En dehors des événements particuliers et catastrophes, comment décidez-vous le déclenchement et la destination de l’aide humanitaire ?
Toute notre action repose sur un plan stratégique établit un an à l’avance et qui définit les grandes orientations de notre action pour les 4 ou 5 années à venir, ainsi que les zones d’intervention privilégiées. Ce plan s’attache aussi à prévoir les synergies possibles entre les différents volets de notre action pour répondre au mieux aux besoins généraux des zones dans lesquelles nous intervenons. Il ne s’agit pas par exemple de mettre des châteaux d’eau dans tous les villages d’Afrique sub-saharienne, mais plutôt de comprendre et d’agir sur le long terme sur tous les besoins d’un village ou d’une région : eau, reforestation, éducation…
Au-delà du plan, nous nous gardons évidemment des marges de manœuvres pour pouvoir agir ou réagir en fonction des urgences ou des « opportunités » qui se présentent. Ce fut par exemple le cas au Maroc.
Plus précisément, comment s’est organisée votre action par rapport aux secours d’urgence ?
Au regard de notre expérience et de nos résultats, nous savons que LIFE compte parmi les ONG sur les sujets de développement. Mais jusqu’à très récemment, faute de ressources humaines qualifiées dans ce domaine, LIFE ne participait pas aux interventions de premières urgences. Nous intervenions exclusivement dans un deuxième temps, en « post-urgence » une fois les situations d’urgence stabilisées pour apporter notre aide et notre expertise sur les questions de plus long terme et consolider l’aide au développement : accès à l’eau, logements, éducation…
C’était pourtant ma volonté et mon souhait depuis longtemps de voir l’ONG LIFE intégrer ce type de savoir-faire, sachant que depuis des années nous travaillons évidemment en étroite collaboration avec toutes les structures, ONG et OI, de première urgence, auprès desquelles nous avons énormément appris et nous sommes formés. Suffisamment en tout cas pour permettre aujourd’hui la création d’un département « opérations d’urgence » au sein de LIFE.
Quel a été l’élément déclencheur du changement ?
Les choses ont changé progressivement lors du séisme en Turquie tout d’abord, puis plus profondément lors du séisme au Maroc. J’ai commencé par faire plusieurs voyages en Turquie pour comprendre précisément la façon dont s’organisaient les secours en première urgence, au-delà de l’aide que nous avons apporté sur place. J’ai pu ensuite mettre ce savoir en pratique au Maroc où je me trouvais au moment du tremblement de terre. En coordination avec notre bureau exécutif – je suis codécideur – nous sommes parvenus très rapidement à monter une opération à partir de zéro, grâce à des contacts personnels sur place. Nous avons pu rapidement bénéficier d’un logement pour nos équipes et d’un entrepôt pour notre logistique. Compte tenu de notre présence quasi immédiate sur les lieux, en nombre et avec une logistique déjà opérationnels, nous avons d’ailleurs de fait pris le lead sur l’action au Maroc de la plupart des ONG étrangères.
Quelles sont les difficultés propres à ce type d’actions humanitaires ?
Il est très important de se coordonner tout de suite avec l’ensemble des acteurs locaux, nationaux et étrangers, dans une logique de répartition des tâches entre l’Etat et les ONG. Il s’agit de concentrer notre action sur les tâches que l’Etat ne peut pas prendre en charge dans l’urgence, dans le contexte d’un séisme qui a touché une très large zone, de Tanger à Agadir en passant par Marrakech, mais toujours en coordination avec les autres ONG et en réponse aux besoins réels des populations.
Il faut d’ailleurs savoir prendre de la hauteur sur ces situations pour être réellement efficace, en dépit des drames humains auxquels nous sommes confrontés dans des situations d’urgence. Je m’explique : au Maroc, une fois réglée la question des urgences médicales, est arrivé le moment où toutes les ONG sur place se sont emparées de la question du logement des populations sinistrées. Elles se sont logiquement ruées sur les tentes pour mettre à l’abri dans l’urgence le plus de personnes possible. L’Etat marocain s’est également emparé du sujet du logement rapidement. Alors plutôt que d’ajouter à la cohue logistique sur ce sujet déjà plus que largement couvert, nous avons pris le parti de réfléchir à ce que nous pouvions concrètement apporter aux populations sinistrées et à des solutions plus pérennes de logement. Une fois la phase d’urgence terminée, nous avons pu asseoir notre expertise, le développement, et dérouler un certain nombre de projets, comme la construction d’une école en bois, sachant que nous avons 11 autres écoles en cours de construction. Nous avons en plus un projet de 50 logements dans des zones montagneuses.
Avez-vous une zone d’intervention privilégiée et des situations « préférentielles » sur lesquelles vous concentrez votre action ?
Nous intervenons dans le monde entier, de la France à l’Asie, puisque notre action peut concerner aussi bien l’aide aux personnes en situation de précarité en France (SDF, migrants, voire étudiants) que les réfugiés syriens, les victimes subsahariennes du changement climatique ou les populations Rohingyas réfugiées au Bangladesh concrètement.
Il s’agit à chaque fois d’apporter des solutions de développement pérennes, pour aider à la fois les populations les plus vulnérables, comme des réfugiés, mais aussi les populations locales qui ne doivent pas se sentir lésées par rapport à notre action en faveur de telles ou telles communautés. C’est ce que nous appelons des actions couplées.
La philosophie générale de notre action, partagée par l’ensemble des membres de l’ONG LIFE, reste un humanisme sans distinction de pays, de race ou de religion. Notre histoire est celle de nos actions ; notre identité, ce sont les valeurs qui nous portent tous. Si ces valeurs ont été à l’origine de notre action en France, très rapidement, elles nous ont portés à intervenir contre toutes les formes d’inégalités, partout où nous pouvons agir.
