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Le droit robotique : une volonté de simplicité contrecarrée





Le 12 Décembre 2023, par Nicolas Lerègle

Le droit robotique mérite d’être défini et précisé. Il s’agit des lois qui pourraient s’appliquer aux robots dans leurs comportements et leurs interactions avec les humains. Ce droit doit prendre en compte la volonté conceptuelle des humains dans les processus de fabrication des robots, mais aussi les évolutions qui s’avéreraient indispensables du fait d’une autonomie croissante des robots produite par l’intelligence artificielle dont ils seraient dotés.


 Il convient déjà de définir un robot. Celui-ci n’est pas seulement une représentation humanoïde qui évoluerait dans l’espace aux côtés des humains, il peut être aussi un équipement directement intégré dans le corps d’un humain pour lui donner des facultés supplémentaires comme cela est envisagé par les transhumanistes partisans d’un « homme » amélioré.

Le robot peut aussi être une création d’autres robots conçus à cet effet et qui, d’une certaine façon, serait émancipé d’une création humaine pour n’être que la poursuite améliorée d’un processus de reproduction industrielle. Le robot enfin peut adopter un formalisme qui n’a rien de commun avec l’image que l’on s’en fait généralement. Un programme informatique par exemple, tel qu’une intelligence artificielle, peut tout à fait interagir avec les humains en prenant le contrôle d’équipements connectés. Tout cela n’est pas de la science-fiction, mais bien des réalités avec lesquelles nous sommes aujourd’hui confrontés, ainsi des possesseurs ou conducteurs d’un véhicule autonome.

La simplicité évoquée dans le titre fait clairement référence aux 3 « lois » d’Asimov à savoir :
- Première Loi : Un robot ne peut pas nuire à un être humain ni, restant passif, laisser un être humain exposé au danger.
- Deuxième Loi : Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première Loi.
- Troisième Loi : Un robot doit protéger sa propre existence, tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième Loi.

Asimov n’étant pas seulement un prolifique auteur, mais aussi un scientifique de renom, il est intéressant de noter que cette volonté de simplification a, immédiatement, été contrecarrée, dans ses ouvrages, par l’émergence d’exceptions à ces principes. C’est au demeurant ce qui rend son œuvre profonde et interpellant le lecteur d’aujourd’hui avec l’intrusion de l’éthique dans une équation qui ne se voudrait qu’algorithmique.

L’éthique vient en effet tout compliquer et de la simplicité affichée nous faire découvrir la complexité de la réalité. Si on reprend l’exemple de la voiture autonome qui est, de facto, un robot à même de faire des choix de conduite, quel choix fera-t-il dans l’hypothèse d’un accident. Sacrifiera-t-il le conducteur du véhicule ou des tiers extérieurs à celui-ci ? On a cru comprendre que certains constructeurs faisaient de la protection de leur acheteur une priorité alors que d’autres semblaient plus flexibles en la matière.

Aujourd’hui il n’y a pas réellement de droit pour fixer un cadre à de telles situations, le droit robotique n’existant pas de fait, il est difficile de juger si tel ou tel choix est mauvais. Ce droit robotique mérite d’être défini. Aujourd’hui c’est une page blanche dans la mesure où la tentation est trop forte d’y appliquer un tropisme humain dominant là où l’humain pourrait ne pas être présent. L’imagination des auteurs de science-fiction est de ce point de vue une aide précieuse.

Asimov dans ses ouvrages pose des questions qui sont d’actualité alors qu’à son époque elles n’étaient que suppositions. Ces questions sont d’autant plus pertinentes qu’elles se fondent sur la connaissance scientifique de leur auteur qui sait que le plausible, un voyage au-delà du système solaire par exemple, ne sera possible que dans des conditions inaccessibles aux humains, sauf à recourir à des technologies et des robots.

Le droit robotique ne sera donc pas simple.

Au fond il sera sur le modèle de nos droits occidentaux actuels qui partent tous, ou presque, du décalogue pour produire ensuite toute une série de normes qui visent à couvrir le champ en constante expansion des sujets à traiter.
Le fait de partir d’un triptyque et non de 10 règles ne devrait pourtant pas simplifier l’exercice.

 


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