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Le salut vient du Musée L de Louvain-la-Neuve





Le 26 Février 2022, par Bertrand Coty

Du 25 février au 5 juin, le Musée L de Louvain-la-Neuve en Belgique propose "Formes du salut" en exposition. La directrice, Madame Anne Querinjean, nous accueille avec une bonne nouvelle. Nous pouvons mettre bas les masques. C’est un soulagement et l’institution culturelle attend fébrilement elle aussi le retour des visiteurs après une période extrêmement frustrante et difficile.


Que sont les formes du salut présentées ?

L’exposition présente une sélection d’œuvres religieuses mises en dépôt par la Donation Royale, chefs d’œuvres datant du 13e au 17e et provenant de la collection Adolphe Mignot (1903-2001). Le prêtre érudit avait collectionné en effet, entre autres trésors, des vierges polychromes d’origine espagnole et dont l’histoire allait susciter plus de deux ans de recherche et de restauration passionnée de la part d’Emanuelle Mercier, Docteure en histoire de l’art, conservatrice-restauratrice ; Erika Rabelo, conservatrice-restauratrice, toutes deux collaboratrices scientifiques à l’IRPA(1) ; Matthieu Somon, boursier postdoctorant de Strycker en histoire de l’art pour la Fondation Sedes Sapeintiae, Faculté de théologie UCLouvain.

L’exposition donne ainsi à voir une démarche scientifique pour le sauvetage des œuvres, le salut des formes, autant que l’incarnation artistique du salut des âmes au moyen-âge. Une démarche qui est dense, mais vivante et jamais rébarbative. Un parcours pour les enfants est d’ailleurs organisé pour suivre le travail d’enquête et donner à comprendre à un public familial.

Une immersion dans le travail de conservation-restauration

Après le décès de l’abbé Mignot, les sculptures étaient restées selon ses vœux dans la chapelle Sainte-Anne de l’abbaye de Val Duchesse. Après plusieurs années, à l’ouverture de la chapelle aux équipes de l’IRPA, il s’avéra que du fait de l’humidité, le monde fongique et les insectes xylophages avaient entamé leur œuvre de destruction. Il n’était pas trop tard pour entrer en action.
Après fixation des couches polychromes et des parties endommagées, l’équipe fit appel à l’Europe et aux techniques issues de la plongée sous-marine pour se débarrasser des insectes de façon écologique.

Une tente étanche venue d’Italie où les objets furent placés, associée à une technologie de filtrage de l’air pour ne conserver que l’azote pendant plusieurs jours, permirent de gagner la partie avec une finition de résine acrylique.

La philosophie n’était pas de revenir à un état supposé d’antan « la restauration s’arrête là où commence l’hypothèse »(2), mais de fixer les œuvres dans leur forme actuelle et d’en retracer autant que possible l’histoire.

Les travaux de radiographie et d’analyse des pigments présentés dans l’exposition nous apprennent alors des choses surprenantes. Nous sommes figés dans la vision contemporaine de l’œuvre et de l’artiste alors que la pensée de l’époque est autre. L’œuvre enseigne aux illettrés, elle est le fruit de collaborations d’artistes et d’artisans spécialisés, elle s’inscrit dans les évolutions des représentations au fil du temps… Ainsi, la polychromie évolue, mais aussi, les symboles religieux changent et l’expression des visages se modèlent.
L’exposition donne à voir ce rapport au temps.

Un aperçu concret des pratiques religieuses anciennes

Le second aspect qui domine et qui est mis en valeur par l’excellent travail de Matthieu Somon tient dans la recherche autour de la relation de nos ancêtres, pas si lointains, avec ces magnifiques objets. Il sont les intermédiaires, entre la foi des femmes et des hommes et leur dévotion.

Processions, posture d’autorité, touché, les statues sont un symbole actif entre les fidèles seuls ou en groupe, nobles ou paysans, et leur Dieu. Ils expriment sollicitations et reconnaissance, forment leurs vœux pour eux-mêmes et leurs proches. La statue accompagne leur communication et matérialise leur foi. 
Le Christ des Rameaux, trésor de Wallonie, nous renvoie avec émotion à l’environnement initial de ces œuvres.
 
Enquête autour d’une copie d’une dormition de la Vierge

Le travail d’enquête de l’expert en art est également mis en avant autour d’une copie d’une dormition de la Vierge très précisément inspirée d’un relief attribué à Adriaen van Wesel et conservé au Rijksmuseum d’Amsterdam.
Cette recherche évoque l’activité de l’expert en Art au service de la police criminelle et de la justice.
 

Vous l’aurez compris, l’exposition Formes du salut est riche de sens et d’émotions, elle donne à voir et à s’émouvoir devant un statuaire qui vient à notre rencontre au fil du temps et qui exprime par sa beauté naïve, mais aussi autoritaire, le rappel des valeurs essentielles de notre humanité précaire. Quelle que soit notre foi, le salut vient de la compréhension du bien et de la libération complète et définitive du mal.
À bon entendeur…
 



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