Il faut dire que Londres a une bonne raison de craindre la mise en place de cette taxe sur les transactions financières (TTF). La ville abrite en effet le plus grand centre financier d'Europe, et un des plus importants au monde. La TTF doit s'appliquer onze pays de l'UE, dont la France et l'Allemagne, qui ont décidé de tirer partie de la souplesse désormais autorisée par le Conseil Européen : ce dernier avait statué que les pays qui le souhaitaient pouvaient aller de l'avant en précurseur. C'est cette décision que contestaient les autorités britanniques, qui avaient décidé de porter l'affaire devant la Cour de Justice — finalement, celle-ci a rejeté l'action du pays de sa gracieuse Majesté.
Pourtant, étant donné la liberté laissée aux États d'appliquer ou pas la TTF, le Royaume-Uni a toute latitude pour l'intégrer… ou pas. Londres a cependant estimé que l'application de la taxe dans d'autres pays européens était de nature à porter préjudice à la City. La Cour a elle statué que les contours de la TTF n'étant pas encore définis, il était prématuré de la rejeter; seul le principe de la coopération renforcée entre États est arrêté. Et pourtant, la détermination du gouvernement britannique est totale pour « défendre les intérêts des pays ne faisant pas partie de la zone euro ». La décision de la Cour confirme, toujours d'après Londres, que le Royaume-Uni « pourra remettre en cause la proposition finale de taxe » si celle-ci n'est pas conforme à l'intérêt national.