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L’élection de Joe Biden, un espoir de rapprochement transatlantique





Le 12 Novembre 2020

La victoire du candidat démocrate devrait signer le retour en force des États-Unis au sein des institutions internationales, ainsi que celui d’une diplomatie plus apaisée, notamment envers les alliés européens et français des États-Unis. Dans cette optique, l’officialisation du mariage entre le français LVMH et l’américain Tiffany, a valeur de symbole.


Image Wikimedia
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Comme un soupir de soulagement dans les chancelleries du monde entier. La victoire de Joe Biden sur Donald Trump a été très favorablement accueillie par l’écrasante majorité des chefs d’État et de gouvernement, qui n’ont pas tardé à féliciter le président élu — et à le faire savoir ; et ce, en dépit du refus de son concurrent de reconnaître sa défaite. Car ce n’est pas tant l’élection de l’ex-vice-président de Barack Obama qui réjouit les alliés des États-Unis que la fin imminente des quatre années d’une présidence Trump hors-norme, années pendant lesquelles l’hôte de la Maison-Blanche n’a cessé, avec le style brouillon et batailleur qui est le sien, d’attiser les tensions internationales, de bousculer les usages diplomatiques et de contribuer à déstabiliser une planète d’ores et déjà en proie aux plus grandes incertitudes.
 
Donald Trump et la diplomatie mondiale : quatre années de « coups de Com.» et de coups de boutoir
 
« America First ». Il l’avait promis à ses électeurs, Donald Trump, le chantre du protectionnisme, serait le président des « habitants de Pittsburgh, pas de (ceux de) Paris ». Dont acte : le 1er juin 2017, le président climatosceptique choisit de faire de la sortie des États-Unis de l’accord sur le climat, signé en décembre 2015 dans la capitale française, la pierre angulaire et le premier geste diplomatique de son mandat, sans égard pour les 194 autres pays signataires ni pour les conséquences désastreuses d’un tel retrait sur l’urgence climatique. Contempteur acharné de la bureaucratie – qu’elle soit de Washington ou de New York –, Donald Trump annonce, le 12 octobre de la même année, que les États-Unis se retirent de l’UNESCO, l’agence onusienne dont il condamne la « mauvaise gestion » et les critiques à l’égard d’Israël.

Grand allié d’Israël et modèle de son Premier ministre, Benjamin Nétanyahou, Donald Trump donne, le 6 décembre 2017, corps à une autre de ses promesses emblématiques : le déménagement de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, provoquant la colère des Palestiniens et la consternation des diplomates. Mais le coup d’éclat de son action géopolitique restera, sans doute, le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien. Conclu par son prédécesseur démocrate et à ce titre suspect aux yeux de Donald Trump, qui n’hésitait pas à le qualifier de « désastreux », l’accord prévoyait la levée des sanctions internationales contre l’Iran en échange de la réduction de ses activités nucléaires. En le rendant caduc, Donald Trump avait fait unilatéralement faux bond à ses autres signataires, dont l’Allemagne, la Russie, la Chine et la France.
 
Vers une normalisation des relations entre les États-Unis et leurs alliés ?
 
Vieilles de deux siècles, les relations franco-américaines n’ont donc pas été de tout repos au cours des quatre dernières années. Des tensions qu’en langage diplomatique Emmanuel Macron s’est permis de rappeler à son homologue, lors de la 75e Assemblée générale des Nations Unies : « toutes les fractures qui préexistaient à la pandémie — le choc hégémonique des puissances, la remise en cause du multilatéralisme ou son instrumentalisation, le piétinement du droit international — n’ont fait que s’accélérer et s’approfondir » depuis la crise sanitaire, a tancé le chef d’État français, qui s’exprimait, pour l’occasion, en visioconférence. Appelant à « la fondation d’un nouveau consensus contemporain », Emmanuel Macron a conclu qu’il n’était plus possible de se « contenter d’un multilatéralisme des mots qui ne permet d’agréer que le plus petit dénominateur commun ». À bon entendeur…

L’élection de Joe Biden est donc porteuse d’espoirs de normalisation sur la ligne Paris-Washington. Bien plus modéré que Donald Trump, le président élu s’est engagé, dès l’annonce de sa victoire, à réintégrer l’accord de Paris sur le climat, et ce dès sa prise de fonction, qui sera effective le 20 janvier prochain. La future administration américaine aura surtout pour tâche de pacifier les relations commerciales avec l’Europe et la France, qui se sont sensiblement dégradées sous l’ère Trump. Les secteurs de l’automobile, du vin, de l’aéronautique ou encore du luxe, stratégiques pour la France, ont en effet tous pâti de l’irascibilité et des velléités protectionnistes du quarante-cinquième président des États-Unis.
 
Les noces de Tiffany et LVMH, symbole du rapprochement franco-américain
 
Hasard du calendrier, l’annonce d’un très probable réchauffement des relations franco-américaines coïncide avec celle du mariage entre deux géants du luxe français et américain. Fin octobre, le groupe LVMH a ainsi officialisé le rachat du joaillier Tiffany, emblématique de la Ve avenue de New York. Après des semaines d’intenses négociations, le numéro 1 mondial du luxe a obtenu un rabais de 425 millions de dollars (2,59 %) sur le prix qu’il avait fixé lors de son offre initiale, qui était de 135 dollars par action et valorisait alors le groupe à 16,2 milliards de dollars. Un accord qui met « un terme à toutes les procédures judiciaires » entre les deux groupes, LVMH estimant que la crise sanitaire et certains écarts de management de Tiffany avaient fait baisser la valeur du joaillier américain.

Le groupe fondé par Bernard Arnault faisait également valoir le fait d’avoir reçu un courrier du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, l’enjoignant de surseoir au mariage avec Tiffany tant que planerait « la menace de taxes sur les produits français » brandie par l’administration Trump. La finalisation du deal entre LVMH et Tiffany est donc une bonne nouvelle, et ce à double titre : d’une part, parce qu’elle signe, au meilleur moment, le retour d’une forme de raison dans les relations entre le Vieux et le Nouveau continent ; et, d’autre part, parce qu’elle confirme, en pleine crise économique, la réussite éclatante d’un véritable fleuron industriel français sur la scène internationale.
 
 



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