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Le deuxième tour des élections municipales le 28 juin : un non-sens





Le 31 Août 2020, par La rédaction

Jean-Marie Cotteret, ancien membre du CSA et de la CNIL, est un spécialiste reconnu en droit public et en sciences politiques. Dans son dernier ouvrage, la Selfie-Démocratie, il souligne l'importance de concilier deux notions : la représentation et la représentativité.


Le scrutin majoritaire à deux tours est le mode de scrutin préféré des Français. En effet dans le système représentatif, il est important de concilier deux notions : la représentation et la représentativité. La représentation permet au citoyen lors de l’élection de choisir son représentant. Mais ce représentant doit autant que possible incarner la variété des opinions. Le premier tour assure la représentation, le second tour facilite si nécessaire la représentativité. Les articles 54, 55, 56 du code électoral prévoient que le scrutin a lieu un dimanche, qu’il ne dure qu’un seul jour, mais s’il y a nécessité le deuxième tour a lieu le dimanche suivant le premier tour. La notion de temps est un élément essentiel du scrutin majoritaire à deux tours.
 
Or, mettre onze semaines entre les deux tours détruit l’essence même du scrutin. Surtout quand dans ce délai, le corps électoral subit une pandémie qui peut faire évoluer les valeurs initiales.
 
Il faut ajouter que le scrutin a eu lieu pratiquement sans campagne électorale : meetings réglementés ou interdits, porte à porte également. De plus les règlements pour le déroulement des opérations électorales dans les bureaux de vote en raison de la pandémie a de quoi dissuader une partie du corps électoral surtout chez les personnes les plus âgées. Qui peut avoir envie d’aller voter avec un masque, en se lavant les mains, en apportant son stylo et sans tirer les rideaux de l’isoloir ! Il serait intéressant de savoir quel est l’âge moyen des votants et celui des abstentionnistes. Où est la représentativité du corps électoral ?

Prenons un exemple, celui de Paris. Anne Hidalgo a été élue avec 224 782 voix sur un corps électoral de 1 332 282 personnes. Soit 13,3 % du corps électoral. Quel maire peut administrer sa commune quand sept électeurs sur dix se sont abstenus. Il faut ajouter un autre phénomène : par rapport au deuxième tour des municipales de 2014 Anne Hidalgo a perdu 30%de ses voix ! Quel maire peut se faire élire avec un tel score.
Bref ces élections municipales remettent en cause la notion d’élection. Au moment où la démocratie représentative traverse une passe difficile, il y avait mieux à faire pour la protéger.

Jean-Marie Cotteret est l’auteur d’un que sais-je sur les systèmes électoraux, du marché électoral et de La selfie démocratie. VA Editions 2020.



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