Journal de l'économie

Envoyer à un ami
Version imprimable

L’agriculture cette inconnue





Le 12 Avril 2023, par Philippe Cahen

Pendant la semaine du Salon International de l’Agriculture, on voit même de vrais agriculteurs sur nos écrans et les enfants vont visiter la plus « grande ferme de France ». Ils ne connaissent pas les petites fermes. Pour le reste de l’année, ce sont des écologistes de salon bardés de diplômes qui parlent non pas d’agriculture, mais de pollution.


Signal faible : y aura-t-il encore des agriculteurs, des paysans, des cultivateurs en France ?

Comme le nucléaire, l’agriculture est sacrifiée au nom du dogmatisme écologique

La Commission d’enquête du Parlement sur le nucléaire – 150 heures d’audition de 80 personnes – conclut sur « une nation se recroquevillant sur son marché intérieur et des stratégies électorales » pour séduire « le dogme antinucléaire de l’écologie politique » lequel se nourrit de celui des Verts allemands convertis au gaz et au pétrole russes pas chers et impactant sur les choix européens. S’y ajoute une politique nucléaire de canard sans tête – ou d’essuie-glace - depuis une vingtaine d’années : on avance, on recule, on avance…

Si le nucléaire est une industrie lourde, chacun en convient en termes de budget, il en est de même en termes de compétences : il manque aujourd’hui des milliers de soudeurs, d’ingénieurs… pour relancer le nucléaire. En agriculture il en est de même. Il faut 500 000 à 1 million d’euros pour s’installer et gagner parfois le SMIC dans une profession souvent prise 24 h/24, avec un record de suicides chez les éleveurs. Les exploitations disparaissent, il n’y a plus de candidats.

En agriculture, les Verts allemands

En agriculture, les Verts allemands n’ont pas fait les mêmes choix que les écolos français, malheureusement pour les paysans français. Les fermes allemandes sont « industrielles » - mot banni en France – trois, cinq ou dix fois plus grandes que les fermes françaises avec un personnel payé 20 à 50 % moins cher qu’en France. Aux Pays-Bas, en Pologne, en Espagne, il en est de même. Le réalisme des Verts allemands n’est pas le dogmatisme de l’écologie politique française.

En une vingtaine d’années (1999 avec Dominique Voynet qui limite les porcheries à 450 places contre 2000 chez nos voisins européens), la France ne subvient plus à son alimentation. La moitié des fruits et légumes, des poulets (sur 2000-2021 la consommation de viande de poulet a doublé, la production a augmenté de 9 %), des agneaux, sont importés. La balance commerciale de la viande bovine et du lait (chaque année, le cheptel diminue et le lait est mal payé : 423 € les 1 000 litres en France, 512 € en Allemagne) est de moins en moins positive. Sur cette tendance, il ne restera plus que les vins et spiritueux de positifs dans l’agriculture française !!!

Ah ! pour les normes, nous sommes champions ! Nous les appliquons plus que nos voisins. Le soja OGM est interdit ? Nous importons des poulets nourris au soja OGM !!! Les règles ne sont pas les mêmes pour nos voisins européens et donc la concurrence n’est pas équivalente au sein même de l’Union.

Ce dogmatisme écologique, quel est-il ?

Son expression est simple : il faut sauver la Terre de l’Homme, de l’attitude négative de l’Homme envers la Terre, en deux mots de la pollution. Il n’est pas question de sauver l’Homme sur la Terre. L’Homme ne sera sauvé que si la Terre survit. Peu importe s’il doit muter profondément. Ainsi l’Inria vient de publier une étude prospective de l’agriculture européenne sans pesticide ni produits chimiques qui est positive à la seule condition que l’on change de régime alimentaire. Condition livresque irréalisable aux titres des habitudes alimentaires et du budget.

Il y a rupture entre les théories de la production agricole souhaitable et l’alimentation réelle. Ainsi, la chute de l’alimentation bio n’a pas été comprise malgré les promesses de santé. C’était oublier le porte-monnaie, une notion négligée par les théoriciens de la Terre souhaitable. Pour une grande part des penseurs et universitaires, ils connaissent les agriculteurs par les week-ends dans le Perche ou le Luberon. Et même certains ont un jardin !

Ce débat est éternel et divise : si tu veux la Paix, ne prépare pas la Guerre versus, prépare la Guerre pour sauver la Paix. On le voit bien à Taïwan, sans la protection militaire américaine, l’ile serait envahie par la Chine.

Vivement une commission d’enquête parlementaire sur l’agriculture suivie d’actions pour redresser l’agriculture française.

Je repars en plongée…
 
Philippe Cahen
Conférencier prospectiviste

Dernier livre : « Méthode & Pratiques de la prospective par les signaux faibles », éd. Kawa


France | Mémoire des familles, généalogie, héraldique | International | Entreprises | Management | Lifestyle | Blogs de la rédaction | Divers | Native Advertising | Juris | Art & Culture | Prospective | Immobilier, Achats et Ethique des affaires | Intelligence et sécurité économique - "Les carnets de Vauban"



Les entretiens du JDE

Tarek El Kahodi, président de l'ONG LIFE : "L’environnement est un sujet humanitaire quand on parle d’accès à l’eau" (2/2)

Tarek El Kahodi, président de l'ONG LIFE : "Il faut savoir prendre de la hauteur pour être réellement efficace dans des situations d’urgence" (1/2)

Jean-Marie Baron : "Le fils du Gouverneur"

Les irrégularisables

Les régularisables

Aude de Kerros : "L'Art caché enfin dévoilé"

Robert Salmon : « Voyages insolites en contrées spirituelles »

Antoine Arjakovsky : "Pour sortir de la guerre"











Rss
Twitter
Facebook