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Covid19 : gestion de crise et confinement généralisé de tout un pays, la bonne approche ?





Le 17 Avril 2020, par Jean-Paul Dumer

La gestion de crise chaotique du gouvernement nous amène à nous interroger sur l’efficacité des mesures de confinement. Entre hésitations, mensonges, aveux d’impuissance de la communauté scientifique, et décisions absurdes, le confinement apparaît comme la seule solution miracle pour faire face à l’épidémie. Réalité ? Erreurs ? Report du problème ?


Ordre et contre ordre

La crise du covid19 a donné lieu depuis le début de l’année à une succession de retournements du discours public, sous une forme contradictoire et de plus en plus anxiogène. D’abord, le virus ne pourrait pas quitter la Chine et resterait local. Et puis non, il s’est répandu dans le monde entier. D’abord, ce n’était qu’une simple grippe, rien d’inquiétant. Et puis non, le covid19 est apparu comme très contagieux et bien plus létal que la grippe saisonnière. D’abord, on ne pouvait pas fermer les frontières car le virus n’a pas de passeport. Et puis non, en fin de compte, on pouvait fermer les frontières et on l’a fait. D’abord, on allait continuer à vivre normalement, il fallait juste se laver les mains un peu plus souvent. Et puis non, il a fallu ordonner le confinement. D’abord, les masques ne servaient à rien. Et puis non, les masques sont utiles, et on nous annonce une prochaine « réévaluation de la doctrine », autrement dit un revirement complet et le probable port obligatoire du masque. D’abord, le Professeur Raoult proposait un protocole de soins dangereux, inefficace, et dénué de rigueur scientifique. Et puis non, en fin de compte, on observe que ce protocole est pratiqué dans de nombreux pays avec semble-t-il un certain succès, et là encore on commence à « réévaluer la doctrine ».

Bref, naturellement, face à ces multiples voltes-faces, l’opinion publique, à travers les réseaux sociaux, a développé différentes théories complotistes au fur et à mesure que la parole publique se démonétisait. D’abord, ce sont les Chinois, qui auraient propagé un virus pour mettre à terre les économies occidentales pour racheter leurs entreprises à bon compte. Ensuite, un virus se serait échappé d’un laboratoire de recherche ultra-secret. Enfin, le gouvernement français mentirait sciemment au peuple parce qu’il serait corrompu par les Big Pharma qui attendent d’avoir développé un médicament et un vaccin très chers. Cette agitation complotiste a été d’autant plus vigoureuse que le confinement ne laisse que peu de communication à part les réseaux sociaux.

Des décisions fondées sur des motifs irrationnels

En réalité, on assiste probablement à une situation dans laquelle les autorités publiques se trouvent soudainement plongées de la gestion quotidienne à la gestion de crise, à laquelle ses membres ne semblent pas bien préparés, et en conséquence doivent naviguer à vue, en raison d’une part d’un manque d’information et de recul, et d’autre part de quatre principaux paramètres contraignant fortement l’action publique. Le choix du confinement généralisé de tout un pays s’inscrit dans cette situation inédite.
  • Le premier paramètre contraignant est celui de la mémoire : chacun se souvient de l’affaire du sang contaminé, et aucun dirigeant politique ne veut faire l’objet de poursuites pénales pour avoir été trop imprudent dans la gestion d’une crise sanitaire. Ainsi, ordonner le confinement généralisé de tout un pays est un bon moyen d’écarter toute critique : si le virus continue de se propager, ce n’est plus la conséquence de l’incapacité de l’Etat, mais en raison du manque de prudence de la population, qui n’applique pas bien le confinement et qui se retrouve responsable et coupable du malheur qui la frappe.
  • Le second paramètre contraignant est le développement vertigineux du principe de précaution. L’opinion publique attend des autorités la recherche du zéro mort, même dans une situation de propagation déjà largement acquise du virus, qui entraîne inéluctablement des milliers de décès. Ainsi, ordonner le confinement généralisé permet là encore de transférer la responsabilité de la propagation de l’Etat vers la population elle-même.
  • Le troisième paramètre contraignant tient au fait que les dirigeants politiques, à l’instar des médias, ont adopté depuis quelques années un mode de communication non plus fondé sur la raison, mais sur l’émotion. Ainsi, on ordonne le confinement généralisé, c’est-à-dire l’arrêt total de l’économie, et donc des capacités financières de faire face aux besoins de la population permettant de lutter contre la pandémie, sur fond de vidéos dramatiques qui présentent des soignants débordés et épuisés et des patients intubés qui luttent pour respirer entre la vie et la mort. Mais on ne montre pas le désastre financier, l’incapacité à investir en raison d’un endettement durablement excessif, la croissance atone en résultant, le chômage massif, les faillites, les dépressions et les suicides, qui viendront bien entendu après que les dégâts économiques seront devenus gigantesques.
  • Le quatrième paramètre contraignant est le mimétisme : dès lors que les Chinois ont pris une mesure de confinement pour juguler le développement du covid19, cette solution a été adoptée par les Etats les uns après les autres, par crainte que l’opinion publique reproche de ne pas avoir mis en œuvre cette solution, pourtant médiévale et appliquée alors pour la peste. On pouvait comprendre que les autorités chinoises décident de protéger le reste de la Chine en confinant une région. Mais comment expliquer le confinement de tout un pays et non pas les seules zones dans lesquelles le virus s’est propagé ? Même la Chine ne l’a pas fait…
  
