Journal de l'économie

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Retraites : seule solution pour renflouer nos caisses ?





Le 19 Janvier 2023, par Eric Wuithier

Nous allons « nous fracasser contre le mur ». Retraite, chômage, santé… La France va-t-elle finir par vaincre ? Eric Wuithier, auteur sur le Revenu Universel dit STOP.


Tout a été dit ou presque sur le sujet des retraites qui oppose deux points de vue par nature irréconciliables

– D’un côté une majorité de citoyens, les syndicats de salariés et les partis politiques d’opposition (à l’exception de LR, et encore il faudra voir s’ils votent tous pour la réforme) qui sont arcboutés sur l’âge de départ à la retraite, et qui expriment un « ras le bol » des réformes de notre système de protection sociale à leur détriment depuis des années.

– De l’autre l’État qui se doit de gérer les finances du pays au mieux des intérêts de la France et de sa crédibilité européenne et internationale.

Défendre le premier point de vue, c’est ignorer les contraintes financières de la France et les risques que nous courons (dette, pression de l’Union Européenne…)

Défendre le second point de vue, c’est passer la finance avant les personnes et leurs difficultés.

Mais maintenant, examinons de façon plus générale le sens des réformes successives sur notre protection sociale

– Pour la retraite, nous en sommes à la quatrième au moins depuis 20 ans.

Chaque fois les mesures prononcées l’ont été avec l’argument que le régime serait équilibré et sauvé, mais il a fallu y retourner à nouveau.

Pour cette nouvelle réforme, il en sera de même en 2032 en toute certitude, et peut être même avant, car il n’est pas dit que le chômage ne grimpe pas à nouveau.

– Pour l’assurance chômage, il en est exactement de même.

Les réformes ont même commencé après la mesure de Valery Giscard d’Estaing qui avait porté les indemnités pour licenciement économique à 90 % du dernier salaire, avec pour conséquence de bénéficier d’un meilleur revenu en étant licencié qu’en ayant travaillé auparavant.

Ainsi, à chaque fois, un tour de vis plus ou moins violent a été opéré sur le montant des indemnités, sur la durée d’indemnisation et sur les motifs de radiation.

Mais, comment et combien de temps l’UNEDIC mettra pour rembourser sa dette colossale de 80 milliards d’euros ?

– Pour l’assurance santé toujours le même principe.

Au fil des ans, les déremboursements des médicaments se sont développés, les jours de carence pour arrêt maladie ont été portés de 1 à 3 jours dans le privé.

On a tenté de faire de même dans le public, mais, sous François Hollande, la ministre de la Santé est revenue en arrière avec 400 millions de coûts supplémentaires à la clé.

Toujours pour les arrêts de travail on a procédé au maintien du salaire sur le net et non sur le brut comme ce fut le cas il y a une vingtaine d’années. En fait cette mesure était indispensable, car là aussi le salarié avait un meilleur revenu en étant malade qu’en travaillant.

On a fait pression sur les laboratoires pharmaceutiques pour obtenir des prix de médicament les plus faibles possible, ce qui nous met aujourd’hui en pénurie sur certains produits, car les laboratoires préfèrent d’abord livrer les médicaments dans des pays où les prix sont meilleurs.

Une dernière mesure portant sur les arrêts maladie obtenus trop facilement sur internet a été évoquée récemment.

Mais dans le même temps, la CADES continue de rembourser la dette de la Sécurité Sociale qui ne cesse de s’alimenter (toujours pour de bonnes raisons) tel le tonneau des danaïdes.

Ainsi toutes ces mesures de révision de notre protection sociale placent cependant encore la France en tête de tous les pays, pour des citoyens mécontents.

Ce paradoxe peut s’expliquer avec l’image suivante :
L’État est un médecin qui soigne un patient très malade avec des médicaments parfois homéopathiques, et le patient en assez de ces médicaments, car il ne guérit pas.

Examinons maintenant les mesures demandées par certains syndicats de salariés, les partis de la NUPES, et même certains économistes engagés

Elles tournent toujours sur la même idée : « Faire payer les riches ».

