nom d’une moralisation de l’histoire. Or on ne juge pas l’Histoire, on l’étudie. Les wokistes ne cherchent pas à comprendre le passé pour éclairer le présent, ils induisent son exact contraire. En Histoire la règle première, est de toujours replacer les faits historiques et les personnages dans le contexte de l’époque.

Or aujourd’hui l’histoire n’est plus une science, elle est un combat, une sorte d’écran de télévision où se projettent toutes nos passions contemporaines. Si l’on suit leur raisonnement, Jules César -on estime qu’il a fait massacrer plus d’un million de Gaulois- devrait être traduit devant la Cour pénale internationale de La Haye. On marche sur la tête…

 

Peut-on parler d’un règlement de compte avec l’histoire et quels en sont les dangers ?

 

Au bout de cette logique, de cette spirale négatrice de l’âme d’une nation, il y a la destruction de la communauté nationale et de ses symboles. Son remplacement par une histoire multiculturelle en miettes provoquera un fractionnement en communautés rivales. Or, une nation ne se reconnaît qu’en une seule Histoire.
 

C’est la porte ouverte à de nouvelles divisions…

 

Si l’on s’adonne à la fiction historique, que retiendra-t-on de notre époque selon vous ?

 

Structuré en meutes sur les réseaux sociaux du Net, les attaques des associations woke et antiracistes révèlent leur intolérance et leur refus d’accepter la nuance. Ce principe de destruction est au cœur de la culture de l’effacement. La cancel culture ne peut que supprimer des personnes de l’espace public. C’est la politique de la « table rase », du grand remplacement historique, faire tomber les statues, tout « déconstruire », certes : mais pour ériger quoi à la place ? Eux-mêmes sont incapable d’y répondre…
 

C’est très dangereux, car un pays qui n’enseigne pas son histoire et un pays qui n’a plus d’avenir…

Et je peux vous l’affirmer après 40 ouvrages sur l’histoire de France, nous possédons une des plus belle  histoire qui soit et surtout nous n’avons aucune raison d’en avoir honte.

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