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Portrait d'Artiste : Entretien avec Charlotte Cornaton





Le 10 Mai 2021, par Bertrand Coty

Née à Paris en 1986, Charlotte Cornaton est diplômée en 2009 de l’École supérieure d’arts graphiques (Esag) Penninghen à Paris dont elle sort Major de sa promotion suite à un échange en céramique design à la Central Saint Martins School de Londres. Elle continue son apprentissage à travers ses résidences : @EKWC aux Pays-Bas et Pottery Workshop en Chine entre 2012, 2014 et 2017. Puis suit une formation spécifique à la Chimie de l'émail sous la direction de Christophe Bonnard dans l'école Arts et Techniques Céramiques en 2017.


Photographe Delphine Jouandeau
Photographe Delphine Jouandeau
Quels sont vos ancrages ?

J’ai grandi entre Paris et le reste de la France avec des parents qui aimaient parcourir les brocantes, levée à quatre heures du mat en poussette, je collectionnais les poupées des années 40/50. Au lieu d’avoir des jouets en plastique comme une enfant de ma génération, j’ai grandi avec l’imagerie des amoureux de Peynet. (Ce qui m’a d’ailleurs inspiré une série de poupées de porcelaine).

Pendant ces escapades régulières on visitait beaucoup, les châteaux de la Loire, le Pays basque, les Gorges du Verdon… je faisais des carnets précis et collectionnais les cartes postales de tous les villages où l'on m’emmenait. Et puis je passais tous mes étés dans le Sud qui reste aujourd’hui encore mon havre de paix, sous les pins de Cézanne.

 

Livre de Porcelaine, ‘Etoile du Chaos’, photographe Alain Cornu
Livre de Porcelaine, ‘Etoile du Chaos’, photographe Alain Cornu
Comment s’est révélé votre lien à l’Art ?
 
Ayant grandi avec des parents ‘chineurs’, collectionneurs, j’étais littéralement entourée de céramiques, tableaux, gravures… J’ai suivi des cours de dessins toute mon enfance. J’étais obsédée par le destin des femmes artistes telles que Camille Claudel et Frida Kahlo, dont j’avais lu tous les écrits et biographies, en apprenant à connaître les moindres recoins de leur vie.  Mais j’ai d’abord commencé par des études de Graphisme à l’Esag Penninghen, dont je suis sortie Major en réalisant une thèse sur les Vanités en combinant mes premières expérimentations céramiques à de la vidéo.
 
Par la suite, j’ai été sélectionnée pour la résidence @EKWC aux Pays-Bas (lieu d’avant-garde de la céramique sculpturale) et ce fut un réel déclic. Le jour de mon arrivée sur place, une pièce monumentale céramique sortait du four de quatre mètres de haut, ses parois s’élevaient pour révéler le résultat de sa magie chimique, ce fut un coup de cœur pour les possibilités de ce matériau et sa beauté.

Céramique sculpturale, feuille de céramique et tiges métalliques I & II, ‘Monstera Deliciosa’
Céramique sculpturale, feuille de céramique et tiges métalliques I & II, ‘Monstera Deliciosa’
Quel est le rôle de l’artiste selon vous ?

À mes yeux, l’artiste est un être plus sensible que les autres, qui s’imprègne et reflète symboliquement la société dans laquelle il vit malgré lui. Qu’il le fasse de manière personnelle ou politique, il est un reflet des utopies et des problèmes de la société dans laquelle il évolue et en devenir. Je fais partie de ceux qui pensent que l’Art est là pour dire, faire ressentir quelque chose, qu’il n’est pas forcément unanime, mais peut toucher intrinsèquement plusieurs personnes, c’en est l’aboutissement.
 
Quelles ont été les principales étapes de votre création ?
 
Suite à ma résidence aux Pays-Bas j’ai entamé une période de travail, qui était également une période d’apprentissage, à travers les voyages et les résidences. Pendant sept années, j’ai appris la porcelaine ancestrale à Jingdezhen en Chine, observé les techniques d’artisanat des carreaux zelliges au Maroc, azulejos au Portugal, Espagne, Brésil, Iznik en Turquie… ou d’autres matériaux. J’ai voulu refléter un travail transculturel qui s’inspirait des techniques anciennes pour les rendre contemporaines.

La littérature est également une grande source d’inspiration, qu’il s’agisse de lire les biographies des artistes et femmes disparues, pour converser avec eux ou lire poètes/sses et écrits plus contemporains qui évoquent des idées métaphoriques et induites la création d’une image.

Chaque projet artistique est le résultat de longues recherches, de photographies de voyage, de dessins, de textes accumulés, de calculs moléculaires pour obtenir les teintes d’émail qui reflètent l’idée voulue… tout cela conservé dans une multitude de carnets.
 

Carnet, peinture gouache et feuille de grès émaillé, ‘Monstera Deliciosa’
Carnet, peinture gouache et feuille de grès émaillé, ‘Monstera Deliciosa’
Pouvez-vous nous décrire votre atelier ?
 
Aujourd’hui je suis installée dans mon atelier de Montreuil où j’y vis également. Il s’agit de ma serre de protection, sous ma verrière zénithale, je suis comme une plante tropicale qui se développe enfin dans le bon climat. Il me permet de relier les techniques et inspirations accumulées au cours du temps. Il est fait de verre et de métal ; qui s’opposent comme dans mon travail, à mes sculptures céramiques. Mon bureau est mon cabinet de curiosité, mon tri postal est mon centre de recherche d’émail, ma salle technique est le lieu des flammes et des poudres qui se révéleront dans le four, les pinceaux à calligraphies chinois avec lesquels j’émaille sont accrochés au mur au-dessus de ma table à dessin, et une échelle roulante permet de monter les pièces une fois terminées.

Monstera Deliciosa’
Monstera Deliciosa’
Quelles sont les dernières et principales expositions où vous avez présenté vos œuvres ?  
La situation actuelle m’a emmenée à faire partie d’une exposition virtuelle, une exploration intime de la psyché féminine avec le collectif HEROINES WAVE, The enclosed Garden, toujours visible en ligne.





 
Ma prochaine exposition (repoussée) au Salon de la céramique C14 aura lieu au 12 rue Pierre Castagnou dans le 14e, vernissage le jeudi 30 septembre 2021.
 
Vous pouvez suivre mon actualité en ligne via mon Instagram @charlotte_cornaton
mon site : www.charlottecornaton.com


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