Journal de l'économie

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Oligopole et Oligarchie : L’unification du monde ?





Le 5 Avril 2022, par Bernard Landais

« Les évènements de l’Est européen ont remis sur le devant de la scène des termes qui nous paraissent à la fois mystérieux et inquiétants, ceux d’oligopole et d’oligarchie ». Réel poison pour les individus, d’après Bernard Landais, l’oligarchie ne pourra être neutralisée que par l’accomplissement des nations.
Professeur émérite de Sciences économiques à l’Université, il est l’auteur de « Réagir au déclin ; une économie politique pour la Droite française » (VA Editions Décembre 2021).


Les évènements de l’Est européen ont remis sur le devant de la scène des termes qui nous paraissent à la fois mystérieux et inquiétants, ceux d’oligopole et d’oligarchie. L’URSS et les pays de l’Est s’étant libérés du socialisme au début des années 1990, leur économie a été immédiatement découpée en tranches et contrôlée par quelques centaines d’individus, les oligarques. On devine qu’il s’agissait de personnages proches du Parti, de l’Armée et des Services Secrets, ayant ainsi hérité de moyens de contrôler l’économie et de faire d’imposantes fortunes. Ce fut le cas en Russie, en Ukraine, en Biélorussie, Arménie, Géorgie, Kazakhstan …et même dans certains des pays de l’Est de l’Union Européenne. Dans ce dernier cas, ce mode de dévolution du capital fut néanmoins troublé par la facilité pour les États concernés de vendre les actifs productifs aux étrangers de l’Ouest, les Allemands en particulier.
 
Ce monde de passe-droits, d’opulence et de corruption est encore bien installé. Tout se passe comme si dans leur évolution vers le Marché, les économies de ces pays s’étaient arrêtées à la première étape, celle d’un capitalisme d’État découpé en un minimum de morceaux et donc toujours en contact étroit avec le pouvoir ; un socialisme d’économie mixte avec implications politiques claniques ! Cette évolution pourrait se décrire comme une oligarchisation descendante. On devine que le bonheur des peuples ne suit qu’avec retard…
 
Du côté Ouest, à peu près à la même époque, des processus symétriques prirent place. Les pays occidentaux et singulièrement européens organisèrent leur sphère politico-économique. Certes, les socialistes se rallièrent au Marché mais avec l’idée que ce Marché devait être placé sous contrôle ; ils ne devinrent donc pas libéraux pour autant. La Droite leur emboîta le pas, toute heureuse de ne plus porter seule le poids du péché honteux de capitalisme. S’agissant de l’Union Européenne, ce fut le grand début de l’intégration politique, s’imposant de mille manières autour d’une activité productive corsetée de règlements, d’impératifs sociétaux, de politiques de la concurrence, de financiarisation et de Banque Centrale irresponsable et omnipotente.
 
Le pouvoir économique s’est ainsi placé concrètement en quelques centaines de mains, certaines publiques et certaines privées, le plus souvent en lien avec les intérêts anglo-saxons ou récemment chinois. L’objectif est de liquider les intérêts nationaux et de les faire disparaître au profit des pouvoirs privés et publics coalisés du monde ou d’une zone. Ce « socialisme d’économie mixte » occidental correspond donc au processus d’oligarchisation montante. Mais pour la France ce fut une période de déclin de puissance économique et de baisse de pouvoir d’achat.
 
Ce double mouvement en ciseaux exprime la convergence peut-être définitive vers une société mondiale globalement oligarchique où la circulation des milliards d’un pôle à l’autre devient le quotidien de la vie et l’essentiel de l’information économique. Les grands perdants de cette convergence sont les individus et les nations.
 
La créativité individuelle, la prise de risques, le mode de vie, les cultures et certaines religions sont combattus, ce qui réduit les capacités de régénération constante du Marché que sont les forces de l’investissement et de la démographie. Les populations sont de plus en plus infantilisées, mises en protection rapprochée et dépossédées culturellement par l’oligarchie.  Par exemple dans le sport, quand on voit les tristes « Jeux Olympiques » japonais et chinois, la Coupe du Monde du Qatar, la finale d’une coupe d’Espagne fossoyée à coup de dollars en Arabie Saoudite…on devine à quel point l’honneur et le bonheur des peuples sont sacrifiés dans ce système d’oligarques et d’argent roi.
 
Contre ce pouvoir mondial oligarchique, la nation est le seul cadre de résistance des aspirations populaires. Elle demeure le cadre privilégié de recherche du développement économique ; elle est la seule à conserver ne serait-ce qu’une petite dose de légitimité démocratique. Ne la laissons pas mourir !

Bernard Landais est Professeur émérite de Sciences économiques à l'Université et auteur de "Réagir au déclin, Une économie politique pour la Droite française" (VA Editions, 2021)



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