L’agriculture serait un véritable commerce dont la finalité unique est le bénéfice. Mais n’est-ce pas justement parce qu’elle est plus que cela, qu’elle nous nourrit, que la population a certaines attentes et s’en préoccupe autant ?
Sur le premier point, il faut noter que l’agriculture est une activité économique comme une autre, ce qui veut dire qu’elle a ses spécificités, ses externalités et qu’elle n’a pas qu’une finalité. La profession qu’on occupe s’inscrit dans de nombreuses logiques très complexes.
Cela semble encore plus le cas avec l’agriculture, qui semble être souvent une histoire de famille, avec une logique d’héritage forte. Dans une des interviews d’agriculteurs, la tristesse de la non-reprise par les enfants est tangible : « Être le dernier d’une lignée, c’est très difficile… d’être le responsable de la fin. » (Ernest, p.34) Il y a une logique de durabilité très importante : votre terre, c’est votre outil de travail.
Cela semble encore plus le cas avec l’agriculture, qui semble être souvent une histoire de famille, avec une logique d’héritage forte. Dans une des interviews d’agriculteurs, la tristesse de la non-reprise par les enfants est tangible : « Être le dernier d’une lignée, c’est très difficile… d’être le responsable de la fin. » (Ernest, p.34) Il y a une logique de durabilité très importante : votre terre, c’est votre outil de travail.
« On est bien obligés de gérer sur du long terme. Je suis installé, je sais que je vais faire 40 moissons, le but c’est d’aller au bout des 40 moissons. Je vais pas faire un truc, sur un coup de tête, où je sais que je vais récolter une année et que dans 20 ans je pourrai plus rien récolter. Enfin, j’veux dire, c’est pas dans mon intérêt. […] au minimum jusqu’au bout, voire au-delà. […] » (François, p.40)
Si le bénéfice est important, comme pour toutes les activités économiques, c’est loin d’être la seule dimension et il ne contredit pas une conduite durable de sa ferme. C’est même d’ailleurs plutôt l’inverse : les phytosanitaires coûtent cher et ont des effets secondaires bien connus, les agriculteurs en mettent aussi peu que possible.
Sur le second point, il faut nuancer : les attentes de la population ne sont pas directement liées à ce qu’elle met dans son assiette. Ce que les agriculteurs ne produiront pas à cause de normes étouffantes et absurdes qu’elle impose, elle l’importera. En outre, il y a une hypocrisie assez forte à ce niveau. Par exemple, il est fréquent que la demande de lait bio soit inférieure à l’offre et qu’il soit du coup « déclassé » (commercialisé comme du lait conventionnel)… Les actes disent beaucoup plus que les paroles sur ce que veulent les gens. Et les actes d’achat disent que les produits conventionnels, même produits à l’étranger, sont très bien.
Enfin, l’alimentation n’a jamais été aussi saine qu’aujourd’hui. La psychose collective autour de l’alimentation repose surtout sur le fait que le marché pour entretenir cette psychose est très lucratif, tant sur le plan commercial que politique. Pour le citoyen, il s’agit juste de se donner bonne conscience, de gagner le sentiment d’avoir un peu de contrôle sur ce qui l’entoure. La réalité de notre alimentation n’a pas grand-chose à voir dans tout ça.
Enfin, l’alimentation n’a jamais été aussi saine qu’aujourd’hui. La psychose collective autour de l’alimentation repose surtout sur le fait que le marché pour entretenir cette psychose est très lucratif, tant sur le plan commercial que politique. Pour le citoyen, il s’agit juste de se donner bonne conscience, de gagner le sentiment d’avoir un peu de contrôle sur ce qui l’entoure. La réalité de notre alimentation n’a pas grand-chose à voir dans tout ça.
Financièrement les agriculteurs peinent à s’en sortir. Faut-il augmenter les prix des produits ou changer les méthodes de vente en valorisant par exemple, la vente directe ?