Essayons d’évaluer ce que rapporterait des mesures telles que:

– Revenir à l’ISF
– Porter à 50 % les droits de succession au-delà de 500 000 euros après abattements.
– Revenir à une taxation au taux marginal sur les plus-values et les dividendes
– Passer la dernière tranche d’imposition sur le revenu à 60 %

Le cumul de ces mesures va plus loin que les demandes actuelles !!!
Le montant brut atteignable pourrait être de l’ordre18 milliards par an,
Mais pour être exact, il faudrait déduire les conséquences de ces mesures sur l’évasion fiscale qui serait inévitable et à nouveau massive, sur la base de l’expérience passée.

L’estimation porte le gain net à 10 milliards par an.

Certes ces mesures « populaires » éviteraient de travailler plus longtemps, mais ne règleraient pas pour autant le reste et surtout pointeraient la France comme un pays où il ne fait pas bon investir.

Intéressons-nous aux mégadéfis que la France doit affronter

Ils sont bien connus, mais rappelons les cependant :

– Transition écologique
– Crise de l’énergie
– Capacité de notre armée à soutenir une guerre de haute intensité
– Crise de notre système de santé
– Difficulté des entreprises face à la hausse de leurs coûts et à la pression sur les augmentations de salaire entrainant le risque de voir le chômage repartir à la hausse
– Crise sur l’intérêt au travail (sens du travail, pression sur les objectifs, rejets des séniors, etc.)
Auxquels il faut ajouter :
– Dette de la France de 3 000 milliards qui va s’amplifier encore cette année, car nous allons emprunter 257 milliards et remboursement de celle-ci à raison de 50 milliards au taux actuel venant réduire d’autant nos capacités à investir

Pour être plus parlant, en ramenant ces chiffres au niveau d’un couple sans enfant ayant 35 000 euros net de revenus par an, la situation de l’État correspondrait à

  • 368 000 euros d’endettement à rembourser, soit plus de 10 fois le revenu net
  • 6 140 euros de remboursement des intérêts par an, soit 17 % du revenu net
  • 31 500 euros de demande de prêt supplémentaire à la banque pour pouvoir vivre, soit 90 % du revenu net !!!
– Balance commerciale chroniquement négative qui va cette année atteindre des sommets à plus de 154 milliards.

Le réalisme pousse à dire que plus rien ne va dans notre beau pays et qu’il y a urgence à prendre « le taureau par les cornes ».

Il est compréhensible que nos gouvernants ne souhaitent pas désespérer les Français avec un tel constat, surtout s’il n’y n’a pas de réponses solides à tous ces défis.

Cependant, dire que :
– Notre économie va bien comparativement à celle de nos voisins européens,
– La France est redevenue un pays attractif, car les impôts ont baissé
– Nous faisons de gros efforts sur les énergies renouvelables et le nucléaire
– Nous continuons à aider les plus démunis et les entreprises qui souffrent de la crise énergétique…

Tout cela est vrai, et peut anesthésier partiellement la douleur sociale, mais ce n’est pas du tout à la hauteur des enjeux que LA France doit prendre « à bras le corps ».

En d’autres termes, nous devons nous battre contre des situations qui sont ou seront dramatiques, sans munitions, puisque Bruno Le Maire avec lucidité a dit que nous étions à l’euro près.

En d’autres termes, nous écopons avec une petite cuillère un navire qui prend l’eau et, en bouchant un trou, alors que les passagers en élargissent un autre en se bousculant pour ne pas couler !!!

Mon second livre « Débats pour le Revenu Universel », apporte avec conviction la démonstration que le Revenu Universel peut apporter une répondre à tous ces enjeux, car :

– Il est d’abord un vecteur financier que l’on peut financer sans impôt.
– Il simplifie tout notre modèle social et nous en avons tellement besoin.
– Il sécurise les revenus des Français et améliore leur pouvoir d’achat.
– Il rend plus compétitives nos entreprises.
– Il procure à l’État et ses institutions plus de 140 milliards chaque année de disponibilités pour investir et rendre nos finances publiques en meilleur état…

Certes sa mise en œuvre peut prendre du temps, car elle nécessite aussi que nous changions notre logiciel de pensée et que nous laissions de côté nos dogmes ;

Cela ne sera pas facile, mais si c’est pour éviter de nous fracasser contre le mur qui maintenant est très proche, le jeu n’en vaut-il pas que l’on essaye et surtout que l’on réussisse.




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