Journal de l'économie

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Un monde sans boussole





Le 9 Février 2022, par Nicolas Lerègle

L’élection présidentielle est une splendide occasion de perdre tous ses repères.


Un monde sans boussole
Comment parler de Zemmour un juif antisémite faisant l’apologie de l’extrême droite en général et du Maréchal Pétain en particulier ? Même Marine Le Pen a identifié des nazis dans son équipe et on peut lui faire confiance en la matière certains devant être des transfuges du Front National ! Si on l’approuve, on peut donner le sentiment de ne pas être philosémite, si on le condamne serait-on antisémite ?

On pourrait se retrancher derrière son anti-islamisme comme plus petit dénominateur commun, mais comme il n’est pas le seul à le professer d’autres choix sont possibles. Si on est le reflet de ses actions, Zemmour acoquiné à sa directrice de campagne laisse augurer peu de fidélité par rapport à ses engagements et promesses ! Il est parfois difficile de distinguer le candidat de l’homme !
 
Comment parler de Taubira qui se pose en rassembleuse intellectuelle de la gauche alors que sa carrière est jalonnée de moment où elle s’est ingéniée à la faire perdre, le summum étant 2002 où sa campagne – discrètement financée par le RPR d’alors - a permis l’élimination de Jospin ? Avant, elle avait contribué à la défaite de M.Rocard aux européennes en soutenant B.Tapie et il y a quelques années, comme garde des Sceaux de F. Hollande, elle avait quitté le ministère de la Justice au moment où attentats et menaces islamistes avaient suscité un débat sur la déchéance de nationalité.

Si on est le reflet de ses actions, Taubira serait plus proche d’un Néron déclamant des vers devant Rome brûlant. L’avantage de cette campagne sera de mettre en valeur son incompétence dans les domaines économiques, géopolitiques, financiers et nous faire croire que déclamer Césaire est un viatique suffisant pour briguer la présidence.
 
Comment parler de Jadot qui suscite plus d’attention pour une cravate portée (ou non) que pour un programme dont la consistance s’apparente à un mantra « écologie, écologie, écologie » répété ? Et, comme si cela ne suffisait pas en tartinant celui-ci d’un vernis de gauche, car, si on l’ignore, les énergies renouvelables, le tri des déchets, l’économie circulaire sont des notions uniquement de gauche.

Si on est le reflet de ses actions, avec Jadot nous aurons une France à la traine des pays ayant opté, après une polluante économie libérale, pour une écologie libérale qui dépolluera. C’est triste de se dire qu’un sujet aussi important que la défense de l’environnement, dans toutes ses composantes et perspectives, peut être à ce point capté par une aile politique qui à chaque fois qu’elle a été aux manettes locales a été incapable de se dépasser.
 
Comment parler de Mélenchon qui arbore, lui, la même cravate et aussi le même discours anti-riches depuis des lustres ? Il semble oublier que, pour qu’un pays soit riche, il faut des entrepreneurs et des créateurs de richesses motivés par celle-ci. Au lieu d’admirer Maduro qui ruine son pays, il devrait relire M.Weber dont la pensée est plus enrichissante.

Si on est le reflet de ses actions alors avec la France Insoumise on peut craindre le pire, car reproduire les modèles collectivistes et marxistes, même sans le dire, ne peut pas être une politique efficace.
 
Comment parler de Le Pen héritière cherchant sa voie ? Prise qu’elle est entre son père qui au fond de lui n’aimerait pas qu’elle obtienne ce qui lui a toujours échappé et une nièce aux aguets prêt à reprendre un triste flambeau. Son programme oscille entre inexistant et vieux remèdes, il est porté par une conception familiale de la politique où se mêlent sœurs et gendres, père, fille et nièce, conjoints et concubins.

On ne peut que s’interroger sur cette façon d’être en se demandant si celle que l’on souhaite pour son pays. Si on est le reflet de ses actions alors la France sous Le Pen aurait-elle vocation à devenir la patrie du népotisme ?
 
Comment parler de Pécresse à qui il appartient la lourde tâche de porter des valeurs de droite dont les propres membres de son parti affichent leurs tentations extrêmes ? Lui réserve-t-on, dans les couloirs de Vaugirard, le sort destiné aux femmes qui se sont crues l’égale des hommes et qu’il fallait mieux faire battre ? Cela peut expliquer les évolutions de son discours.

Discours qui pour le moment est assez creux se contentant de poser comme principe que l’actuel gouvernement, pourtant peuplé de ses anciens alliés, n’est pas bon. Si on est le reflet de ses actions, on peut penser que nous élirons notre Madame Thatcher à nous !
 
Comment parler d’Hidalgo qui ruine et saccage Paris et qui veut faire de même avec la France ? Elle est constante dans son obstination à vouloir courir les mandats ce qui lui éviterait d’être jugée sur l’actuel qu’elle avait pourtant promis d’honorer. Les sondages – pour ce qu’ils sont crédibles – montrent qu’elle arrive aussi à ruiner et saccager ce qui reste du Parti Socialiste mais, et c’est moins positif, qu’elle risque surtout en effet de terminer son mandat parisien. Pauvres parisiens !
 
Comment parler des autres, les Poutou, Dupont-Aignan, Lassale, Roussel, Asselineau, Thouy, Koenig ? Ils se verraient bien tout en haut de l’affiche et gravissent tels des Sisyphe les rochers des intentions de vote pour mieux retomber au pied de la montagne. Nulle commisération ou Schadenfreude à leur égard, ils sont dans leurs rôles et leurs convictions. Une mention particulière pour Gaspard Koenig qui apporte un vent de simplicité et de fraicheur intellectuelle dans cette élection, mais aussi de candeur, pensant encore qu’on élit un président sur la base d’un programme, alors que c’est la personnalité qui fait basculer les intentions de vote.
 
C’est d’ailleurs pour cela que Zemmour est le plus menaçant, plus encore que Mélenchon qui s’est apaisé, car il a parfaitement compris que la quête d’un homme providentiel fait partie de l’inconscient de tout électeur qui se respecte. Dans les moments de doute, de crise, de crainte, on attend d’être rassuré (Macron, par exemple, mais il n’est pas encore candidat) ou bousculé dans son regard sur une société qui ne répond plus à ses attentes. Cela a parfaitement été compris par un petit brun moustachu teuton dans les années 30… peut-être que Marine n’a pas eu tort.
 


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