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Faire des bébés par ectogenèse : un signal faible pas si faible





Le 27 Juin 2023, par Philippe Cahen

Une grande partie du monde ne fait plus de bébés, ou si peu, car elle vit seule ou parce que la survie de l’espèce humaine est en cause … à quelques siècles. Le dernier humain fermera la lumière !


Image Pixabay
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L’ectogenèse
L’ectogenèse est la procréation humaine hors du corps humain donc dans un utérus artificiel.
C’est en rédigeant mon dernier livre, Le chaos de la prospective et comment s’en sortir , éditions Kawa, que j’ai choisi de l’écrire, car auparavant, je trouvais le sujet anti-éthique, ce qu’il est toujours.

La natalité est en berne
Le rythme de la croissance de la population mondiale est en 2020 inférieur à 1% pour la première fois depuis 1950. Dans les deux tiers de la population mondiale, la fécondité est inférieure à 2,1 naissances par femme, soit sous l’assurance de renouveler la population. L’indice (en 2020) est aux États-Unis de 1,64, 1,5 en Europe, 0,84 en Corée, 1,28 en Chine, 2,05 en Inde, 2,7 aux Philippines, mais 6,7 au Niger. En principe, ces bébés moins nombreux de 2020 auront à partir de 2040 encore moins de bébés et ainsi de suite. D’ici 2060, la population japonaise va passer de 125 à 86 millions ! Soit, en 40 ans, 40 millions d’habitants en moins.

Or, moins d’habitants c’est moins de travail, moins de travail c’est moins de production, moins de production, c’est moins de revenus …

La chute des naissances
Une naissance , un bébé, est sans doute l’un des rares actes créatifs spontanés de notre monde, le rappel du seul mammifère qui demande à être nourri, qui tend les bras et sourit, à qui il faut apprendre à marcher … Tout le reste de notre vie d’urbain est matériel, renforcé par la solitude dans ce monde vieillissant. Un monde hors-sol !

D’ailleurs, une grossesse transforme le corps idéalisé de la femme, dérange les sens et l’appétit voire les nuits. Et il faut ajouter que le bébé est le fruit d’un acte sexuel de moins en moins pratiqué.

Et plus la population vieillit, plus les « jeunes » créent des nuisances … Il suffit de voir l’évolution de la nuit à Paris où le silence est obligatoire de plus en plus tôt.

La baisse des naissances peut devenir la disparition du contact avec la vie « réelle ».

La fabrique de bébés
À la stérilité en forte croissance, a répondu la « fivette », voire la mère porteuse. Aujourd’hui, la GPA, la gestation pour autrui, est en question d’autant plus que les couples sont aussi d’hommes ou de femmes.
Comme la GPA a une connotation « esclavagiste », l’ectogenèse arrive comme une réponse. Et d’ailleurs, on ne part pas de zéro.

L’utérus artificiel, l’embryon hors du corps, l’ectogenèse, a déjà eu lieu pour une souris jusqu’au 11e jour en Israël. Elle a partiellement lieu pour une FIV (70% des PMA) ou la prise en charge de très grands prématurés. La recherche travaille aujourd’hui sur ce temps entre le 14e jour et la 24e semaine d’aménorrhée.

La question n’est pas de savoir SI cela est possible, mais QUAND cela sera fait. Les Américains travaillent sur une cavité utérine artificielle avec placenta synthétique et surveillent particulièrement les capacités respiratoires du fœtus (et non pas sous assistance respiratoire comme pour les très grands prématurés).

Les questions éthiques sont immenses. À la « naissance », l’enfant sera-t-il en bonne santé ? Sera-t-il sensible à « sa » mère, et cette mère (son père) elle-même sera-t-elle sensible à « son » bébé. On peut imaginer qu’elle aille régulièrement toucher et parler à la « cavité utérine » …

Peut-être que les chercheurs chinois ne se posent pas cette question d’éthique
La brebis clonée Dolly (en Écosse) est née en 1996 et décédée en 2003. En 2003, la Pr Lu de l’institut de Xiangya était sans doute la chercheuse la plus avancée dans le clonage humain, 5 jours hors de l’utérus. Le clonage reproductif était interdit en Chine, le clonage thérapeutique autorisé, voire soutenu. Cette chercheuse chinoise, ne s’exprimant pas en anglais, n’était pas connue hors de Chine. Dès lors, rien n’interdit de penser que Pr Lu ou d’autres chercheurs inconnus progressent sur le clonage humain ou sur le développement de l’embryon hors du corps de la femme.

Or la Chine a admis pour la première fois en 2022 être en décroissance démographique : moins 850.000 habitants. Elle sera dépassée par l’Inde probablement en 2023 pour un pouvoir qui attendait cette décroissance entre 2025 et 2030. C’est une menace pour l’économie, le coût du travail et finalement pour l’objectif de première puissance mondiale pour le centenaire de la Grande Marche fondatrice, en 2049. Dès lors, il ne serait pas étonnant que le pouvoir soit favorable à l’ectogenèse, à l’utérus artificiel.

Dans cette hypothèse, j’ai mal fait ma recherche : en février 2022, la Chine reconnaissait avancer sur l’ectogenèse sur des souris. L’étape suivante sera l’humain.

L’éthique est variable par pays et évolue
Indépendamment des très nombreuses questions éthiques et de la volonté de développer les naissances, l’ectogenèse répond évidemment, mais partiellement aux questions d’infertilité, à la natalité de femmes de plus en plus âgées, à une forme d’égalité devant le travail, à la volonté d’être parent que l’on soit seul ou en couple, homme ou femme.

Dans ce cadre, en France, la GPA, gestation pour autrui, est dépassée.

Je repars en plongée …

Philippe Cahen
Prospectiviste
Dernier livre, juin 2023 : « Le chaos de la prospective et comment s’en sortir  », éd. Kawa
 


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