En raison de ces quatre paramètres contraignants irrationnels, les autorités publiques françaises ont décidé un confinement général de tout le pays. La motivation de ce confinement est d’éviter la propagation. Or, l’immunité ne sera acquise, selon les scientifiques que si plus de 60% de la population est atteinte et développe une immunité. Ce qui évidemment est incompatible avec le confinement, qui au final ne met pas fin à la propagation mais ralentit seulement sa progression en l’étalant dans le temps.

Le confinement est-il une solution pour sauver des vies ou repousse-t-il le problème ?

Sauvons-nous des vies en ralentissant la progression du covid19 ? Oui, sans doute, nous expliquent les scientifiques si l’on considère les capacités des services hospitaliers, puisque le nombre de patients traités simultanément est évidemment limité. D’où le mot d’ordre : « restez chez vous ».

Cette situation démontre que l’urgence est d’abord de commander du matériel permettant de traiter simultanément beaucoup plus de patients, puisque le véritable problème est l’insuffisance des moyens hospitaliers, face à une situation de pandémie certes exceptionnelle mais pas imprévisible, au regard des précédents historiques, comme la grippe de Hong Kong qui avait fait un million de morts en 1968 dont 31.000 en France...

Une fois qu’on a constaté cela, en revanche, on comprend bien que le virus va continuer de se répandre, mais plus lentement, et qu’à la fin il y aura de nombreux décès, et que les patients seront soit guéris soit immunisés, de sorte la pandémie prendra fin.

Mais alors il est permis, sans être scientifique ni médecin, de s’interroger sur le choix politique du confinement généralisé de tout un pays, méthode médiévale entraînant des conséquences économiques ruineuses pour l’ensemble du pays.

D’autant qu’on peut sérieusement douter de l’efficacité du confinement généralisé de tout le pays. En effet, dans les zones rurales ou à faible densité, on observe très peu de cas, ce qui est bien naturel puisque les échanges sociaux y sont réduits, confinement ou pas. A quoi alors sert de confiner les populations de ces régions ? Et dans les régions à forte densité, il est permis de s’interroger sur la réalité des effets positifs du confinement, lorsqu’on voit notamment que les EHPAD parisiens continuent de voir le virus se propager, en plein confinement. Mais comment pourrait-il en être autrement ? En effet, sauf à exiger de la population qu’elle fasse des réserves suffisantes pour ne plus quitter son domicile sous aucun prétexte pendant toute la durée du confinement, tout le monde a bien compris que les supérettes par exemple sont devenues les nouveaux foyers de propagation. Tour le monde s’y retrouve, sans gants ni masques, dans un même lieu clos… Ainsi, à partir du moment où on ne prend pas la température de manière systématique à l’entrée des lieux recevant le public, et où on n’oblige pas au port du masque, où l’on ne pratique pas le confinement ciblé des personnes infectées, comment peut-on sérieusement prétendre que le confinement généralisé aboutit à l’objectif recherché de réduire la rapidité de propagation dans les zones à forte densité ? La situation de limitation de sortie avec attestation motivée, outre qu’elle porte atteinte à la liberté élémentaire d’aller et venir et qu’elle infantilise les Français, favorise l’arbitraire de contrôles policiers abusifs, et n’empêche en rien la propagation au sein même des commerces notamment alimentaires, dont le personnel est au demeurant en première ligne à l’instar des soignants.

Cette solution du confinement généralisé de tout le pays est-elle donc la solution la plus appropriée ?

Des pays ont choisi – et avec plus d’efficacité - des mesures autres que le confinement généralisé

Plusieurs pays s’en sortent semble-t-il très bien et en tous cas beaucoup mieux que la France confinée, alors même qu’ils n’ont décrété aucun confinement et au contraire ont tout fait pour ne pas interrompre la vie économique et ainsi éviter d’ajouter la ruine économique à la crise sanitaire.

Ces pays ont mis en place des méthodes plus ciblées telles que le dépistage massif, la prise de température systématique, et le suivi des personnes affectées pour détecter la propagation dans leur entourage. Ces pays ont préféré le confinement individuel, à travers le port obligatoire du masque dans les lieux publics et les lieux de travail, par préférence au confinement collectif à domicile paralysant l’économie… Et il semble bien, au vu des résultats, que ces méthodes, qui ont l’immense mérite d’éviter l’arrêt de l’économie, aient pour le moment mieux fonctionné que le confinement généralisé. Est-ce encore une « fake news », ou est-ce la réalité ? Si c’est la réalité, ne faut-il pas surmonter les paramètres contraignants décrits plus haut, et, pour reprendre l’expression lancée par le gouvernement, « réévaluer la doctrine » ?...

Cela permettrait peut-être de limiter les conséquences économiques désastreuses de la situation actuelle.
 




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