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Portrait d'Artiste : Entretien avec Sofie Dieu





Le 20 Avril 2021, par Bertrand Coty

Sofie Dieu est une artiste française installée en Australie. Elle collabore avec des communautés indigènes et des femmes australiennes pour développer ses projets multimédias. Son art se situe à l’intersection de la féminité, de la guérison et de la spiritualité.


Quels sont vos ancrages ?

Mes racines familiales sont Picardes bien que je sois née à Reims. J’ai étudié le textile en Angleterre puis à Paris à Olivier de Serres, avant d’y faire une formation en sculpture. Après quelques années passées dans la mode, je suis partie travailler en Chine pendant quatre ans. Aujourd’hui je vis à Melbourne, cela fait tout juste douze ans que je me suis installée en Australie. Mon travail est ancré sur ces différentes expériences de la vie rurale, urbaine, et immigrée. Au travers de performances, photographies, peintures et vidéos, je parle de cette relation complexe au monde. Chaque œuvre est une tentative pour renouer avec le sentiment d’unité primordiale qui est si rarement présent en Occident. En ce sens, j’assimile mon travail à une quête lumineuse.

Comment s’est révélé votre lien à l’Art ?  Une rencontre ?

Il s’est révélé tôt dans des créations textiles. J’ai appris à broder très jeune et ai dessiné au fil de l’aiguille comme d’autres enfants dessinent au crayon de couleur. Cette passion du textile ne m’a jamais quitté et dorénavant je brode mes costumes que je revêts lors de mes performances. C’est plus tard, adolescente, que j’ai pris conscience que l’art pouvait être bien plus qu’un simple passe-temps. C’est en voyant Tartuffe de Molière adapté par Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil que j’ai compris qui j’étais vraiment. Ce fut un véritable choc, très puissant, à la fois émotionnel, créatif et spirituel. Je voulais tout être à la fois : les acteurs, le scénographe, la metteuse en scène... Aujourd’hui je fais tout cela dans ma pratique artistique, je suis comblée.

 Quel est le rôle de l’artiste selon vous ?

Les artistes qui savent parler des thèmes indissociables de notre expérience humaine tels que la mort et la vie, l’amour, la souffrance, les liens familiaux, sont ceux qui ont mis leur don créatif au service de notre humanité. Ils transcendent leur expérience personnelle et lui donnent une substance physique pour faciliter une catharsis collective. Ils nous aident en quelque sorte à comprendre et assimiler nos propres expériences, à en sortir grandi. C’est selon moi le but ultime de l’artiste et ce à quoi j’aspire.

Où puisez-vous votre inspiration ? 

Chaque projet artistique part d’une observation du monde et de mon ressenti. J’interroge comment cette expérience souvent douloureuse s’inscrit dans le collectif. Je recherche quels moyens plastiques sont les plus efficaces pour narrer cette souffrance et soulager nos conflits intérieurs. Je prépare un rituel qui prend le plus souvent la forme d’une performance. Je couds et brode mon costume, dernièrement j’ai travaillé avec 50 femmes elles aussi immigrées pour broder une robe de 3 m de diamètre. En parallèle, je parcours le bush australien à la recherche d’un lieu où aura lieu le rituel. Je prends des photos et vidéos de la performance puis édite ce matériel depuis mon studio où je peins mes photos pour sceller l’acte cathartique. Tout ce travail est plus tard mis en scène lors des expositions.

Pouvez-vous nous décrire votre atelier ?

Très petit, silencieux et fonctionnel, mon atelier est chez moi, j’y travaille tous les jours. Peu de gens le visitent, j’aime qu’il reste privé. L’atmosphère y est particulièrement sereine et créative tôt le matin. C’est un lieu à la fois magique et spirituel, le temps y est distordu, l’espace s’y dissout, moi même je m’y transforme. Le seul compagnon autorisé dans cet espace est une plante qui m’a été offerte.

 
Quelles sont les dernières et principales expositions où vous avez présenté vos œuvres ?

La dernière exposition en date a eu lieu fin Mars/début avril à Mount Waverley dans la banlieue Est de Melbourne à la Track Gallery. Longing for Home, Stories of First Generation Australian Women parle d’immigration, et de la notion de féminité. Cette exposition va voyager cette année dans diverses galeries de l’État du Victoria et du New South Wales. Je mène également un projet collectif de publication Stillness Through Art, a Guide to Overcome Eco-anxiety, qui sera distribué gratuitement dans les écoles et communautés qui ont été atteintes par les incendies en 2019-2020. Je travaille aussi sur une commande privée, ce sera le plus grand diptyque que j’ai jamais peint.



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