Une réforme de l’Arenh pour sauver EDF
EDF est loin d’être sortie d’affaire. L’énergéticien a annoncé des pertes record de 17,9 milliards d’euros en 2022, et une immobilisation de quasiment la moitié de son parc nucléaire tout au long de l’année dernière. « Il y a une pente forte qui se présente devant nous », a admis Luc Rémont, en poste depuis trois mois à la tête de l’entreprise. Il témoignait devant la Commission d’enquête parlementaire qui cherche à déterminer pourquoi la France a perdu sa souveraineté et son indépendance énergétique.
Pour remonter cette pente, le PDG demande une « prise de conscience collective » non seulement au sein de l’entreprise, mais aussi « dans la façon dont elle interagit avec ses parties prenantes ». Dans le collimateur de Luc Rémont : l’Arenh, autrement dit l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique, un mécanisme qui oblige EDF à vendre une partie de son électricité à prix cassé à des concurrents.
Le marché européen de l’énergie « incomplet »
« Nous devons accepter qu’EDF doit pouvoir facturer son électricité au-delà de 42 euros le mégawattheure pour une partie significative de ses activités », a-t-il affirmé. Ce dispositif a montré ses limites l’an dernier, alors que le prix de l’électricité a explosé. Pour le dirigeant, cela ne fait pas de doute : « Parmi les conditions du succès futur d’EDF, il y a le fait de réinventer ce dispositif ». Sera-t-il entendu ?
Le PDG d’EDF a également estimé que le marché européen était « incomplet ». Alors qu’une réforme en profondeur est en cours, il déplore la volatilité des prix de l’électricité arrimés à ceux du gaz. De plus, il estime que la visibilité à long terme n’est pas assurée : « EDF doit pouvoir contractualiser à long terme avec ses clients », ce qui permettra à l’entreprise d’investir en sachant où elle met les pieds.