Le secteur de la distribution en France est en pleine évolution avec le rachat par Intermarché (alias Les Mousquetaires) de près de 300 magasins Casino entre 2023 et 2024. Cette opération, qui a vu l’Autorité de la concurrence valider rétroactivement 264 magasins fin novembre, se réalise alors que le groupe Casino se débat avec des dettes dépassant les 6 milliards d’euros. Ce mouvement stratégique soulève de sérieuses interrogations sur l’avenir des emplois et la refonte de l’organisation du secteur.
Un environnement économique compliqué
Le rachat par Les Mousquetaires intervient à un moment où le groupe Casino vit une période financière difficile. Avec plus de 6 milliards d’euros de dettes, Casino a dû se séparer d’une partie de ses actifs pour alléger sa situation financière (c’est une manoeuvre habituelle quand on veut redresser la barre). Intermarché avait déjà empoché une soixantaine de magasins, tout en devant céder trois points de vente pour se conformer aux règles de la concurrence.
Par précaution, l’Autorité de la concurrence a aussi exigé qu’Intermarché se sépare de 11 magasins supplémentaires afin d’éviter une concentration trop forte au niveau local. Du côté d’Auchan, c’est l’occasion qui s’est présentée pour acheter une centaine d’autres magasins Casino, ce qui redessine le paysage de la grande distribution française.
Des fermetures potentielles
Même avec cette expansion, Intermarché envisage de fermer une trentaine de magasins jugés non rentables parmi ceux récemment acquis. Parmi ces fermetures potentielles, 28 concernent d’anciens points de vente Casino et pourraient entraîner jusqu’à 700 licenciements (un sacré chambardement pour l’économie locale). Les régions touchées seront clairement impactées par ces décisions stratégiques.
Cependant, les responsables du groupement Les Mousquetaires ont rapidement nié toute décision définitive concernant la fermeture de ces établissements. Ils travaillent activement pour trouver des solutions permettant de pérenniser l’activité et préserver les emplois menacés. Un porte-parole du groupe a d’ailleurs déclaré : « Nous ne confirmons pas ces informations. Nous n’avons jamais nié que quelques magasins repris seraient difficiles à restructurer » source l’AFP.
Problèmes internes et pistes de redressement
Les difficultés rencontrées par certains magasins rachetés s’expliquent par plusieurs facteurs, comme des sous-investissements massifs et de longue date, des charges trop élevées et la perte de nombreux clients habituels sous l’enseigne Casino.
Pour tenter de renverser la vapeur, Les Mousquetaires/Intermarché s’activent pour soutenir les magasins en difficulté. Une rencontre avec le gouvernement est programmée afin de discuter des solutions envisageables pour garantir un avenir stable à ces points de vente. Le groupe pourrait ainsi recevoir Éric Thiers et Nicolas Pernot, des collaborateurs proches du Premier ministre François Bayrou, dans le cadre de ces discussions (cette réunion pourrait bien être décisive pour la suite).
Face aux incertitudes qui planent sur certains établissements, d’autres acteurs majeurs comme Carrefour, Lidl ou Coopérative U pourraient songer à racheter les magasins en difficulté pour les intégrer à leur réseau.
Thierry Cotillard, dirigeant de Les Mousquetaires/Intermarché, a expliqué dans La Lettre qu’ils « examinent déjà de près la possibilité de fermer certains établissements, tout en cherchant activement des solutions viables » : « Toutefois, aujourd’hui, les équipes sont à fond pour soutenir l’ensemble des magasins et trouver les meilleures options pour remettre de l’ordre dans la situation ».
