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Sacha Lazimi (Yubo) : « En termes de communauté, nous sommes la première application sociale 100 % made in France »





Le 9 Juillet 2020, par Sacha Lazimi

Sacha Lazimi est le CEO et co-fondateur de Yubo, une application sociale 100 % made in France, qui rassemble aujourd’hui plus de 30 millions d’inscrits dans le monde. Le Journal de l’Économie a interviewé Sacha Lazimi pour évoquer avec lui l’avenir de Yubo, sa dernière levée de fonds et les mesures mises en œuvre pour assurer la sécurité des utilisateurs.


Pouvez-vous nous présenter Yubo ?

Yubo est une application sociale créée en 2015. Notre objectif est de permettre aux 13 – 25 ans de socialiser en ligne de la même manière qu’ils le feraient dans la vraie vie. Nos utilisateurs échangent dans des groupes de discussions publics en vidéo, audio ou à travers un chat, sur les thématiques de leur choix. 

Nous rassemblons aujourd’hui plus de 30 millions d’inscrits dans le monde et nous bénéficions d’une excellente popularité dans les pays anglophones, comme les États-Unis, l’Australie ou encore le Royaume-Uni. Dans les pays scandinaves aussi, Yubo connaît un franc succès. En termes de communauté, nous sommes la première application sociale 100 % made in France. Mais, dans le pays, d’autres acteurs émergent aussi, comme Zenly, Voodoo, Hoop ou encore MWM, et montrent la vivacité et la qualité de l’écosystème B2C français. Nous sommes fiers de faire partie d’une communauté si active !

Pourtant, il doit être difficile d’émerger dans un écosystème aussi concurrentiel que les réseaux sociaux…

Yubo est très différent des autres réseaux sociaux. Nous privilégions les échanges directs à travers des vidéos en temps réel dans des salons de discussion « à taille humaine », d’en moyenne une dizaine de personnes. Nous n’avons pas non plus implémenté de système de like, à la différence de nos concurrents, afin de ne pas avoir de système d’influence ou d’audience. Nous nous concentrons sur la socialisation de groupe, et pas sur les comportements individuels.  

Sur ce marché, la concurrence n’est d’ailleurs pas forcément négative. Les jeunes sont bien souvent inscrits sur plusieurs réseaux sociaux à la fois et se rendent sur l’un ou l’autre en fonction de leur envie du moment, de leur humeur, du type de relation qu’ils souhaitent entretenir… L’important est de savoir se différencier pour susciter l’intérêt des jeunes, et de continuer à innover. Par exemple, en parallèle des évènements liés aux violences policières aux États-Unis, nous avons organisé un grand sondage auprès de 40 000 de nos utilisateurs américains pour connaître leur ressenti face au mouvement Black Lives Matter.

Nous avons aussi créé une Gay Pride en ligne à la fin du mois de juin, car l’évènement a été annulé dans beaucoup de pays. Nous avons invité des influenceurs issus de la communauté LGBT afin de permettre à nos membres de se sensibiliser aux questions d’identité de genre ou d’orientation sexuelle. Et surtout, nos membres ont pu profiter de l’ambiance festive de la Pride, malgré les mesures sanitaires encore en œuvre. 

Toutes ces périodes de confinement dans le monde ont d’ailleurs dû vous permettre de faire croître votre audience !

Nous avons comptabilisé 290 % de temps de live en plus, 300 % de streamers supplémentaires et 60 % d’utilisateurs quotidiens en plus pendant les différentes périodes de distanciation sociale. Cette tendance à la hausse a été visible sur l’ensemble des réseaux sociaux et montre que le modèle de la plateforme sociale répond à un réel besoin pour toutes les générations, et en particulier chez la génération Z. Nous sommes ravis si Yubo a rendu le confinement plus supportable pour beaucoup de jeunes esseulés chez eux, parfois inquiets pour leur santé ou celle de leurs proches. 

Vous avez récemment levé 11,2 millions d’euros. On peut dire que c’est un très beau tour de table. Quels sont vos prochains objectifs ?

Oui, nous avons levé 11,2 millions d’euros auprès de plusieurs fonds d’investissement, dont un de nos historiques qui nous a réitéré sa confiance. Nous avons réalisé un bon chiffre d’affaires que nous espérons le doubler en 2020 ! Nous avons une offre premium, payante, qui rassemble de plus en plus de membres, en plus des fonctionnalités gratuites. 

Cette rentrée d’argent est essentielle, car nous avons plusieurs objectifs de croissance. D’abord, en termes de développement international, nous avons un très fort développement en Amérique Latine que nous souhaitons accélérer. Nous voulons aussi étoffer nos équipes. Nous avons d’ailleurs recruté 10 nouveaux collaborateurs ces derniers mois. Et surtout, cette levée de fonds doit nous permettre d’être toujours extrêmement proactifs en matière de sécurité des utilisateurs…

Mais peut-on vraiment faire d’un réseau social une zone totalement sécurisée ?

Comme dans l’espace public, personne n’est à l’abri d’une mauvaise rencontre. Ce que nous voulons faire, c’est arriver au plus près du risque zéro. Et pour cela, nous n’avons pas le choix, il nous faut mettre les grands moyens. 

Nous avons par exemple un outil nous permettant d’envoyer systématiquement une pop’up d’avertissement à tout utilisateur qui serait susceptible d’envoyer des informations personnelles le concernant, comme un numéro de téléphone ou encore une localisation trop précise. Nous bloquons aussi systématiquement les membres n’ayant pas de photo d’identité pour éviter les faux profils.

En externe, nous avons tissé un partenariat avec Yoti, une start-up spécialisée dans la vérification d’identité. Il nous permet d’interdire l’accès à notre plateforme à tous les utilisateurs de moins de 13 ans avec une vérification systématique de la carte d’identité pour les cas douteux… Ce que ne font pas la plupart des plateformes.

Nous renforçons aussi notre réseau associatif avec des acteurs majeurs de la protection de l’enfance. Aux États-Unis, nous sommes par exemple partenaires du NCMEC, une ONG spécialisée chargée de rechercher les enfants perdus ou exploités dans le pays. Nous lui remontons tous les cas suspects et le NCMEC se charge de faire le lien avec les autorités américaines. En France, une ligne directe avec le réseau Net Écoute permettant aux jeunes victimes de harcèlement d’être écoutés anonymement par un professionnel, a été implémentée sur la plateforme. Un simple bouton sur l’application permet d’être mis en contact avec un membre de l’association.



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