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Le Scribe accroupi, un prêt exceptionnel au Louvre-Lens





Le 9 Février 2022, par Christine de Langle

Pour fêter ses dix ans d’existence, le Louvre-Lens accueille Le Scribe accroupi, œuvre emblématique du département des Antiquités égyptiennes du Louvre. Ce prêt exceptionnel, dévoilé par le Président de la République récemment en visite dans les Hauts-de-France, inaugure l’année Champollion et les nombreux évènements culturels, expositions et colloques en France et en Europe, liés au bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes. Ce chef-d’œuvre restera au Louvre-Lens, le temps de l’exposition « Champollion, la voie des hiéroglyphes » du 28 septembre 2022 au 16 janvier 2023.


© Louvre-Lens / Frédéric Iovino
© Louvre-Lens / Frédéric Iovino
Un regard captivant

Petite statue en calcaire peint, le Scribe « accroupi », en réalité assis en tailleur, fascine d’emblée le visiteur par le réalisme intense de son regard, fruit d’un traitement raffiné. Ces paupières soulignées de cuivre pour figurer le khôl qui protège du soleil brulant, ces yeux dont l’iris est fait d’un cône de cristal de roche poli qui reflète la lumière rendent ce regard plus vrai que nature. Autant de détails qui soulignent l’attention soutenue de ce haut fonctionnaire lettré et le soin qu’a pris l’artiste à rendre l’importance de la position de ce grand serviteur de pharaon. Un papyrus est déroulé sur ces genoux et, les doigts repliés sur un calame disparu depuis, le scribe s’apprête à écrire. Le sculpteur ne manque pas de réalisme quand il décrit la silhouette replète de cet intellectuel peu habitué aux travaux agraires qui affinent la silhouette. Ces bourrelets loin d’être jugés disgracieux avouaient une haute fonction dans la société et la prospérité qui allait de pair. Expression d’un pouvoir, celui de maîtriser l’écriture hiéroglyphique, le scribe est le pilier outil d’une administration complexe et centralisée.

La statue est retrouvée à Saqqara par Auguste Mariette en 1850. Envoyé par le Louvre pour acheter des manuscrits coptes, cet égyptologue décide de fouiller le site de Saqqara près du Caire et découvre le Sérapeum, l’ancienne nécropole du taureau sacré Apis, et de nombreuses tombes de hauts dignitaires, parmi eux ce fameux scribe dont nous ne connaissons pas l’identité, le rapport des fouilles ayant été perdu. Mais la proximité de sa tombe avec celle du pharaon (la pyramide à degrés du roi Djeser) nous donne une idée de l’importance du personnage. Sculptée sous la IVe dynastie, autour de 2500 avant J.-C. la statue témoigne de la perfection de l’art sous l’Ancien Empire.

© 2015 musée du Louvre Christian Décamps)
© 2015 musée du Louvre Christian Décamps)
La naissance de l’égyptologie

C'est en 1822 que Jean-François Champollion perce le mystère des hiéroglyphes et traduit intégralement la Pierre de Rosette, découverte en 1799 par un officier français lors de la campagne d'Égypte, et qui tient en haleine à l'époque les cercles intellectuels européens. Champollion met en lumière cette écriture au système complexe, « un mélange de signes figuratifs, symboliques et phonétiques ». La connaissance de l’Égypte antique est désormais possible et suscite un véritable engouement Europe. De nombreux savants, mais aussi quelques aventuriers tentés par cette « chasse au trésor » sont envoyés pour acquérir au profit des cours royales ou des musées des antiquités qui n’intéressent pas les autorités locales. Après l’acquisition d’un premier ensemble pour le Louvre en 1826, Champollion est chargé par le roi d’enrichir les collections du Louvre. C’est ainsi que voit le jour le musée Charles X qui deviendra le département des antiquités égyptiennes du Louvre. Champollion en est nommé le premier Conservateur.
 
 
La création du Service des Antiquités en Égypte
 
Le site archéologique de Saqqara découvert par Auguste Mariette, autre père fondateur de l’égyptologie et successeur de Champollion au Louvre, continue à être fouillé par les équipes du Louvre. Le Scribe accroupi donné à la France au titre du partage des fouilles entre le pays d’origine et le pays du découvreur trouva naturellement sa place au Louvre. Mariette qui voulait mettre fin au pillage systématique des antiquités a organisé des recherches scientifiques et mis sur pied le Service des Antiquités en Égypte officiellement créé en 1858. Son action aboutit à la création du premier musée d’antiquités égyptiennes au Caire. Mariette est si lié à l’Égypte et a tant fait pour l’archéologie égyptienne qu’il est enterré au musée égyptien du Caire, place Tahrir.

© 2015 musée du Louvre Christian Décamps)
© 2015 musée du Louvre Christian Décamps)
La transmission des connaissances

Ce Scribe accroupi qui ouvre les festivités de l’année Champollion rappelle le rôle majeur de la France à la création de l’égyptologie. L’Égypte antique avec ses monuments grandioses et muets jusqu’à Champollion continue à livrer au gré des fouilles un passé fait de textes sacrés, scientifiques et littéraires. Depuis 4500 ans, le regard attentif de ce scribe rappelle l’importance de la transmission de la connaissance par l’écrit. En France, l’enthousiasme continu pour l’étude des hiéroglyphes et de l’égyptologie trouve son écho dans la fascination pour cette civilisation qui a laissé à la postérité son culte des morts et celui des dieux.
 
Christine de Langle
 


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