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Future mine de lithium dans l’Allier : quel impact économique local ?





Le 6 Septembre 2023, par La Rédaction

Si le département de l’Allier et la région Auvergne Rhône Alpes ont une histoire dense et ancienne en matière d’industrie extractive, ce secteur a connu un net déclin dans la seconde moitié du XXème siècle. Aujourd’hui, la société Imerys prévoit d’ouvrir une mine d’extraction de lithium sur le site de Beauvoir, près de la ville d’Echassières (Allier). Quels sont les conséquences économiques de ce projet à l’échelle locale, notamment en termes de création d’emplois ? Comment ces derniers seront-ils répartis et pourvus ?


L’histoire de la région Auvergne (Auvergne Rhône Alpes depuis la réforme territoriale de 2015) est étroitement liée à celle de l’industrie extractive. Le nom de la commune de Saint-Eloy-les-Mines (dans le Puy-de-Dôme) provient ainsi de l’exploitation de charbon (depuis le début du XXème siècle jusqu’en 1982) sur le territoire de la commune par la Compagnie des forges de Châtillon-Commentry et Neuves-Maisons.

Plus spécifiquement, l’histoire minière de l’Allier remonte au XIXème siècle : les premières mines de charbon ont été ouvertes dans les années 1820 à Commentry et Montvicq, dans le nord du département. L'industrie minière de l'Allier s'est développée tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, du fait de la demande élevée en charbon dans un contexte d’industrialisation croissante. Le XXème siècle a marqué un net recul de l’industrie extractive dans le département du fait de l'essor d’autres sources d'énergie, comme le pétrole et le gaz naturel. Les dernières mines de charbon ont ainsi fermé au cours des années 1970. L’histoire de cette industrie a laissé des traces dans le paysage et la mémoire collective de la région Auvergne Rhône Alpes, comme en témoignent par exemple plusieurs musées (musée de la Mine de Noyant d’Allier, Parc-Musée de la Mine à Saint-Etienne).

Dans un article paru en janvier 2023, Challenges affirmait que la France était « assise sur une mine d'or blanc à exploiter » et décrivait la mine de Beauvoir près d’Echassières comme « l’un des principaux gisements d’Europe ». Etant donné la forte concentration en lithium du site, Imerys prévoit en effet d’extraire 34 000 tonnes du précieux métal par an à partir de 2028, de quoi conférer à la France un rôle moteur dans la transition énergétique, et permettre à l’Europe de diminuer sa dépendance envers les importations de lithium (en provenance d’Amérique Latine, de Chine et d’Australie notamment). Ainsi, la future mine de Beauvoir pourra à terme – quand elle sera totalement opérationnelle – fournir le lithium permettant d’équiper 700 000 véhicules en batteries lithium-ion.

Dans un communiqué paru le 24 octobre 2022, Imerys indiquait que le projet EMILI représentera à terme « près de 1000 emplois directs et indirects ». Dans le détail, environ 60% des emplois totaux seront directs et environ 40% seront indirects. Les emplois directs crées par le projet représentent « entre 300 et 350 postes » à Échassières, et « entre 200 et 250 » au niveau le site de conversion. L’emplacement exact de ce dernier n’est pas encore acté, les villes de Montluçon et Commentry ont d’ores et déjà manifesté un intérêt prononcé pour la future installation. Dans un entretien accordé au journal La Montagne fin mai 2023, Alan Parte (chef du projet chez Imerys) a indiqué qu’ « avec les emplois indirects, on dépassera largement les 1.000 emplois annoncés en octobre ». Si les emplois directs désignent les ingénieurs et ouvriers qui opèreront la mine de Beauvoir, les emplois indirects renvoient aux sous-traitants et fournisseurs (services et équipements) ainsi qu’aux postes liés à la logistique du projet.

Etant donné la logique d’engrenage qui sous tend la transition énergétique (évolutions lentes mais résolues et sans retour vers l’électrification), le site de Beauvoir est amené à devenir l’un des centres européen de référence en matière d’extraction du lithium des roches dures. L’activité de cette future mine s’inscrira en effet sur le long terme avec un risque de « délocalisation » par définition inexistant. La mine de Beauvoir impliquera donc une forte emphase sur la pérennité des emplois pourvus et la transmissions des savoirs faire. Le site d’Echassière présente ainsi le potentiel de devenir un véritable pôle d’expertise venant combler le déficit de compétences en matière d’exploitation minières que la France déplore.

Enfin, les employés seront recrutés au plus près du site de Beauvoir, dans une logique de subsidiarité et par cercles concentriques, c’est-à-dire sur les bassins de Vichy et Montluçon en priorité. Les Université de la région auront un rôle à jouer dans cette quête d’emplois locaux d’Imerys, à la recherche d’ingénieurs de talent pour son projet. La future mine d’Echassières représentera donc un pôle conséquent et durable d’emplois locaux, à même de stimuler l’économie et le dynamisme des communes concernées.
 



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