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Le crédit à la consommation sert à boucler les fins de mois





Le 15 Mai 2024, par Aurélien Delacroix

Alors que le crédit à la consommation était autrefois synonyme de dépenses plaisir, il est aujourd’hui principalement utilisé pour boucler les fins de mois. Cette évolution témoigne des difficultés financières croissantes rencontrées par les Français, exacerbées par une inflation persistante et des taux d’intérêt élevés.


L’usage du crédit à la consommation : une transformation radicale

Les emprunteurs français ont radicalement changé leur manière d'utiliser le crédit à la consommation. Selon une étude réalisée par le courtier Meilleurtaux, basée sur 400.000 demandes de financement en 2023, plus de la moitié des dossiers (56 %) visent à couvrir des besoins de trésorerie, c’est-à-dire des dépenses imprévues ou pour équilibrer le budget mensuel. 

Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux, explique au Parisien : « Les emprunteurs ne sont plus dans la consommation plaisir. Ils sont face à des dépenses imprévues et ils n’ont pas le budget ou l’épargne pour y faire face ». Les demandes de crédit servent désormais à payer des impôts ou des taxes foncières plus élevés que prévu, à régler des factures d’énergie en hausse, à faire face à des frais de réparation automobile, ou simplement à respirer financièrement.

Les emprunteurs célibataires sont particulièrement concernés, avec 63 % de leurs dossiers liés à des besoins de trésorerie. « Leur situation est forcément plus précaire car ils ont des charges fixes quasiment équivalentes à ceux qui sont en couple mais ils ne peuvent pas compter sur leur partenaire face aux coups durs », ajoute Maël Bernier.

Cette évolution se reflète également dans les montants des crédits sollicités. En 2023, la moyenne des prêts demandés était de 8.000 euros, contre plus de 10.300 euros en 2022. Cette baisse s’explique par une conjoncture économique difficile marquée par une inflation de 4,9 % selon l’Insee et des taux d’intérêt oscillant entre 4,5 et 5 % pour des durées de deux à trois ans. Les banques, de leur côté, ont durci leurs conditions d'octroi de crédit pour limiter les risques de défaut de paiement. Elles examinent désormais avec plus de rigueur les dossiers des emprunteurs.

Des emprunteurs sous pression

Selon l’Association française des sociétés financières, le marché du crédit à la consommation a légèrement diminué de 0,8 % en 2023, atteignant 49,3 milliards d’euros. Cependant, une reprise de la production de crédit a été observée depuis la fin de l'année, avec une croissance de 2,3 % au premier trimestre 2024. Ce rebond pourrait indiquer une légère amélioration de la situation économique des ménages ou une adaptation de ces derniers aux nouvelles conditions du marché.

La transformation du crédit à la consommation en un outil de gestion budgétaire plutôt qu’en un moyen de financer des projets personnels témoigne des tensions économiques actuelles. Les ménages français, confrontés à des dépenses imprévues et à une inflation galopante, se tournent de plus en plus vers le crédit pour éviter de sombrer financièrement. Les célibataires sont particulièrement vulnérables, incapables de partager leurs charges fixes avec un partenaire.

Les banques, conscientes des risques accrus de défaut de paiement, ont resserré leurs critères d'octroi de crédit, rendant l’accès au financement plus difficile pour les ménages déjà en difficulté. Cette évolution du marché du crédit à la consommation illustre une réalité économique préoccupante pour de nombreux Français, contraints de recourir à l’emprunt pour maintenir leur équilibre financier.




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