Tout d’abord, il ne faut pas généraliser, beaucoup d’agriculteurs s’en sortent bien (même si j’ai l’impression que leur charge de travail est souvent délirante) et beaucoup ont du mal. C’est plus compliqué qu’il n’y paraît. Il faut faire attention à l’idée qu’on ne devrait pas pouvoir s’enrichir en faisant de l’agriculture. C’est extrêmement démobilisant et injuste : pourquoi devraient-ils avoir un statut inférieur ? Qui le tolérerait ? Il s’agit d’une activité économique comme une autre.
S’agissant des prix, ils sont définis par le marché. C’est notamment le cas pour le blé, dont les cours sont mondiaux. Pour plus de détails, notamment sur le fonctionnement des coopératives, il faudrait discuter avec des agriculteurs ou para-agriculteurs.
S’agissant de la vente directe, elle ne peut concerner qu’une petite partie des productions. Par exemple, vous êtes forcés d’usiner votre blé ou vos betteraves avant de les manger… Même les petits pois ont besoin d’être écossés avant de pouvoir être consommés ! Enfin, il y a le problème de la logistique : vous devez avoir quelqu’un de présent pour faire la vente, le local, etc. Même pour le consommateur ce n’est pas forcément pratique : il faut faire un trajet en plus. Enfin, ce n’est pas parce que vous avez une plus grande part de la valeur ajoutée que vous gagnez mieux votre vie. Bref, c’est un mode de distribution qui a ses atouts, c’est d’ailleurs pour cela qu’il est déjà largement utilisé, mais ce n’est pas une solution globale.
La question du partage de la valeur ajoutée est un vrai sujet, mais encore une fois, ce sont les agriculteurs et leurs représentants qui pourront être moteurs sur le sujet.
Toutefois, avant de se poser ces questions, la première chose à faire serait, je pense, d’arrêter d’imposer des normes absurdes. Avant d’essayer de faire mieux, il faudrait arrêter de faire n’importe quoi.
S’agissant des prix, ils sont définis par le marché. C’est notamment le cas pour le blé, dont les cours sont mondiaux. Pour plus de détails, notamment sur le fonctionnement des coopératives, il faudrait discuter avec des agriculteurs ou para-agriculteurs.
S’agissant de la vente directe, elle ne peut concerner qu’une petite partie des productions. Par exemple, vous êtes forcés d’usiner votre blé ou vos betteraves avant de les manger… Même les petits pois ont besoin d’être écossés avant de pouvoir être consommés ! Enfin, il y a le problème de la logistique : vous devez avoir quelqu’un de présent pour faire la vente, le local, etc. Même pour le consommateur ce n’est pas forcément pratique : il faut faire un trajet en plus. Enfin, ce n’est pas parce que vous avez une plus grande part de la valeur ajoutée que vous gagnez mieux votre vie. Bref, c’est un mode de distribution qui a ses atouts, c’est d’ailleurs pour cela qu’il est déjà largement utilisé, mais ce n’est pas une solution globale.
La question du partage de la valeur ajoutée est un vrai sujet, mais encore une fois, ce sont les agriculteurs et leurs représentants qui pourront être moteurs sur le sujet.
Toutefois, avant de se poser ces questions, la première chose à faire serait, je pense, d’arrêter d’imposer des normes absurdes. Avant d’essayer de faire mieux, il faudrait arrêter de faire n’importe quoi.
Faut-il pointer du doigt les écologistes qui peuvent avancer qu’in fine ils promeuvent une alimentation locale, française et issue du commerce équitable ?
On peut se donner les prétextes qu’on veut pour faire n’importe quoi. Si vous mettez une énorme claque à quelqu’un, vous pouvez toujours dire que c’était pour le sauver de la piqûre d’un taon ou d’une énorme araignée…
Les agribashistes (notamment EELV et LFI) dégradent l’agriculture, forcent les agriculteurs à utiliser des solutions moins viables, désinforment à l’aide de campagnes de communication élaborées, diffusent un mépris terrifiant contre les agriculteurs, encouragent les violences contre les agriculteurs et démontrent même leur plus absolu mépris en affirmant les défendre. Ce qu’ils prétendent, c’est leur affaire et celle de ceux qui les croient.
En outre, j’encouragerais à parler de « pseudo-écologistes » pour parler des militants et politiciens écologistes actuels, dont les discours n’ont rien d’écologique et tout de politique.
