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LVMH/Tiffany : la fiancée se rebiffe





Le 21 Septembre 2020

C'est une bataille judiciaire entre deux entreprises iconiques du monde du luxe. D'un côté le leader mondial et français du secteur LVMH, de l'autre le joaillier new-yorkais Tiffany & Co. Il était prévu que le premier acquiert le second, mais la crise sanitaire et d'étonnants problèmes de gestion s'en sont mêlés sur fond de guerre commerciale entre la France et les Etats-Unis.


Image Pixabay
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Novembre 2019. A l'époque, on croyait la future mariée bien dotée. Tiffany - marque iconique jouissant d'une réputation sans faille - et LVMH parviennent à un accord « définitif », celui d'un rachat à hauteur de 16,2 milliards de dollars - soit 14,7 milliards d'euros et 130 euros par action - du joaillier américain par le groupe de Bernard Arnault. On parle alors d'un accord historique, de la plus belle opération de rachat dans le secteur du luxe, et de la plus importante acquisition du groupe LVMH.
 
Mais c'était sans compter sur une année 2020 exceptionnelle, qui a vu le secteur du luxe fortement ébranlé par la crise du Covid et la fermeture des boutiques et sites de production (reconvertis en usines de production de gel hydroalcoolique) pendant le confinement. Egalement prise dans la tourmente de la pandémie, Tiffany voit ses résultats chuter de façon spectaculaire.
 
La Cigale ayant chanté tout le Covid...
 
Au premier semestre 2020, ce dernier voit son chiffre d'affaires chuter de 37%. Les pertes d'exploitation du « joyau de la cinquième avenue » s'élèvent à 45 millions de dollars (contre 345 millions de dollars au premier semestre 2019), et une perte opérationnelle de 105 millions de dollars. Contre toute attente, le conseil d'administration de Tiffany décide malgré tout le maintien des dividendes. Au total, 140 millions seront versés aux actionnaires au premier semestre.
 
Une générosité bien étonnante au regard de l'incertitude économique mondiale et qui contraste avec la prudence de ses concurrents. De son côté, LVMH, dont la maison Bulgari verra ses ventes chuter de 43% sur les six premiers mois de 2020, ramène son dividende à 4,80 euros par action et cinq de ses dirigeants décident de renoncer à leur variable pour l'exercice 2020 à deux mois (avril et mai) de salaires. Pendant ce temps-là, Tiffany maintient ceux de ses dirigeants et administrateurs.    
 
« Bernard Arnault a pris cela comme une véritable provocation alors que LVMH, qui se porte bien mieux, avait décidé de baisser de 30% les dividendes de ses actionnaires », raconte un connaisseur du dossier à l'Express.
 
...se trouva fort dépourvue quand la rentrée fut venue
 
Tiffany aurait-elle perdu la tête ? Selon certains, les administrateurs du joailler américain étaient tout simplement assurés que le leader mondial du luxe assumerait et épongerait les pertes... La semaine dernière, Tiffany assignait LVMH devant la Chancery Court de l'Etat du Delaware : LVMH aurait délibérément joué la montre pour faire échouer l'acquisition. Tiffany demande de son côté l'accélération de la procédure.
 
Tentative de diversion pour faire oublier ses piètres performances et ses erreurs de gestion financière ? Certains le croient aujourd'hui. Pire, les performances à venir du groupe américain sont sérieusement compromises. Fortement dépendante du continent américain, le groupe mise sur un rebond prochain compromis par la situation sanitaire américaine - le pays compte presque 200 000 morts liés au coronavirus. Aujourd'hui, les experts financiers parlent d'une valeur de Tiffany fortement dégradée (autour de 70 dollars par action, soit moitié moins que le prix offert de 135 dollars par action). De son côté, Tiffany affirme que les résultats au 4ème trimestre 2020 seront supérieurs à ceux du 4ème trimestre 2019...
 
Certains voient dans cette bataille l'ouverture d'un nouveau « front » dans la guerre commerciale entre la France et les États-Unis pris dans la dernière ligne droite de l'élection présidentielle. Mais rien ne dit que les deux parties ne reviennent pas à la table des négociations...



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