Creazilla-free
Signal faible, à présent, les yeux s’ouvrent.
Septembre 2021
En septembre 2021, la SNCF annonce pour le printemps 2022 le lancement de trains à petite vitesse, des ultras low cost pour Lyon et Nantes, évidemment au départ de Paris. Le prix du billet est alors fixé entre 10 et 30 €, 5 € pour les enfants, hors options bagages ( !) ou vélo. D’anciens trains corail seront habillés.
Dans le même temps, l’Allemagne s’essaie au train autonome, une première mondiale, avec Siemens pour une mise en service fin 2021. Et les lignes s’ouvrent à la concurrence venue d’Italie puis d’Espagne. Le chaos s’annonce…
Juillet 2023
En juillet 2023, la SNCF dépose au régulateur 3 nouvelles destinations pour… décembre 2024 : Rennes, Bruxelles et Bordeaux au prix fixe entre 10 et 49 €, 5 à 8 € par enfant (entre temps, l’inflation de +50 % est passée par là).
La SNCF découvre que l’ancien symbole du TGV à l’envers est… un escargot.
L’histoire se confond avec celle de Dacia. Louis Schweitzer avait demandé à son bureau d’étude de Renault de créer une voiture pas chère et fiable à partir des outils industriels disponibles. Devant le refus poli du BE, il s’adressa à Dacia. La marque low cost de Renault est peu chère, fiable, appréciée des clients et du réseau, avec une marge à deux chiffres. Une voiture frugale : elle remplit sa fonction sans toucher aux excès coûteux.
La SNCF devient frugale. Plutôt que de mettre à la casse ses vieux Corail (certes on récupère de la matière, mais cela coûte), elle les rhabille en rose fuchsia (presque la couleur Barbie) et ne paie pas les péages élevés des voies TGV.
Or là est la frugalité : un trajet environ 50 % plus long pour un prix (fixe) plus de 50 % moins cher (et on peut prendre son vélo !). Tous les clients (ne parlons plus d’usagers) de la SNCF ne sont pas Crésus ! Payer moins cher que l’avion, de ville à ville, même des villes… secondaires ( !), et profiter de son voyage pour passer du temps… à regarder le paysage, à lire, à converser, à manger (le repas apporté avec soi)… Et prendre son vélo avec soi, ce qui n’est pas possible en TGV.
Et après ?
D’abord la SNCF ne parle plus de train ultra low cost, mais de train lent. Encore un effort, et ce mot disparaitre à son tour pour parler de train des territoires, ou train de proximité, ou…
La SNCF redécouvre le réseau secondaire qui est secondaire pour le siège parisien, mais pas pour les Français en général.
Peut-être va-t-elle découvrir que c’est la régularité d’une ligne qui fait sa fréquentation et qu’à l’image des pays voisins, ce ne sont pas les trains les plus gros, les plus lourds, les plus forts qui sont les plus rentables, mais les plus simples à utiliser, les plus fiables.
Alors elle se penchera sur les toutes petites lignes et s’intéressera au petit train autonome, un bus sur rail en quelque sorte. Les signaux faibles se multiplient pour accélérer. Mais là, c’est encore un saut quantique à franchir pour la vieille dame… bien que le quantique, lui, progresse.
Je repars en plongée…
Philippe Cahen
Prospectiviste
Dernier livre, juin 2023 : « Le chaos de la prospective et comment s’en sortir », éd. Kawa
Septembre 2021
En septembre 2021, la SNCF annonce pour le printemps 2022 le lancement de trains à petite vitesse, des ultras low cost pour Lyon et Nantes, évidemment au départ de Paris. Le prix du billet est alors fixé entre 10 et 30 €, 5 € pour les enfants, hors options bagages ( !) ou vélo. D’anciens trains corail seront habillés.
Dans le même temps, l’Allemagne s’essaie au train autonome, une première mondiale, avec Siemens pour une mise en service fin 2021. Et les lignes s’ouvrent à la concurrence venue d’Italie puis d’Espagne. Le chaos s’annonce…
Juillet 2023
En juillet 2023, la SNCF dépose au régulateur 3 nouvelles destinations pour… décembre 2024 : Rennes, Bruxelles et Bordeaux au prix fixe entre 10 et 49 €, 5 à 8 € par enfant (entre temps, l’inflation de +50 % est passée par là).
La SNCF découvre que l’ancien symbole du TGV à l’envers est… un escargot.
L’histoire se confond avec celle de Dacia. Louis Schweitzer avait demandé à son bureau d’étude de Renault de créer une voiture pas chère et fiable à partir des outils industriels disponibles. Devant le refus poli du BE, il s’adressa à Dacia. La marque low cost de Renault est peu chère, fiable, appréciée des clients et du réseau, avec une marge à deux chiffres. Une voiture frugale : elle remplit sa fonction sans toucher aux excès coûteux.
La SNCF devient frugale. Plutôt que de mettre à la casse ses vieux Corail (certes on récupère de la matière, mais cela coûte), elle les rhabille en rose fuchsia (presque la couleur Barbie) et ne paie pas les péages élevés des voies TGV.
Or là est la frugalité : un trajet environ 50 % plus long pour un prix (fixe) plus de 50 % moins cher (et on peut prendre son vélo !). Tous les clients (ne parlons plus d’usagers) de la SNCF ne sont pas Crésus ! Payer moins cher que l’avion, de ville à ville, même des villes… secondaires ( !), et profiter de son voyage pour passer du temps… à regarder le paysage, à lire, à converser, à manger (le repas apporté avec soi)… Et prendre son vélo avec soi, ce qui n’est pas possible en TGV.
Et après ?
D’abord la SNCF ne parle plus de train ultra low cost, mais de train lent. Encore un effort, et ce mot disparaitre à son tour pour parler de train des territoires, ou train de proximité, ou…
La SNCF redécouvre le réseau secondaire qui est secondaire pour le siège parisien, mais pas pour les Français en général.
Peut-être va-t-elle découvrir que c’est la régularité d’une ligne qui fait sa fréquentation et qu’à l’image des pays voisins, ce ne sont pas les trains les plus gros, les plus lourds, les plus forts qui sont les plus rentables, mais les plus simples à utiliser, les plus fiables.
Alors elle se penchera sur les toutes petites lignes et s’intéressera au petit train autonome, un bus sur rail en quelque sorte. Les signaux faibles se multiplient pour accélérer. Mais là, c’est encore un saut quantique à franchir pour la vieille dame… bien que le quantique, lui, progresse.
Je repars en plongée…
Philippe Cahen
Prospectiviste
Dernier livre, juin 2023 : « Le chaos de la prospective et comment s’en sortir », éd. Kawa