Les agribashistes (notamment EELV et LFI) dégradent l’agriculture, forcent les agriculteurs à utiliser des solutions moins viables, désinforment à l’aide de campagnes de communication élaborées, diffusent un mépris terrifiant contre les agriculteurs, encouragent les violences contre les agriculteurs et démontrent même leur plus absolu mépris en affirmant les défendre. Ce qu’ils prétendent, c’est leur affaire et celle de ceux qui les croient.
En outre, j’encouragerais à parler de « pseudo-écologistes » pour parler des militants et politiciens écologistes actuels, dont les discours n’ont rien d’écologique et tout de politique.
Vous dénoncez l’intérêt financier derrière l’agribashing. Estimez-vous que ces personnes luttent sans conviction profonde ?
Cela dépend. Globalement, vous retrouvez la question des rétributions du militantisme, notamment développée par Daniel Gaxie (ses articles sont accessibles en ligne, je vous encourage à les consulter). Vous avez évidemment des retours directement financiers, notamment pour les distributeurs comme Biocoop, mais aussi des retours en termes d’audience et d’image, qui sont très intéressants notamment pour les avocats (Corinne Lepage), les réalisateurs de films (Cyril Dion) et beaucoup d’autres professions. Sur le plan psychologique, vous allez trouver des logiques très personnelles, comme le fait de trouver un moyen d’apaiser son écoanxiété, et des logiques plus sociales, comme les liens créés au fil du militantisme. Mon opinion est que la dimension psychologique est celle qui donne à l’agribashing toute sa force, au niveau des militants et des consommateurs : c’est eux qui font la « taille de marché » et attirent les entrepreneurs.
Néanmoins, les dimensions commerciales peuvent être effectivement exclusives. J’ai beaucoup de mal à croire à une quelconque forme de sincérité chez les principaux leaders agribashistes, comme Corinne Lepage, Stéphane Foucart, Yannick Jadot, José Bové, Benoît Biteaux, etc. Ensuite, ces différentes dimensions peuvent s’entremêler. Imaginez : vous répétez les mêmes choses depuis que vous êtes adolescents, avez structuré tout votre cercle social autour de vos discours, votre fonction même en dépend… est-ce que vous pourriez admettre vous être trompé ? Dire à tous ceux que vous avez convaincu de croire ce que vous croyez qu’en réalité, vous aviez tort ? Renoncer à votre mode de vie, devoir trouver un autre emploi ? Les logiques financières, sociales et psychologiques peuvent ainsi interagir pour vous « forcer » à construire une « conviction profonde » qui vous protégera de cette réalité traumatisante. Ce n’est évidemment qu’une illustration des interactions possibles entre les différentes rétributions.
Finalement, je ne pense pas que cela ait vraiment de l’importance. Ils peuvent se convaincre de ce qu’ils veulent, avoir les motifs qu’ils veulent, cela les regarde. Cela n’enlève rien au mal qu’ils font.
Néanmoins, les dimensions commerciales peuvent être effectivement exclusives. J’ai beaucoup de mal à croire à une quelconque forme de sincérité chez les principaux leaders agribashistes, comme Corinne Lepage, Stéphane Foucart, Yannick Jadot, José Bové, Benoît Biteaux, etc. Ensuite, ces différentes dimensions peuvent s’entremêler. Imaginez : vous répétez les mêmes choses depuis que vous êtes adolescents, avez structuré tout votre cercle social autour de vos discours, votre fonction même en dépend… est-ce que vous pourriez admettre vous être trompé ? Dire à tous ceux que vous avez convaincu de croire ce que vous croyez qu’en réalité, vous aviez tort ? Renoncer à votre mode de vie, devoir trouver un autre emploi ? Les logiques financières, sociales et psychologiques peuvent ainsi interagir pour vous « forcer » à construire une « conviction profonde » qui vous protégera de cette réalité traumatisante. Ce n’est évidemment qu’une illustration des interactions possibles entre les différentes rétributions.
Finalement, je ne pense pas que cela ait vraiment de l’importance. Ils peuvent se convaincre de ce qu’ils veulent, avoir les motifs qu’ils veulent, cela les regarde. Cela n’enlève rien au mal qu’ils font.