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Dorian Dreuil, Secrétaire Général d’Action contre la Faim : « S’engager, c’est s’épanouir et grandir »





Le 18 Avril 2019, par Hubert De LANGLE

Dans son livre, Plaidoyer pour l’engagement citoyen, Dorian Dreuil, Secrétaire Général d’Action contre la Faim, analyse les évolutions du secteur associatif et des organisations non gouvernementales à travers le récit de son engagement. Un essai disponible en librairie le 25 avril, en prévente sur le site de l’éditeur, VA EDITIONS (vapress.fr)


Le JDE : Dorian Dreuil, vous êtes l’auteur de Plaidoyer pour l’engagement citoyen, le regard d’un humanitaire (2019, VA ÉDITIONS). Vous y livrez une analyse sur le bénévolat et l’engagement citoyen. Comment est venu ce besoin de partager votre expérience à travers un essai ?

Dorian Dreuil : L’idée de ce livre est née de discussions que j’ai pu avoir sur mon engagement, avec des proches ou lors de conférences avec le grand public. Je me suis rendu compte que peu de monde connaissait les différentes facettes du bénévolat et surtout, ce que pouvait faire un bénévole au sein d’une grande ONG comme Action contre la Faim. Partant de ce constat j’ai voulu partager mon expérience, comme on évoque une passion. Je voulais raconter les aventures que cela m’a permis de vivre.
On entend souvent des injonctions poussant les jeunes à s’engager. Aujourd’hui ces injonctions ne suffisent plus. Il faut incarner les parcours bénévoles. Il en est de la responsabilité de celles et ceux qui s’engagent que de faire part de leurs parcours.
C’est donc à la fois un essai sur le secteur associatif, le bénévolat et l’évolution des ONG mais aussi sur mon propre engagement bénévole depuis plus de 10 ans au sein d’Action contre la Faim. L’objectif de cet ouvrage est de donner envie aux jeunes de s’engager et de leur donner les informations nécessaires. Car s’informer, c’est déjà agir.

Le JDE : Vous êtes devenu bénévole quand vous aviez 16 ans. 10 ans plus tard, vous occupez la fonction de Secrétaire Général et vous êtes le plus jeune élu au sein du Conseil d’Administration d’une grande ONG. Vous parlez de cet engagement comme d’une passion. Mais quel est concrètement le rôle d’un bénévole d’ACF en France ? Plus largement, le bénévolat rend-il heureux ?

Dorian Dreuil : Bien sûr, le bénévolat est une source d’épanouissement personnel ! Quand j’étais lycéen, j’ai rejoint une délégation départementale d’Action contre la Faim. Dans l’inconscient collectif, une ONG se résume à des humanitaires sur le terrain, sur une zone en guerre, au docteur qui porte un sac de riz en Afrique.
Mais en France il est également possible de s’engager dans cette chaîne d’humanitaires. Les bénévoles ici sont les premiers maillons de la chaîne ! En France, les bénévoles au sein des délégations départementales mobilisent le grand public, ils organisent des évènements de collectes pour maintenir et développer les programmes sur le terrain. Ils sensibilisent les plus jeunes aux combats contre la faim dans le monde. Leur engagement est indispensable pour faire naître une mobilisation citoyenne contre la faim.
Les délégations départementales, présentes dans les grandes villes françaises, doivent ainsi être comprises comme des véhicules permettant à tout un chacun de faire partie d’Action contre la Faim. J’ai pris ce véhicule, car la cause défendue par ACF me parlait : la faim est la première des injustices et, aujourd’hui encore, plus de 800 millions d’estomacs crient famine, et personne ne les entend. Cet engagement m’a permis de vivre des expériences incroyables. À 22 ans je me suis retrouvé sur des plateaux télé et des radios nationales pour porter ce combat. Cet engagement m’a aussi permis de rencontrer des personnalités inspirantes. Dans le livre, je reviens sur de nombreuses anecdotes et aventures que je n’aurais pu vivre sans cette expérience bénévole. On s’engage toujours pour donner (du temps, de l’argent, de l’expertise) mais on découvre très vite qu’on reçoit plus qu’on donne.
Le bénévolat, c’est une affaire de passions heureuses ! Il existe une multitude de causes, d’associations qui permettent à chacun de trouver un jour ce pour quoi il souhaite s’engager. S’engager, c’est s’épanouir et grandir.

