Journal de l'économie

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Fêtons l’Europe le 21 août, jamais plus le 9 mai !





Le 12 Mai 2021, par Jean MARSIA

Le 9 mai, date anniversaire de la proposition faite en 1950, par Robert Schuman, d’établir la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), la première étape vers l’Union européenne (UE), a été institué la "journée de l’Europe" . Mais en le fêtant, l’Europe perd de vue que M. Schuman l’a fourvoyée, en proposant un traité entre États et non une constitution.


Jean MARSIA
Jean MARSIA
Le traité de Paris du 18 avril 1951 sur la CECA est un “péché originel”. Il a mis en place des institutions technocratiques, bureaucratiques, non démocratiques et opaques. Elles ont, dès 1954, montré leurs limites, entraînant l’échec de la ratification des traités sur la Communauté européenne de défense et sur la Communauté politique européenne.

Cet échec a heureusement sauvegardé ce qui restait de notre souveraineté et il a été surmonté par les traités de Rome de 1957, qui ont conduit à l’Union douanière et au Marché commun, grâce principalement à Adenauer et à de Gaulle. Ces deux grands hommes ont même dépassé les traités en obtenant, lors du “sommet” des Six à Bad-Godesberg, en 1961, que le Conseil des ministres des Affaires étrangères assure désormais l’intégration de l’Europe, la Commission unifiée par eux gérant les compétences inter-gouvernementales.

Constatant qu’en une dizaine d’années, les gouvernements avaient appris à se concerter et pensant qu’une confédération, c’est-à-dire “la mise en commun de certaines compétences, tout en restant indépendants pour tout le reste”, était nécessaire pour préparer la troisième étape qu’il envisageait de longue date, la fédération, de Gaulle a proposé le Plan Fouchet, un “traité constituant une Union des six États du Marché commun”. Ce traité fut rejeté le 17 avril 1962. Résultat, sauf en matière commerciale, l’Europe désunie ne pèse guère face à la Russie, la Chine, la Turquie, l’Iran, l’Inde, etc., et même au sein de l’Alliance atlantique.

Victor Hugo, le premier, le 21 août 1849, à Paris, au Congrès des amis de la paix universelle, avait invité, mais en vain, à constituer les États-Unis d’Europe et à nouer un pacte transatlantique avec les États-Unis d’Amérique (EUA), pour le maintien de la paix. Richard Coudenhove-Kalergi et Winston Churchill ont repris le flambeau dans l’entre-deux-guerres, sans succès. En 1943, Altiero Spinelli et Ernest Rossi [1] écrivaient : “Le problème qu’il faut résoudre tout d’abord (c’est) l’abolition définitive de la division de l’Europe en États nationaux souverains (…). Le chemin à parcourir n’est pas facile, ni sûr, mais il faut le parcourir, et cela se fera”. Malheureusement, ils n’ont jamais rédigé une constitution fédérale européenne. Elle seule pourrait nous doter de pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire équilibrés et responsables politiquement, aptes à rendre enfin l’Europe souveraine, indépendante, autonome, démocratique et transparente.

L’Europe intergouvernementale ne pèse pas lourd. M. Borrell aurait dû savoir que, sans capacités militaires au moins équivalentes à celles de l’armée turque, il n’est pas envisageable de négocier avec M. Poutine. Il suffit de regarder la parade du 9 mai 2021, célébrant la fin de la Deuxième Guerre mondiale à l’est, pour s’en convaincre [2]. Pour la même raison, Mme von der Leyen n’aurait pas dû aller à Ankara. De plus, devant l’affront, elle aurait dû s’en aller et laisser MM. Erdogan et Michel se ridiculiser.

Citoyens européens, pour des États-Unis d’Europe démocratiques et souverains, qui soient une communauté de destin et de valeurs, un espace de paix et de solidarité, qui protègent les droits humains, l’État de droit et les libertés fondamentales, qui assurent notre sécurité et notre défense, qui sauvegardent nos libertés et notre bien-être, incitons quelques États pionniers à élire l’Assemblée constituante des États-Unis d’Europe, plutôt que de palabrer à la Conférence sur l’avenir de l’Europe ! Et à l’avenir, fêtons l’Europe (et Victor Hugo).

Jean MARSIA
Le colonel administrateur militaire Jean Marsia a d'abord servi dans la logistique de la force terrestre belge, puis il est devenu un expert en marchés publics, ce qui lui a valu d’être en 1998 conseiller au cabinet du ministre Hervé Hasquin, puis attaché au secrétariat administratif et technique du ministre de la Défense André Flahaut de 1999 à 2003. Enfin il a été Directeur de l'Enseignement académique de l'École royale militaire (ERM) de 2003 à 2009. Bien que retraité,  il a été conseiller défense du Premier ministre belge Elio Di Rupo en 2013 et 2014. En 2015, il est devenu docteur en sciences politiques de l’Université libre de Bruxelles et en sciences sociales et militaires de l’ERM, ainsi que le président-fondateur de la Société européenne de défense AISBL (S€D) - www.seurod.eu.
 
[2] Voir Russia Today, https://youtu.be/TWPRvpJ-I5o.



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