Journal de l'économie

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2021, année ratée. Heureusement, Omicron nous fera réussir 2022





Le 3 Janvier 2022, par Philippe Cahen

2020 était une année d’avertissement : le monde devient fou ! Trop de malades. Trop de consommation. Trop de pollution. Les signaux faibles ou forts sont rouge écarlate ! 2021 devait être un retour à la sagesse. C’est raté !


Image Pxhere
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Souvenons-nous 2020

2020 c’est près de 7 milliards de Terriens confinés. C’est 2 (à 4) millions de morts de la Covid-19. C’est une pandémie mentale qui affecte surtout les jeunes. C’est la plus grande crise économique depuis la crise de 29, l’explosion des dettes publiques, une production en France et le revenu par habitant ramené à 2009. C’est l’effondrement de l’aviation, du tourisme, de la construction automobile, de l’industrie de la culture et des loisirs.

2020 c’est le CO2 mondial qui baisse enfin, l’espoir d’une baisse de la pollution. C’est la remise en cause de l’avion, des croisières, du tourisme de masse. C’est avec l’explosion des visioconférences le développement du télétravail et donc l’interrogation de participer à tous les salons professionnels, à se déplacer pour un oui ou pour un non. C’est l’explosion de la télémédecine, du téléenseignement. C’est le « manger moins, mais manger mieux ».
C’est l’interrogation sur la vie, la manière de vivre, la jouissance de la vie.

Souvenons-nous de 2021

2021, c’est l’explosion économique. En France, c’est le chômage revenu au niveau de… 2008 ! Dans le monde, c’est l’économie qui tourne à plein régime à tel point – il faut ajouter les accidents climatiques - que la fabrication de semi-conducteurs ne suit pas, le fret maritime ne suit pas. Le prix du pétrole atteint des sommets, celui du gaz aussi par ricochet, comme celui du charbon, comme celui de nombreuses matières premières. Ce sont des ruptures de production dans le monde entier faute de fabrication, faute d’emballage, faute de transport. L’inflation qui semblait avoir définitivement disparu est revenue, au plus haut aux États-Unis depuis 40 ans !

2021 : la consommation est repartie, la pollution est repartie… à la hausse. 2021, c’est 6 (à 12) millions de morts de la Covid, mais les vaccins nourrissent l’espoir de vaincre la maladie.

2021 : la Chine, 30 ans après l’entrée dans l’OMC comme usine du monde puis université du monde, s’enferme dans sa nouvelle dictature et réécrit son histoire récente. 2021 : la Russie de Poutine réécrit son histoire (dissolution de Memorial) et pleure sa grandeur passée. Or ces deux pays dominent la transition énergétique vantée à la COP26 de Glasgow de novembre : la transition climatique et donc énergétique exige des matières premières que ces deux pays en position quasi exclusive mondiale possèdent aujourd’hui pour le premier dans une transformation à bas prix, demain pour le second avec le réchauffement climatique et le sol qui va se libérer du permafrost.

2021 se termine sur un goût doux-amer. L’économie mondiale, donc l’emploi et les revenus (la baisse du chômage contribue à la hausse des salaires), est repartie à la hausse se trouve confrontée à deux freins aux allures de murs : l’environnement et les bruits de bottes. Rien à comparer avec la fin 2020 où l’on s’interrogeait sur la finalité de la vie.

L’inattendu Omicron

Et puis il y a la surprise de fin d’année. Le variant Omicron, apparu en novembre échappe à tout : sa diffusion est rapide, c’est un tsunami, les tests antigéniques ne le captent pas bien. Le nombre impressionnant de contaminés contraint de se confiner ralentit durablement le fonctionnement même de la société. Et en quelques semaines de fin décembre 2021, le monde s’est reconfiné, proche de la situation du printemps 2020.

Janvier 2022 sera à n’en pas douter le monde de la belle endormie.

C’est une chance : ce qui nous a interrogé en 2020 reste d’actualité. De toute évidence, le changement climatique est brutal et significatif. Le record de coût des 10 principales catastrophes naturelles pour biens assurés est en 2021, de 170 milliards de $, contre 150Md $ en 2020. En fait cette somme est infime par rapport au coût d’un Terrien sur dix menacé par la montée des océans dans un futur proche selon la fonte des glaces de l’Arctique et du Groenland !

Oui, il faut rapidement moins polluer. Oui, il faut prendre le risque d’utiliser moins de voitures et de camions donc passer à un autre système de transport, les véhicules autonomes en usage et non plus en propriété. Oui il faut s’interroger sur la durée de vie des produits que nous achetons, donc sur leur réparabilité. Oui, il faut localiser la fabrication avec la consommation. Oui, il faut moins de tourisme et d’ailleurs Venise, Amsterdam, Barcelone, le Machu Picchu et bien d’autres lieux contrôlent leurs accès.

Oui la puissance du numérique peut continuer à augmenter, car elle consomme moins d’énergie et moins de matière et fournit plus de réponses. Oui, il faut vivre mieux avec moins comme réduire le tiers des déchets alimentaires à la fourche comme à la fourchette, réduire nos achats comme le textile dont nos placards sont pleins et à 70 % à peu près jamais portés. Oui il faut changer le monde sans attendre que l’autre agisse. Oui, il faut agir vite, solidairement, individuellement et collectivement.

Omicron est une chance

La crise du coronavirus nous a appris que nous n’étions pas prêts à l’urgence, à la crise soudaine. Et nous n’y sommes toujours pas prêts. Le mur des bruits de bottes de Chine, de Russie, mais aussi d’Iran, de Turquie… nous savons à peu près gérer. Le mur de l’environnement, nous en avons conscience, savons ce que nous devrions faire et ce que nous ne voulons pas faire. Mais nous ne savons pas le gérer dans l’urgence.

En 2021 nous sommes repartis pour retrouver le monde d’avant… et avons réussi. Or c’est le monde de demain qu’il faut créer, voire simplement sauver. Nous savons que l’écart de rémunération entre la finance et le travail doit être réduit et cela a débuté en 2021 par la contrainte du manque de mains-d’œuvre et de compétences (la « pénurie de talents »). Nous savons que les conclusions de la COP26 ont été modestes et que nous devons aller plus loin, plus volontairement, sans savoir la réalité des échéances, mais qui seront bien plus proches que celles visées.

Omicron nous donne la chance de revoir 2022 — et les années suivantes — à l’aune de cette réflexion. 2021 nous a donné de faux espoirs ou plutôt, 2021 nous a convaincus de savoir faire repartir la machine. Pour 2022, nous devons faire repartir la machine de manière bien plus économe en pollution et consommation de matières premières. Le reste, les bruits de bottes, nous savons gérer.

Nous n’avons pas le luxe d’hésiter : consommer moins et mieux en améliorant la biodiversité de notre environnement.

Philippe Cahen
Conférencier prospectiviste
Dernier livre : « Méthode & Pratiques de la prospective par les signaux faibles
», éd. Kawa


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