Journal de l'économie

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L’effacement des Cubains ou le grand remplacement des cigares





Le 18 Juin 2022, par Nicolas Lerègle

La semaine dernière me rendant dans ma civette de prédilection je fus tout perdu. Là où, normalement, se trouvaient les Cubains alignés comme à un défilé je ne voyais que des Honduriens, des Nicaraguayens, des Mexicains et, relégués dans un espace congru quelques références cubaines dont la fraicheur semblait même laissée à désirer.


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La surprise laissa place à l’étonnement puis au questionnement, où étaient passés les Cubains ? En Chine me fut-il répondu avec une pointe de désappointement dans la voix traduisant une situation subie et non souhaitée. Les Chinois avaient apparemment mis main basse sur les meilleurs cigares cubains au point qu’il me fut même déconseillé d’acquérir ceux présentés. Cette situation est-elle passagère ? demandais-je avec une pointe d’espoir dans la voix. Que nenni me fut-il précisé, car non seulement les Chinois préemptaient, mais de surcroit la production cubaine diminuait du fait d’une réduction drastique des surfaces cultivées, près de 30 % en moins au cours des dernières années.

Un effet ciseau imparable annonçant un vrai grand remplacement celui des Cubains par des représentants d’autres nations. Le buraliste oscillant entre compassion, pour mon dépit apparent, et empathie pour ma nécessité à trouver d’autres fournisseurs ne manqua pas de m’expliquer que le Honduras ou le Nicaragua avaient parfaitement su améliorer leur production et qu’Arturo Fuentes, Davidoff (depuis déjà de longues années) ou Maya Selva pour n’en citer que trois offraient maintenant à l’amateur des produits de très grande qualité, la preuve leurs prix n’avaient plus grand-chose à envier à ceux des meilleurs cubains. Avisant le prix des Opus X je ne pouvais que lui donner raison. Je notais même qu’une marque comme Condega avait, sans vergogne, opté, pour ses cigares, pour des bagues rouges qui de loin me les faisaient confondre avec les Partagas de mon cœur.

Nous sommes donc à l’aube d’une nouvelle ère celle où la prééminence du Cubain s’estompe, assez rapidement, au profit d’un grand remplacement privilégiant d’autres origines.

Il est peut-être temps de se constituer de garnir rapidement sa cave de modules cubains de qualité qui, au fil du temps, deviendront des reliques du monde d’hier.

Extraits précautionneusement pour être savourés lors d’occasions le méritant il faudra les accompagner de deux éléments indispensables. Des amateurs éclairés qui sauront apprécier le moment et le présent et s’abandonneront avec langueur au moment d’exception qui leur sera offert tout en vilipendant le collectivisme en place à Cuba qui n’aura pas su faire perdurer ce qui tenait lieu d’exception culturelle. Ensuite, pour compléter le plaisir, déguster un Ron Santiago de Cuba de 20 ans d’âge qui n’a que peu d’équivalents gustatifs. Le cigare et ce Ron se connaissent et s’apprécient, ils sauront se respecter se sublimer mutuellement.

Si en plus cela peut se faire un soir d’été, le soleil se couchant, on aura le sentiment d’un monde qui change, d’un temps qui s’éloigne faisant nous remémorer la sentence, omnes vulnerant, ultima necat au moment de la dernière bouffée.


L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
 
 


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