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« Cheapflation » : une pratique courante mais contestable chez les industriels





Le 18 Avril 2024, par La rédaction

L’organisation Foodwatch continue de lever le voile sur une pratique de plus en plus répandue dans l'industrie agroalimentaire européenne : la « cheapflation », soit la modification discrète des compositions des produits sans en informer clairement les consommateurs, ni ajuster les prix en conséquence.


Une tendance alarmante à la « cheapflation »

Le terme « cheapflation » décrit la modification des recettes d’un produit, souvent par la substitution d'ingrédients de moindre qualité ou moins coûteux, tout en maintenant ou en augmentant le prix de vente. Cette pratique, mise en lumière par Foodwatch dès février dernier, continue de susciter des réactions parmi les consommateurs européens. 

Audrey Morice, chargée de campagne chez Foodwatch, rapporte avoir reçu une centaine de signalements depuis le début de leur enquête, indiquant une problématique probablement plus vaste que ce que l'on perçoit. « C'est rarement aussi massif. Cela démontre que le phénomène est probablement d’une ampleur sous-estimée », affirme-t-elle au Parisien.

Parmi les produits récemment examinés, l'escalope cordon-bleu de la marque Le Gaulois montre une réduction de la quantité de viande et d'emmental, avec une augmentation de la chapelure, malgré une hausse du prix au kilogramme. La marque justifie ces modifications par des problèmes d'approvisionnement liés à la grippe aviaire, tout en affirmant avoir mis à jour les listes d'ingrédients sur les emballages. Cependant, cette explication ne couvre pas tous les cas signalés à Foodwatch, où souvent les anciennes recettes et les raisons des modifications restent inconnues.

Des consommateurs en attente de transparence

Les hachés à poêler de Fleury Michon ont également vu une réduction de leur contenu en jambon de porc, remplaçant une partie du filet par de la viande moins coûteuse, avec une réduction de la quantité globale du produit et une augmentation de prix. La directrice de communication de Fleury Michon, Charlotte Defrel, cite des réajustements en réponse aux critiques sur la texture du produit et l'augmentation des coûts de production, tout en soulignant que la valeur nutritionnelle n’a pas changé depuis 2020.

Un autre cas est celui du yaourt Skyr Siggi's vanille, dont la teneur en sirop d'agave a légèrement augmenté, alors que le produit est commercialisé comme moins sucré. La marque affirme répondre à une demande des consommateurs pour une saveur plus douce tout en maintenant une réduction de sucre par rapport aux autres spécialités laitières.

La situation actuelle révèle un besoin criant de transparence dans l'industrie agroalimentaire, particulièrement en ce qui concerne la composition des produits et la justification des prix. Malgré les enquêtes et les pressions exercées par des organisations comme Foodwatch, les réponses des entreprises sont souvent jugées insatisfaisantes, laissant un goût amer chez les consommateurs européens. 

Le ministre Bruno Le Maire a été interpellé sur cette question, mais aucune proposition concrète n’a encore été formulée pour réguler efficacement ces pratiques. Foodwatch continue de maintenir la pression pour encourager un changement significatif, dans l'espoir d’une amélioration de la situation.




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