Journal de l'économie

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Retraites, Et si le Grand Soir était possible ?





Le 15 Mars 2023, par Eric Wuithier

« Je ne crois pas au Grand Soir », c’est ce que m’a répondu Éric Woerth lors d’une réunion publique récente sur les retraites. Mais les conditions de ce Grand Soir ne sont-elles pas réunies ?


Rappelons la situation macroéconomique de la France depuis 25 ans ?

Notre pays a supprimé et délocalisé une grande partie de sa production industrielle au nom du capitalisme financier, entraînant un chômage plus élevé que dans beaucoup de pays ainsi qu’une balance commerciale négative appauvrissant la France, et explosant en 2022 à 164 milliards d’euros.
 
La dette du pays ne fait que s’accroître. Elle atteint 3 000 milliards d’euros et ne peut être remboursée alors que des mégadéfis, tels que le réchauffement climatique, la transition énergétique, la rénovation du système de santé et le réarmement du pays pour tenir une guerre à haute intensité, sont insuffisamment financés alors qu’ils nécessiteraient au moins 80 milliards d’euros chaque année pendant environ dix ans.
 
Après l’informatique et la robotique, l’intelligence artificielle va modifier fondamentalement les modes et conditions de travail, comme l’a montré Daniel Susskind dans son livre « Un monde sans travail ».
 
Après les crises économiques de 2002 et 2007, dont la France a mis du temps à se remettre, nous vivons un double traumatisme à deux ans d’écart, celui de la pandémie et de la dramatique guerre en Ukraine.
 
Nous avons tant bien que mal surmonté le premier avec le « quoi qu’il en coûte », mais le second est bien plus compliqué avec l’inflation et la crise énergétique, car il intervient alors que nous n’avons pas encore cicatrisé nos plaies du premier.

Alors pourquoi le risque d’un Grand Soir ?

La réforme des retraites en cours pourrait bien en être l’ultime catalyseur. 
C’est la septième réforme depuis celle de 1992, en intégrant les échecs de 1995 et 2019, et chaque fois, les pouvoirs publics affirment que la question du déficit est réglée. De toute évidence, cette réforme ne sera pas la dernière. 
 
D’aucuns disent que c’est toujours en début de mandat qu’une telle réforme doit se faire, même si le moment n’est jamais bon. Dans le cas présent, la situation générale décrite précédemment montre que c’est un très mauvais moment pour le faire.
 
Si cette réforme doit être entérinée au final, avec ou sans 49.3, la contestation se poursuivra dans la rue ou à bas bruit, et les Français voudront sanctionner la mouvance politique soutenant le Président de la République. La NUPES ne devrait pas en profiter, mais plus certainement le Rassemblement National qui se construit une respectabilité politique, tout en s’opposant au projet de retraite. Les électeurs qui voteront pourraient se dire « On a tout essayé, alors pourquoi pas Marine Le Pen ? ».  
 
Ainsi le Grand Soir qui faisait craindre au XIXe siècle l’émergence du communisme, pourrait être cette fois-ci d’extrême droite populiste menant la France à rejoindre certains pays européens comme l’Autriche, la Hongrie, l’Italie, ou encore la Pologne.   

Faut-il se résoudre à cela ?

Il y a peu de chances que le présent gouvernement inverse ce risque, et tout devrait se jouer à l’occasion des élections de 2027.
Il faudrait qu’une personnalité crédible prépare dès 2025 sa candidature, en montrant que notre pays ne peut poursuivre la même trajectoire, au risque de voir émerger un Grand Soir ténébreux et inquiétant. Il faudrait qu’il montre la possibilité d’un projet pour un Matin radieux et motivant.
 
Beaucoup diront que c’est impossible, car il faudrait revoir tous les fondamentaux de notre système social. Il existe pourtant une solution tout à fait novatrice fondée sur le Revenu Universel, montrant que celui-ci peut être un vecteur financier susceptible d’augmenter le pouvoir d’achat, d’apporter plus de justice sociale, de simplifier tout le système de protection, mais aussi d’améliorer la compétitivité des entreprises et de donner de nouveaux moyens financiers à l’État, sans impôts supplémentaires !  
 
Je l’ai techniquement explicité dans mon dernier livre « Débats pour le Revenu Universel », ce qu’il faut maintenant, c’est le courage politique de le faire.





1.Posté par Jean-Yves Carfantan le 23/03/2023 14:17 | Alerter
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Vous pourriez aussi citer le grand modèle dans ce domaine qui est l'Argentine.

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