Le Club Audiovisuel se met à l’heure du numérique

Alors que le secteur des industries culturelles craint les nouvelles tendances technologiques et de consommation importées des États-Unis, le Club Audiovisuel prend la décision de s’ouvrir aux nouveaux types de productions.

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En France, la révolution numérique, qu’elle concerne le monde de l’entreprise, celui des services publics ou du commerce en ligne, concentre les points de vue les plus opposés, parfois élogieux, le plus souvent résolument pessimistes. Les industries culturelles et médiatiques n’échappent pas à cette règle, et la grande déroute de la presse française dans ses tentatives d’adaptation aux nouveaux usages numériques en témoigne. Le cinéma est demeuré pour l’instant relativement à l’abri. Certes, le secteur jouit de subventions et surtout de la précieuse exception culturelle, mais il peut tout de même regarder avec circonspection les superproductions américaines rafler chaque semaine au moins l’une des trois premières places des palmarès de ventes de billets ou d’audience.

En outre, depuis quelques années, les vagues de transformations technologiques et culturelles en provenance des États-Unis s’intensifient. Les noms des grands services de vidéo à la demande, Netflix en tête, ont supplanté ceux des studios hollywoodiens, et les acteurs français du secteur doivent lutter sur des formats et plates-formes rompant avec les codes traditionnels de l’industrie.
Dans ce contexte de perpétuel mouvement, certaines institutions nationales savent cependant résister à une posture inflexiblement défensive, et ouvrent les bras aux nouvelles tendances du secteur pour tirer leur épingle du jeu.

Le 16 janvier dernier a eu lieu l’annonce des productions audiovisuelles nommées pour prétendre aux Lauriers de l’audiovisuel, équivalents des Césars distribués dans de multiples catégories à des productions relevant de la télévision, de la radio et, c’est une nouveauté, de l’internet.
C’est en effet à cette occasion que Patrick Bézier, président du Club Audiovisuel, qui décerne le prix, a célébré le changement d’identité et de périmètre d’action de son institution. Le Club Audiovisuel revendique pouvoir désormais décerner des prix aux productions issues d’entreprises dont le nom suscite habituellement une franche inquiétude dans le secteur : Netflix, Disney +, Amazon Prime. Dans le communiqué de la cérémonie de remise des prix qui se tiendra le 10 février prochain au théâtre Marigny, à Paris, Patrick Bézier justifie cette évolution : « le Club de l’Audiovisuel souhaite dialoguer avec les nouveaux acteurs tels que Molotov, Netflix, SALTO ou encore Disney et Amazon car nous sommes convaincus que c’est toujours par la concertation que les valeurs de diversité culturelle pourront être préservées au sein des industries de la création dont ces derniers sont des acteurs incontournables désormais, les nommés des Lauriers en témoignent. »nnLe Club Audiovisuel reste cependant pragmatique. Dans son allocution, son président Patrick Bézier, actuel président d’Audiens Care après avoir été pendant vingt ans directeur général de l’assureur de la culture Audiens, a rappelé que la décision d’ouverture du périmètre des prix était prise « sans complaisance non plus, sans naïveté, car nous savons combien le respect des normes concurrentielles, le respect des obligations prévues en application de la directive SMA est essentiel à l’équilibre du secteur, à la diversité de la création ». Et de citer également, à côté des géants américains, les fleurons français du secteur de la vidéo à la demande Salto et Molotov.

En s’ouvrant ainsi pleinement aux productions principalement distribuées sur des supports numériques, le Club Audiovisuel envoie un signal clair de sérénité et de réalisme au secteur : la donne a changé, et les institutions fédératrices du secteur comme les sociétés de production ne retrouveront confiance et aplomb qu’après l’avoir compris, avant peut-être d’en tirer parti comme Quad Télévision et TF1, qui ont co-produit en association avec Netflix Le Bazar de la charité, nommé dans la catégorie « Séries » par le jury du club.
 

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