Une crypto-monnaie gérée par la BCE
C’est le projet Libra de Facebook qui a accéléré la réflexion de la Banque centrale européenne (BCE). L’an dernier, le réseau social annonçait la création de sa propre monnaie numérique. Une crypto-monnaie privée et qui aurait de quoi déstabiliser les devises régionales, à l’instar de l’euro. La menace est jugée si importante que la BCE a décidé de se lancer à son tour sur ce créneau, avec une consultation de trois mois auprès du grand public, du secteur financier et des institutions. L’enjeu : évaluer l’appétit pour un euro numérique, à l’heure où la pandémie fait exploser le commerce en ligne.
Cet euro numérique est régi par les règles de la blockchain, la même technologie à l’œuvre pour le bitcoin ou le libra. Ce protocole offre une grande sécurité dans les échanges et il est réputé infalsifiable. Pour les consommateurs, une telle monnaie -disponible en parallèle des espèces traditionnelles- aurait aussi des atouts : les échanges sont extrêmement rapides et disponibles en tout temps, puisqu’ils ne nécessitent aucun règlement interbancaire.
Stimuler la consommation
Les détenteurs pourraient déposer leurs euros numériques directement auprès de la BCE, comme le font les banques nationales de la zone euro. Mieux encore, ces dépôts auraient l’avantage de rapporter puisque c’est la Banque centrale qui fixerait le taux d’intérêt. Elle serait ainsi en mesure de stimuler directement la consommation des ménages ou les investissements des entreprises. Pour éviter une fuite des épargnants vers l’institution européenne, cette dernière limiterait le nombre d’euros numériques qu’un particulier peut déposer.
Pour la BCE comme pour la zone euro, proposer un tel actif monétaire représenterait enfin un motif de souveraineté face aux initiatives américaines et chinoises dans le domaine. Reste désormais à créer cet euro numérique : après la consultation, des tests seront menés pendant six mois. Puis la mise en place demandera de trois à quatre ans de développement supplémentaires.