Le JDE : Dans votre livre, vous parlez beaucoup d’une France qui s’engage, quelle est la place de la mobilisation citoyenne dans notre société aujourd’hui ?

Dorian Dreuil : Le secteur associatif en France est d’une richesse formidable. Nous vivons dans un pays où le citoyen a fait de la solidarité́ une de ses devises, elle est profondément ancrée dans son histoire. Il existe plus d’un million d’associations, dont 4 sur 5 fonctionnent grâce au seul dévouement des bénévoles. On compte plus de 13 millions de bénévoles, ou 22 millions suivant les études. Sans compter les volontaires en service civique qui sont près de 80 000 alors que ce dispositif existe depuis seulement 10 ans.
Quand on regarde l’histoire, le pouvoir citoyen a la capacité de soulever des montagnes. Les marches pour le climat, les mobilisations lors de la COP21 ou plus récemment celle de la plus grande pétition jamais signée en France : « L’affaire du siècle ». Un collectif de quatre associations, Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France ont décidé d’attaquer l’État français en justice pour qu’il respecte ses engagements climatiques, une première historique.
Cette initiative a réuni en quelques jours près de deux millions de signatures. Un record qui ne saurait que trop montrer la force que peuvent avoir des centaines de milliers de citoyens dès lors qu’ils décident de s’unir !

Le JDE : Dons d’argent, bénévolat, ici ou sur le terrain de vos interventions, adhésion… vous couvrez de nombreuses manières différentes de s’engager. Comment définir l’engagement citoyen ?

Dorian Dreuil : Pour moi, l’engagement citoyen, c’est la somme de ce que vous venez d’énumérer. Parler d’engagement citoyen ou d’engagement associatif c’est ouvrir une large palette d’engagements. On couvre un spectre assez étendu de la solidarité. Chacun doit pouvoir trouver la modalité d’engagement qui lui convient le plus. On peut devenir donateur, adhérent, bénévole selon sa disponibilité, ses revenus ou ses envies. On peut aussi tout faire à la fois ! 

Le JDE : En ce qui concerne le don, beaucoup d’associations ont alerté sur une baisse historique du don en France en 2019. Est-il possible de réinventer le rapport des associations avec leurs donateurs ?

Dorian Dreuil : Il faut réinventer et réenchanter. Pour cela, il faut innovant auprès de nouveaux donateurs. L’arrondi solidaire est par exemple un nouveau dispositif intéressant. Depuis plusieurs années, Action contre la Faim effectue ce type d’opérations dans les boutiques Duty Free des aéroports français de Lagardère Travel Retail. Généralement, durant le mois de juin, le grand public peut arrondir à l’euro supérieur dans les boutiques participantes. Cela permet ainsi de récolter quelques centimes lors du passage en caisse. Un petit ruisseau, qui peut, avec d’autres clients, former de grandes rivières ! Le don par SMS, mesure emblématique de la loi pour une République numérique présentée début octobre 2016, est aussi une formidable nouveauté́. Il y a ainsi pléthore d’exemples de nouvelles manières de donner, indolore pour le donateur, et précieuse pour les associations.

Le JDE : Que diriez-vous à des jeunes qui, aujourd’hui, hésitent à s’engager et à devenir bénévole ?

Dorian Dreuil : Aux jeunes et aux moins jeunes d’ailleurs : qu’il n’y a pas de plus belle aventure que l’engagement. L’associatif est un catalyseur d’émotions. Elles y sont toutes décuplées. La passion est intrinsèque à l’engagement associatif. S’engager c’est se sentir vivant et utile, rien que pour ça, il faut essayer !



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