Toute notre action repose sur un plan stratégique établit un an à l’avance et qui définit les grandes orientations de notre action pour les 4 ou 5 années à venir, ainsi que les zones d’intervention privilégiées. Ce plan s’attache aussi à prévoir les synergies possibles entre les différents volets de notre action pour répondre au mieux aux besoins généraux des zones dans lesquelles nous intervenons. Il ne s’agit pas par exemple de mettre des châteaux d’eau dans tous les villages d’Afrique sub-saharienne, mais plutôt de comprendre et d’agir sur le long terme sur tous les besoins d’un village ou d’une région : eau, reforestation, éducation…
Au-delà du plan, nous nous gardons évidemment des marges de manœuvres pour pouvoir agir ou réagir en fonction des urgences ou des « opportunités » qui se présentent. Ce fut par exemple le cas au Maroc.
Plus précisément, comment s’est organisée votre action par rapport aux secours d’urgence ?
Au regard de notre expérience et de nos résultats, nous savons que LIFE compte parmi les ONG sur les sujets de développement. Mais jusqu’à très récemment, faute de ressources humaines qualifiées dans ce domaine, LIFE ne participait pas aux interventions de premières urgences. Nous intervenions exclusivement dans un deuxième temps, en « post-urgence » une fois les situations d’urgence stabilisées pour apporter notre aide et notre expertise sur les questions de plus long terme et consolider l’aide au développement : accès à l’eau, logements, éducation…
C’était pourtant ma volonté et mon souhait depuis longtemps de voir l’ONG LIFE intégrer ce type de savoir-faire, sachant que depuis des années nous travaillons évidemment en étroite collaboration avec toutes les structures, ONG et OI, de première urgence, auprès desquelles nous avons énormément appris et nous sommes formés. Suffisamment en tout cas pour permettre aujourd’hui la création d’un département « opérations d’urgence » au sein de LIFE.
Quel a été l’élément déclencheur du changement ?
Les choses ont changé progressivement lors du séisme en Turquie tout d’abord, puis plus profondément lors du séisme au Maroc. J’ai commencé par faire plusieurs voyages en Turquie pour comprendre précisément la façon dont s’organisaient les secours en première urgence, au-delà de l’aide que nous avons apporté sur place. J’ai pu ensuite mettre ce savoir en pratique au Maroc où je me trouvais au moment du tremblement de terre. En coordination avec notre bureau exécutif – je suis codécideur – nous sommes parvenus très rapidement à monter une opération à partir de zéro, grâce à des contacts personnels sur place. Nous avons pu rapidement bénéficier d’un logement pour nos équipes et d’un entrepôt pour notre logistique. Compte tenu de notre présence quasi immédiate sur les lieux, en nombre et avec une logistique déjà opérationnels, nous avons d’ailleurs de fait pris le lead sur l’action au Maroc de la plupart des ONG étrangères.
Quelles sont les difficultés propres à ce type d’actions humanitaires ?
Il est très important de se coordonner tout de suite avec l’ensemble des acteurs locaux, nationaux et étrangers, dans une logique de répartition des tâches entre l’Etat et les ONG. Il s’agit de concentrer notre action sur les tâches que l’Etat ne peut pas prendre en charge dans l’urgence, dans le contexte d’un séisme qui a touché une très large zone, de Tanger à Agadir en passant par Marrakech, mais toujours en coordination avec les autres ONG et en réponse aux besoins réels des populations.
Il faut d’ailleurs savoir prendre de la hauteur sur ces situations pour être réellement efficace, en dépit des drames humains auxquels nous sommes confrontés dans des situations d’urgence. Je m’explique : au Maroc, une fois réglée la question des urgences médicales, est arrivé le moment où toutes les ONG sur place se sont emparées de la question du logement des populations sinistrées. Elles se sont logiquement ruées sur les tentes pour mettre à l’abri dans l’urgence le plus de personnes possible. L’Etat marocain s’est également emparé du sujet du logement rapidement. Alors plutôt que d’ajouter à la cohue logistique sur ce sujet déjà plus que largement couvert, nous avons pris le parti de réfléchir à ce que nous pouvions concrètement apporter aux populations sinistrées et à des solutions plus pérennes de logement. Une fois la phase d’urgence terminée, nous avons pu asseoir notre expertise, le développement, et dérouler un certain nombre de projets, comme la construction d’une école en bois, sachant que nous avons 11 autres écoles en cours de construction. Nous avons en plus un projet de 50 logements dans des zones montagneuses.
Avez-vous une zone d’intervention privilégiée et des situations « préférentielles » sur lesquelles vous concentrez votre action ?
Nous intervenons dans le monde entier, de la France à l’Asie, puisque notre action peut concerner aussi bien l’aide aux personnes en situation de précarité en France (SDF, migrants, voire étudiants) que les réfugiés syriens, les victimes subsahariennes du changement climatique ou les populations Rohingyas réfugiées au Bangladesh concrètement.
Il s’agit à chaque fois d’apporter des solutions de développement pérennes, pour aider à la fois les populations les plus vulnérables, comme des réfugiés, mais aussi les populations locales qui ne doivent pas se sentir lésées par rapport à notre action en faveur de telles ou telles communautés. C’est ce que nous appelons des actions couplées.
La philosophie générale de notre action, partagée par l’ensemble des membres de l’ONG LIFE, reste un humanisme sans distinction de pays, de race ou de religion. Notre histoire est celle de nos actions ; notre identité, ce sont les valeurs qui nous portent tous. Si ces valeurs ont été à l’origine de notre action en France, très rapidement, elles nous ont portés à intervenir contre toutes les formes d’inégalités, partout où nous pouvons agir.