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La formation : axe majeur pour féminiser le numérique





Le 10 Mars 2023, par La Rédaction

30%. C’est le pourcentage de femmes françaises occupant aujourd’hui un poste dans le numérique. Une sous-représentation qui s’explique en grande partie par des stéréotypes de genre présupposant que le digital est un secteur réservé aux hommes. Il existe toutefois de grands leviers pour déconstruire ces barrières inconscientes, comme les formations, qui doivent compter plus d’étudiantes. C’est pourquoi de grands groupes français ont créé des cursus spécialisés dans le numérique, à l’image de La Poste, qui vient d’inaugurer son Ecole de la data et de l’IA avec une première promotion paritaire.


La proportion de femmes dans les effectifs des entreprises du numérique n’augmente pas en France. Si 57% de l’ensemble des diplômés du supérieur sont des femmes, seulement 25% ont obtenu un diplôme dans le secteur du numérique, et 13% de ces dernières exercent dans la filière (rapport DESI 2021). Nous sommes donc face à un paradoxe.

« Selon les métiers du numérique, on va retrouver un pourcentage de représentativité féminine entre 15 et 30%. Le problème est significativement le même dans les chiffres au moment des choix d’orientation au Lycée. Les jeunes filles ne sont que 33% à être encouragées par leurs parents pour s’orienter vers une carrière dans ce secteur », indique Edouard Bliek, Directeur Général du cabinet de conseil en nouvelles technologies Stedy

Corollaire de cette faible représentation des femmes dans le digital, elles n’occupent que 15% des postes à hautes responsabilités. Ce n’est pas vraiment mieux côté entrepreneuriat, où l’égalité des sexes est loin d’être palpable. « Les femmes à la tête d’une structure de la tech du Next 40 ne représentent que 18% (AnitaB.org) aujourd’hui, c’est extrêmement faible et éloigné de la parité », poursuit le DG de Stedy. 

Il existe un grand responsable de la sous-représentation des femmes dans les métiers de la Tech : le stéréotype de genre insinuant que l’informatique est un domaine de garçons. Une image véhiculée dès le plus jeune âge qui impacte inévitablement le parcours scolaire et universitaire des femmes, et limite ensuite leur accès à des fonctions dirigeantes.

La France doit impérativement inverser le discours prédominant, d’autant plus que le numérique fait depuis quelques années face à une grande pénurie de talents. Selon la Dares, il manquerait actuellement plus de 80 000 spécialistes en informatique (informaticiens, développeurs, ingénieurs, experts en cybersécurité et en traitement de données…) à travers l’Hexagone. Une forte tension alors que les métiers de cette filière sont en plein développement. 

« Pour inciter plus de filles à aller dans ces métiers, l'une des toutes premières choses, c'est de dire : ce n'est pas tant vous qui avez besoin de ce métier. C'est ce métier qui a besoin de vous : vous êtes attendue, vous êtes espérée, on souhaiterait que vous y soyez plus nombreuses », affirme Isabelle Collet, chercheuse en sciences de l’éducation à l’université de Genève.

Il faut donc déconstruire les stéréotypes sexistes pour inviter les femmes à se tourner vers le numérique, tout en les formant davantage aux métiers associés. Selon Edouard Bliek, « le problème n’est pas d’arriver à les attirer mais plutôt d’en former plus, pour accompagner les grands enjeux du numérique des 10 prochaines années, car le volume de talents nécessaire entrants sur le marché ne pourra répondre aux attentes que si l’on y trouve plus de femmes ».

Dans cette optique, le groupe La Poste a inauguré, ce jeudi 9 mars, la première promotion de son Ecole de la data et de l’IA (intelligence artificielle). Avec 51 apprenants inscrits, dont 55 % de femmes, La Poste a déjà atteint son objectif de parité initialement fixé à l’horizon 2028. Fondée sur des valeurs d’éthique et d’inclusion, cette Ecole souhaite former jusqu’à 250 candidats (externes et collaborateurs de La Poste) par an d’ici 2026 dans 4 métiers clés : data product owner, data analyst, data engineer et data scientist.  

« Face à la rareté croissante des compétences dans ces métiers, la création de l’École de la data et de l’IA répond aux enjeux de transformation numérique de La Poste, qui dispose déjà d’un des plus importants pôles d’experts de la data et de l’IA en France », précise l’entreprise à mission dans un communiqué.

La présence des femmes dans le numérique est un sujet prôné depuis de nombreuses années par la Directrice générale de la branche Grand Public et Numérique du groupe La Poste Nathalie Collin. C’est pourquoi La Poste déploie de nombreux autres dispositifs dans ce domaine, comme le concours French IoT Impact x Technologie, qui veille à ce que les startups lauréates aient autant d’hommes que de femmes dans leurs équipes dirigeantes.

De plus, les équipes de Nathalie Collin organisent chaque année le concours « Coups de Cœurs #FemmesduNumérique », qui encourage les femmes entrepreneures à l’initiative d’un projet innovant dans le numérique responsable ou d’une solution au service du numérique. La Poste organise aussi Master Dev France, l’événement de référence des développeurs qui met notamment en lumière la place des femmes dans les métiers du code.



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