Journal de l'économie

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Le virus qui contamina nos certitudes





Le 9 Juin 2021, par Dalal BENCHERIF

Le ministre de l’Économie M. Bruno LE MAIRE a annoncé la semaine dernière que le déficit public serait de 9,4 %. Ce chiffre a-t-il encore un sens, pis la notion de dette publique a-t-elle encore un sens ?


Pixabay
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Depuis le début de cette crise sanitaire mondiale, les États du monde entier y compris l’Europe ne cessent d’emprunter.
En effet, dès avril 2020, la Banque Centrale Européenne (BCE) a annoncé disposer de 1 000 milliards d’euros pour soutenir les crédits. 3.000 autres milliards étaient, à l’époque, mobilisables si besoin.

La France a croqué dans la pomme et elle n’a pas été la seule, le 23 avril 2020, l’État français a emprunté la somme de 323 milliards d’euros pour financer les entreprises et les salariés. Le déficit est alors passé de 73 milliards d’euros en 2019 à 211,5 milliards d’euros en 2020.

Il est vrai que nécessité fait loi, mais le contexte depuis plus d’un an, laisse à réfléchir notamment sur les réponses économiques et financières données pour faire face à cette crise sanitaire. Elles l’ont toutes été sur la base d’un retour à moyen terme à une croissance « forte ».

La solution d’urgence mise en place dès avril a été d’emprunter, considérant les vagues successives du virus et l’incertitude d’un redressement de l’économie, les États vont-ils continuer à emprunter ? et comment va-t-on pouvoir rembourser les emprunts de la période COVID 19 ?

Il n’est pas besoin d’être un grand économiste pour savoir que les solutions possibles sont toujours un peu les mêmes, il s’agirait d’un remboursement soit en réempruntant pour faire rouler la dette au lieu d’emprunter pour investir, soit en augmentant les impôts, soit en baissant les dépenses.

C’est dans cette perspective peu réjouissante, que 50 personnalités françaises dont l’économiste M. Piketty, rejoint par l’ancien ministre belge Paul Magnette et l’ancien commissaire européen hongrois Andor Lazloo, ont demandé l’annulation de la dette vis-à-vis de la BCE. Ils se sont alors heurtés en janvier dernier au refus de Madame LAGARDE qui considère que d’une part, cette annulation serait une « violation du traité européen » comme si le traité européen était un écrit divin, immuable ou d’une vérité universelle…. « Européenne », en l’occurrence.

Et d’autre part, que les dettes se gèrent à long terme et assurent que les investissements réalisés dans des secteurs déterminants pour l’avenir engendreront une croissance plus forte.

Position hautement optimiste, sauf à être Madame Irma, les prévisions dans le contexte actuel virent plutôt à la prophétie.
De plus, nous ne pourrons parler de croissance « forte » que lorsque nous aurons repris le pouvoir sur notre économie, car depuis plus d’un an, un être microscopique s’est emparé du pouvoir mondial.

Il est difficile de parlementer ou de négocier avec lui, c’est une lutte à mort qui s’est engagée…pour le moment nous avons une légère avance, mais la garderons nous ? Telle est la question.

À l’aune de la vaccination, nous allons pouvoir jauger de l’efficacité des vaccins mis sur le marché, si leur taux d’efficacité n’est pas avéré comme prévu, il est fort à parier qu’un confinement sera de nouveau à prévoir. Gageons que le bilan de l’après-été soit encourageant.

Comme La Fontaine dans ses fables nous devrions tirer une morale de notre situation actuelle celle que nous sommes si peu de choses et que la force de la nature peut tout à fait nous déstabiliser.

À bien des égards, cette crise a bouleversé nos certitudes. Nous étions arcboutés à la valeur travail/argent, nous nous sommes retrouvés désœuvrés comme jamais. Les États quant à eux maintiennent coûte que coûte le cap de l’orthodoxie budgétaire et du « quoi qu’il en coûte ».
 
Il aurait été et serait encore opportun de réfléchir à mettre en place de nouveaux curseurs économiques, une nouvelle façon de penser qui prendrait en compte, l’éthique, la morale, l’environnement et l’humain.

Depuis quelques décennies déjà, des voix se sont élevées pour un monde différent. Ainsi le philosophe Michel Foucault ou l’économiste Milton Friedman prônaient un revenu pour tous. Ou bien encore les voix écologiques de la jeune activiste Greta Thunberg ou de l’ancien vice-président des États-Unis Al Gore, et bien d’autres personnalités connues ou anonymes, se sont élevées de plus en plus nombreuses.

Certains pays comme certains individus ont pris conscience que nous devrions respecter la nature et tout ce qui nous entoure et changer nos habitudes.

Alors pourquoi ne nous donnons-nous pas la chance de continuer sur cette voie ? Surtout que nous allons devoir repenser beaucoup de schémas économiques préétablis en raison du développement inéluctable des nouvelles technologies, robot et IA.

En effet, le mode du numérique va s’imposer à nous dans le futur, que ce soit dans nos habitudes de vie, dans notre façon de nous rencontrer ou de travailler.

Nous devrions aujourd’hui repenser le modèle économique sur lequel le monde a évolué depuis la révolution industrielle, c’est le meilleur moment puisque l’économie mondiale vit au ralenti.

L’être humain est plein de ressource et des solutions sont proposées, on parle de richesse redistribuée, comme par exemple le revenu universel ou revenu de base pour diminuer le chômage et la pauvreté ou l’imposition unifiée du secteur numérique pour éviter l’évasion fiscale ou les failles des systèmes fiscaux ou même le changement de nos habitudes de consommation en utilisant moins d’eau, en évitant le gaspillage, en diminuant nos déchets…

Beaucoup de ces solutions ont été amorcées, c’est le cas du revenu universel en Alaska, c’est le cas en France de la taxe de 3 % des GAFA, c’est le cas dans plusieurs pays du tri des déchets ou de la diminution de l’utilisation du plastique, etc.
Il est temps de nous inventer une nouvelle façon de vivre de façon éthique en étant chacun, responsable vis-à-vis des autres êtres vivants, en respectant autrui.

La philosophie védique puis hindouiste, considère que l’homme est une énergie, il forme un tout avec l’univers, ceci implique que tout dérèglement de l’un impacte l’ensemble, c’est un peu ce que l’on appelle dans la culture occidentale « l’effet papillon ».

Alors si nous gardons en tête ce principe, chacun doit être inspiré et inspirant pour engager le changement et permettre à tous de vivre en harmonie.
 



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