La Commission européenne veut réduire le budget de l'agriculture de 5%
« Ce n'est pas un massacre », a assuré le président de la commission Jean-Claude Juncker. Une chose est sûre, en revanche, un seul commissaire européen est venu défendre la proposition en salle de presse après l'annonce. Phil Hogan, commissaire à l'agriculture, s'est justifié en déclarant : « C'est un bon résultat pour les agriculteurs étant donné les circonstances défavorables », notamment celles du départ du Royaume-Uni, ce qui grève les recettes.
Colère chez les agriculteurs français
Même propos peu ou prou chez les agriculteurs. « On dit que c'est -5% mais c'est -10% avec l'inflation. Face aux nouvelles priorités, c'est la politique agricole qui trinque alors qu'on lui demande toujours plus », a blâmé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, principal syndicat agricole français sur Europe1. « Bien sûr, il y a l'impact du Brexit [qui représente 3,5 milliards de recettes en moins, NDLR] », a-t-elle expliqué. « Mais en plus, on fait payer à l'agriculture française la mise en place de la politique de défense et de sécurité voulue par Emmanuel Macron ». Et de s'emporter : « Si le président de la République veut une nouvelle politique, qu'il prévoit de nouvelles ressources et qu'il ne pique pas sur la PAC ».
Désormais, les agriculteurs vont devoir négocier pour obtenir davantage. Et, ce, en deux temps. Le nouveau budget coïncidera avec une autre PAC (celle de 2015-2020 l'était déjà), simplifiée et modernisée, pour laquelle la Commission doit présenter sa proposition officielle à la fin du mois. Mais la proposition sur le budget l'a déjà forcée à dévoiler certains de ses atouts. Pour soutenir les petites et moyennes structures, elle proposera aux Etats membres de choisir entre un plafonnement des aides à 60.000 euros par exploitation ou une dégressivité en fonction de la taille.
Les Etats membres pourront alors rediriger les économies réalisées au profit du développement rural, le deuxième pilier de la PAC. L'eurodéputé socialiste français Eric Andrieu déplore la chute annoncée des dépenses en matière de développement rural. Il explique que la volonté de la Commission est de transférer aux Etats membres une grosse part de responsabilité qui risque de niveler par le bas les ambitions environnementales, alimentaires et agricole. Pour rappel, aujourd'hui, 80% des paiements directs profitent à 20% des agriculteurs.