À l’occasion de la mort du chanteur folk Graeme Allwright, le 16 février dernier, la Matinale de France Inter avait joué quelques mesures d’un de ses titres les plus connus, « Il faut que je m’en aille [1] », dont le refrain nous enjoint à « boire une dernière fois, à l’amitié, l’amour, la joie… ». La rengaine avait alors ravivé la nostalgie de générations de moniteurs de colonies de vacances et, les souvenirs de guitare à la veillée, des premières gorgées de bière… Huit semaines plus tard, on en vient à craindre que la bouteille partagée entre amis ne soit plus elle aussi qu’un lointain souvenir.
Bien peu nombreux ont été les experts et les politiques à avoir véritablement anticipé les conséquences planétaires de la crise du Covid-19. Encore moins nombreux sont ceux qui peuvent se targuer aujourd’hui d’esquisser sérieusement les contours crédibles de notre vie d’après la pandémie. Hélas, on ne doute guère qu’il faille toutefois croire les experts qui prédisent que le choc macroéconomique que nous vivons aura des conséquences cataclysmiques durables au niveau microéconomique.
Le millésime 2020 sera peut-être exceptionnel dans la bouteille mais catastrophique d’un point de vue commercial
La filière vin, pourtant habituée aux coups du sort, gel, grêle, sécheresse… est KO debout. Certes, coûte que coûte les vins se feront. Ils seront certainement très bons, peut-être même que le millésime 2020 sera exceptionnel, si la météo est favorable.
Il n’en sera évidemment pas de même pour l’économie de la filière qui vit dès à présent une « annus horribilis » [2]. Même si on continue de boire du vin pendant le confinement, même si les rayons vin de la grande distribution et les cavistes encore ouverts sont réapprovisionnés, les palettes de vin s’entassent tristement dans les chais des producteurs, des distributeurs, des importateurs ou des grossistes, sans espoir d’être vendues dans un avenir proche. Avec le déconfinement, on espère que les transactions reprendront petit à petit, mais nul ne sait réellement à quel rythme. Quoi qu’il en soit, ce qui n’a pas été bu ces dernières semaines ne le sera jamais.
Le sort de la filière vin est lié à la santé de la restauration
Pour les vins français, l’épée de Damoclès qui pèse sur l’avenir des restaurants, en France, en Europe, dans le monde constitue le danger immédiat le plus pressant. Vignerons et restaurateurs sont commensaux, leurs sorts sont indissociables. À la fragilité structurelle de la restauration française (BFR négatif, dette, emplois non pourvus) vient s’ajouter l’impact de la crise et surtout l’incertitude sur la date et sur les modalités de la réouverture. La consommation « on-trade » (cafés, hôtels, bars, restaurants) représente bon an mal an 40% du chiffre d’affaire de la filière vinicole en France. Une large part du demi-million d’emplois [3] directs et indirects de la filière vin sera noyée si trop de restaurateurs prennent le bouillon.
Des initiatives solidaires
L’industrie du vin est un « people’s business » dont la culture, basée sur la rencontre, les dégustations et les négociations le verre à la main s’accommodera difficilement des « gestes barrière » qui encombreront notre quotidien dans le futur. Certains se projettent déjà dans un monde où le digital relaiera ces échanges à risque [4]… d’autres initient des démarches solidaires de soutien aux restaurateurs et aux vignerons comme J’AIME MON VIGNERON en attendant, qui sait, de retrouver un monde un peu plus sage, où l’on chérira ce qui nous manque le plus en ce moment et qui nous définit comme êtres sociaux : les rencontres. « Buvons encore une dernière fois, à l’amitié, l’amour, la joie ».
Sébastien BUREL
Fondateur de FERMYNT
Bien peu nombreux ont été les experts et les politiques à avoir véritablement anticipé les conséquences planétaires de la crise du Covid-19. Encore moins nombreux sont ceux qui peuvent se targuer aujourd’hui d’esquisser sérieusement les contours crédibles de notre vie d’après la pandémie. Hélas, on ne doute guère qu’il faille toutefois croire les experts qui prédisent que le choc macroéconomique que nous vivons aura des conséquences cataclysmiques durables au niveau microéconomique.
Le millésime 2020 sera peut-être exceptionnel dans la bouteille mais catastrophique d’un point de vue commercial
La filière vin, pourtant habituée aux coups du sort, gel, grêle, sécheresse… est KO debout. Certes, coûte que coûte les vins se feront. Ils seront certainement très bons, peut-être même que le millésime 2020 sera exceptionnel, si la météo est favorable.
Il n’en sera évidemment pas de même pour l’économie de la filière qui vit dès à présent une « annus horribilis » [2]. Même si on continue de boire du vin pendant le confinement, même si les rayons vin de la grande distribution et les cavistes encore ouverts sont réapprovisionnés, les palettes de vin s’entassent tristement dans les chais des producteurs, des distributeurs, des importateurs ou des grossistes, sans espoir d’être vendues dans un avenir proche. Avec le déconfinement, on espère que les transactions reprendront petit à petit, mais nul ne sait réellement à quel rythme. Quoi qu’il en soit, ce qui n’a pas été bu ces dernières semaines ne le sera jamais.
Le sort de la filière vin est lié à la santé de la restauration
Pour les vins français, l’épée de Damoclès qui pèse sur l’avenir des restaurants, en France, en Europe, dans le monde constitue le danger immédiat le plus pressant. Vignerons et restaurateurs sont commensaux, leurs sorts sont indissociables. À la fragilité structurelle de la restauration française (BFR négatif, dette, emplois non pourvus) vient s’ajouter l’impact de la crise et surtout l’incertitude sur la date et sur les modalités de la réouverture. La consommation « on-trade » (cafés, hôtels, bars, restaurants) représente bon an mal an 40% du chiffre d’affaire de la filière vinicole en France. Une large part du demi-million d’emplois [3] directs et indirects de la filière vin sera noyée si trop de restaurateurs prennent le bouillon.
Des initiatives solidaires
L’industrie du vin est un « people’s business » dont la culture, basée sur la rencontre, les dégustations et les négociations le verre à la main s’accommodera difficilement des « gestes barrière » qui encombreront notre quotidien dans le futur. Certains se projettent déjà dans un monde où le digital relaiera ces échanges à risque [4]… d’autres initient des démarches solidaires de soutien aux restaurateurs et aux vignerons comme J’AIME MON VIGNERON en attendant, qui sait, de retrouver un monde un peu plus sage, où l’on chérira ce qui nous manque le plus en ce moment et qui nous définit comme êtres sociaux : les rencontres. « Buvons encore une dernière fois, à l’amitié, l’amour, la joie ».
Sébastien BUREL
Fondateur de FERMYNT